Comment et à quelle hauteur l'Ukraine parvient à exporter malgré le conflit
TNC le 25/04/2022 à 06:Apr
Pour UkrAgroConsult, cabinet d’analyse des marchés de la mer Noire, l’Ukraine aura exporté 80 % de son potentiel en blé à la fin de la campagne de commercialisation 2021/22. Le chiffre atteint 96 % pour l’orge, et seulement 55 % pour le maïs et 51 % pour l’huile de tournesol.
Quels seront les capacités d’export de l’Ukraine d’ici à la fin de la campagne de commercialisation 2021/22 ? Par la voix de son dirigeant Sergei Feofilov, le cabinet d’analyse UkrAgroConsult a proposé ses estimations lors d’un webinaire organisé début avril.
Après des exports particulièrement soutenus en janvier et février par rapport à 2021, les expéditions depuis la mer Noire et la mer d’Azov ont chuté dès les premiers jours de la guerre en Ukraine avec le blocage des ports.
Entre juillet 2021 et le début des attaques russes, fin février, l’Ukraine avait exporté quasi toute son orge exportable (5,62 Mt sur 5,85 Mt) et 18,2 Mt de son blé sur un potentiel de 23,5 Mt. Pour le maïs, 17,27 Mt ont pu être exportés sur 35 Mt en cinq mois de commercialisation.
Côté oléagineux, le 1er exportateur mondial d’huile de tournesol n’avait pu en expédier que 2,94 Mt sur 7 Mt fin février.
« Le commerce demeure faible »
Le commerce intérieur a repris à partir du 10 mars mais « demeure faible car les infrastructures d’export sont inopérantes et les routes d’acheminement du grain sont limitées », note Sergei Feofilov.
Les volumes enregistrés à l’export ont été restreints en mars pour les grains comme pour l’huile de tournesol. L’analyste estime même qu’ils sont pour la plupart encore bloqués dans des navires ou dans les entrepôts des zones portuaires.
Entre début avril et la fin de la campagne de commercialisation, le cabinet estime que seuls 300 000 tonnes de blé pourront être exportées, 15 000 tonnes d’orge, 1 Mt de maïs et 553 000 tonnes d’huile de tournesol.
Trouver des voies alternatives pour exporter
Pour cela, la logistique sera centrale. Alors que le pays expédie d’ordinaire 96 % de ses grains et 86 % de ses huiles par la mer, les exportateurs sont contraints de trouver des voies alternatives.
Deux ports ukrainiens fonctionnent actuellement pour l’export : Izmail et Reni, situés sur le Danube. « Mais leur capacité est insignifiante. Même si elle est augmentée, cela reste incomparable à Mykolaiv, Mariupol et Big Odessa ».
La plupart des expéditions a donc lieu par voie ferroviaire vers les frontières roumaines, polonaises, slovènes et hongroises, à raison d’environ 15 000 tonnes de grain par jour.
Les petits et moyens exportateurs sont les plus prometteurs
Là, « ce sont surtout les petits et moyens exportateurs qui tirent leur épingle du jeu, note Sergei Feofilov. Ils sont capables de switcher rapidement leurs volumes à destination des ports vers d’autres destinations, par camion ou train, et sont actuellement les partenaires les plus dynamiques et prometteurs sur le marché ».
L’Ukraine envisage aussi d’exporter ses produits agricoles via les ports de Gdansk (Pologne), de Constanta (Roumanie) et depuis les pays baltes.
Malgré ces efforts, resteront des stocks domestiques sans précédent en fin de campagne : 4,69 Mt de blé, 210 000 tonnes d’orge, 15,65 Mt de maïs et 3,4 Mt d’huile de tournesol, selon UkrAgroConsult.
Exports, semis, logistique, etc. : retrouvez (en anglais) le webinaire organisé le 6 avril par UkrAgroConsult en cliquant sur la vidéo
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