Les exportations de blé et de maïs revues en forte baisse
AFP le 10/03/2022 à 10:Mar
Les exportations de blé et de maïs ukrainiens devraient être nettement inférieures à ce qui était prévu avant le début de l'attaque russe sur le pays, a indiqué mercredi le ministère américain de l'agriculture (USDA) dans un rapport mensuel, prévenant que le chiffre pourrait être encore révisé.
L’USDA table désormais sur 20 millions de tonnes de blé envoyées par l’Ukraine vers l’étranger sur la campagne 2021/22, soit 17 % ou 4 millions de tonnes de moins que ce qui était attendu jusqu’ici, « car le conflit dans ce pays devrait perturber les exportations depuis la mer Noire ».
Le ministère américain de l’agriculture prévoit également, dans son rapport Wasde, une diminution de plus de 8 % des exportations russes, « car le transport maritime devrait être gêné par le conflit et l’application de sanctions économiques ». Russie et Ukraine sont respectivement premier et quatrième exportateurs mondiaux de blé.
Une diminution à relativiser ?
Pour l’USDA, cette baisse devrait être compensée par un relèvement des exportations de blé australiennes et indiennes, la contraction des volumes échangés au niveau mondial n’atteignant que 1,7 % sur la campagne en cours.
« Les volumes de production changent peu », a relevé Gautier Le Molgat, analyste chez Agritel (Argus Média France). « Il est intéressant de noter que l’Inde est plus sollicitée (…) et que le rapport a jugé trop précoce de modifier les prévisions d’exportations américaines et européennes ».
Autre phénomène de nature à relativiser la réduction des exportations ukrainiennes et russes, le ralentissement des importations, lié à une « moindre disponibilité des exports venus de mer Noire et des prix plus élevés », selon le ministère américain. L’USDA mentionne notamment de grands clients de l’Ukraine et de la Russie comme la Turquie, l’Égypte ou l’Algérie.
Les cours du blé ont récemment battu des records en Europe et aux États-Unis.
L’impact de la guerre sous-estimé selon US Commodities
Quant au maïs, les exportations ukrainiennes devraient être amputées de 18 % ou 6 millions de tonnes. En revanche, le rapport n’a pas modifié l’estimation pour la Russie. « Avec une production mondiale inchangée et des exportations en recul, on intègre que personne ne compense l’arrêt des exportations ukrainiennes », a observé Gautier Le Molgat, même si l’USDA a revu les volumes américains en hausse de 3 %.
L’USDA n’a pas revu à la baisse les estimations d’exportation de maïs brésilien et argentin, malgré la sécheresse qui a frappé la plupart des grandes régions de production dans ces pays qui sont respectivement deuxième et troisième exportateurs mondiaux.
Pour Dax Wedemeyer, d’US Commodities, l’USDA a vraisemblablement sous-estimé, dans le rapport publié mercredi, l’impact de la guerre en Ukraine sur le blé et le maïs. « Ils feront probablement quelques révisions de plus à la baisse dans les mois à venir. »