Val-de-Marne : jusqu’à cinq ans de prison ferme pour un trafic de civelles


AFP le 10/04/2025 à 15:45

Une atteinte à la biodiversité qui peut conduire en prison : huit prévenus ont écopé vendredi de peines allant jusqu'à cinq ans de prison ferme pour avoir participé à un trafic de larves d'anguilles pêchées sur la façade atlantique à destination des marchés asiatiques.

Les deux hommes ayant comparu en détention provisoire devant le tribunal judiciaire de Créteil (Val-de-Marne) les 3 et 4 avril ont été condamnés respectivement à cinq ans ferme et à un an ferme aménageable en détention à domicile sous bracelet électronique.

Deux autres prévenus, contre lesquels le parquet avait requis les peines les plus lourdes – jusqu’à six ans de prison ferme – ont vu leur dossier disjoint. Sous mandat d’arrêt et absents à l’audience, le tribunal a estimé qu’ils n’avaient pas pu prendre connaissance de leur convocation.

Le réseau « tentaculaire » que formaient les prévenus, selon l’accusation, s’étendait de la façade atlantique française, où les civelles étaient pêchées, aux marchés asiatiques, dont les consommateurs sont friands de cette marchandise, en passant par le Sénégal.

Ce dossier est « extraordinaire, en raison des quantités saisies mais aussi du caractère extrêmement abouti des investigations », avait souligné la procureure dans ses réquisitions très détaillées où elle a comparé le trafic de ces larves avec celui de stupéfiants.

Au coeur de ce dossier, la saisie en février 2023 dans un entrepôt clandestin en France de plus de 300 kg de ces alevins de l’anguille d’Europe, espèce protégée depuis 2009 par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES).

Cela représente près du double de la marchandise saisie par la douane française en 2024 (154 kg).

« Il s’agit d’un des premiers dossiers où on a tout le cheminement », de la pêche à l’exportation vers l’Asie, avait souligné Me Josée Israël, avocate de deux comités des pêches parties civiles au dossier.

Le préjudice écologique, soit l’atteinte directe ou indirecte à l’environnement, est « d’importance », avait-t-elle ajouté, « c’est la plus grosse quantité que j’ai vue en dix ans ».

La contrebande de l’anguille européenne, protégée par une convention internationale depuis 2009, est l’une des causes de la chute en 30 ans de 75 % de sa population. En France, sa pêche est très réglementée et fait l’objet de quotas stricts.

La valeur des alevins découverts en France dans cette affaire est estimée par les enquêteurs entre 1,7 et 2,1 millions d’euros.

Une audience civile, visant à fixer le montant des dommages et intérêts, a été programmée au 18 septembre.