Il faut réduire l'« emprise » de la Russie et « accroître nos productions »
AFP le 15/03/2022 à 13:Mar
L'Europe doit accroître sa production agricole et reconquérir les marchés égyptiens, marocains et libanais, sur lesquels la Russie a accentué son « emprise » via ses exportations de blé, a plaidé mardi le ministre français de l'agriculture.
« Vous avez une stratégie d’influence menée par la Russie depuis plus de vingt ans pour mettre plus d’emprise sur ces pays – le Liban, l’Égypte, le Maroc – vis-à-vis du blé », a déclaré Julien Denormandie sur la radio France Inter. « Il faut absolument que l’Europe se remette dans une démarche de se repositionner sur ces pays-là. Ça veut dire accroître nos productions (…) et regagner ces relations avec ces pays sur un sujet fondamental qui est le sujet alimentaire », a-t-il poursuivi.
.@J_Denormandie : « L’Ukraine et la Russie font partie des terres les plus fertiles, ils exportent plus de blé que l’Europe. Des pays comme l’Egypte, le Maroc ou le Liban en sont totalement dépendants », alerte le ministre français de l’Agriculture et de l’Alimentation #le79Interpic.twitter.com/obPWmaHZap
— France Inter (@franceinter) March 15, 2022
« Il faut que l’Europe assume sa mission nourricière. Il ne faut pas laisser cette guerre du blé ou cette géopolitique du blé, cette stratégie d’influence du blé dans les mains des Russes vis-à-vis de nos partenaires alliés », a-t-il insisté.
Depuis des années, les céréaliers français et européens tentent de maintenir leur place en Méditerranée face à la Russie, devenue en 2019 le premier exportateur mondial de blé. Quelque 45 % du blé importé par l’Égypte en 2021 venait de Russie, comme environ 13 % pour le Liban (beaucoup plus dépendant du blé ukrainien qui ne sort plus du pays en raison de la guerre) et moins de 5 % pour le Maroc, selon un schéma publié vendredi par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
À l’échelle européenne, le ministre français est favorable à la mise en culture « pendant une période donnée » de terres laissées en jachère au nom de la préservation des sols et de la biodiversité, afin de produire davantage de protéines végétales (soja, pois, féveroles…). « On maintient notre ambition environnementale (…) il faut adjoindre une ambition de production », a-t-il défendu.
« Inévitablement, il y aura une augmentation des prix » de l’alimentation, « il faut être lucide », a par ailleurs déclaré Julien Denormandie, « incroyablement inquiet » en raison du « risque de famine que nous avons à l’international ».
En raison du blocage de productions agricoles en Ukraine et en Russie, et de la flambée des prix, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a estimé lundi que la guerre russe en Ukraine portait les germes d’« un ouragan de famines » dans de nombreux pays.
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