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Dossier : Election des chambres d’agricultures : Quelle gouvernance ?

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Elections chambres : 2025 vs 2019, des différences majeures à prévoir ?


TNC le 27/01/2025 à 05:Jan

©Getty Images

Il serait bien évidemment très hasardeux de se projeter sur les résultats du vote en cours pour les élections professionnelles agricoles. Si les syndicats minoritaires s’avèrent confiants dans la possibilité de « prendre des chambres » au duo FNSEA-JA, en quoi le contexte est-il différent de 2019 ?

Le contexte de crise agricole et les mobilisations qui se sont déployées sur tout le territoire depuis l’automne 2023 ont mis en lumière les difficultés du monde agricole, mais également les syndicats qui ont ainsi pu commencer à faire campagne, sans forcément le dire, sur le terrain.

Pour les syndicats minoritaires, ce « ras-le-bol » généralisé est un atout dans la conquête de nouvelles chambres d’agriculture face à la FNSEA et JA qui dirigent aujourd’hui 97 chambres sur 101. La Coordination rurale en détient trois et la Confédération paysanne, une.

Retrouvez ci-dessous les résultats des élections professionnelles agricoles en 2019 :

Si la Coordination rurale, qui a bénéficié d’une visibilité médiatique accrue lors des manifestations, espère bien augmenter son score, c’est aussi le cas de la Confédération paysanne qui met en avant un nombre d’adhérents en forte progression depuis deux ans, et un programme radicalement différent de celui de ses concurrents.

Pour autant, la FNSEA n’envisage pas officiellement la possibilité de perdre du terrain et pense déjà à l’après, avec la proposition d’un Varenne des normes et du contrôle.

Un scrutin à l’avantage du syndicalisme majoritaire

Rappelons que les règles d’attribution des sièges, encore en vigueur pour ce scrutin, favorisent largement la liste majoritaire, puisque cette dernière obtient 9 sièges sur 18, l’autre moitié étant répartie à la proportionnelle entre toutes. Le sujet d’une proportionnelle totale, demandée notamment par la Conf’, a été écarté par les responsables politiques.

Cet état de fait défavorise encore plus le Modef, syndicat principalement implanté dans le Sud et le Sud-Ouest, et non représentatif. C’est d’ailleurs le seul syndicat agricole à ne pas avoir été reçu par le nouveau premier ministre, François Bayrou, qui a annulé en dernière minute la rencontre initialement prévue. Le syndicat n’a pas non plus été invité au débat organisé par LCP, Ouest-France et le Groupe Ebra.

Une participation en progression ?

Le contexte plus explosif pourrait, en tout cas, favoriser un regain de participation. C’est en tout cas ce que veut croire le président des chambres d’agriculture, tout en admettant qu’il reste « très difficile de faire des estimations ».

Du côté des lecteurs de Terre-net, la participation pourrait en tout cas être plus élevée qu’en 2019, selon un sondage (non représentatif) réalisé en décembre dernier. En 2019, le taux de participation était descendu à 46,52 %, le taux le plus faible jamais enregistré.

Les responsables syndicaux incitent en tout cas à participer largement. Pour une partie des agriculteurs que nous avons interrogée, voter est en effet « un droit et un devoir ». « S’abstenir, c’est subir », rappelle l’un d’entre eux.

Pour d’autres, les mobilisations sont « le signe que la profession veut du changement », et le contexte pourrait donc être plus favorable à une percée des minoritaires. « Peut-être la fin du monopole de la FNSEA », espère l’un d’eux. Pour un autre, plus mesuré, « a priori on a une impression de vibrations, mais il faut rêver » car la FNSEA reste très fortement implantée dans tout le paysage agricole français, coopératives, banques, ajoute-t-il.

Cependant, la situation actuelle ne convaincra pas certains sceptiques ou déçus du capitalisme de voter. « C’est toujours les mêmes, ils se battent pour la place, mais n’évoquent pas les gros problèmes, surtout au sujet des revenus scandaleusement bas pour des paysans qui travaillent plus de 60 heures/semaines et sans vacances ni week-end », se désole un agriculteur. Pour d’autres qui ne votent jamais, les mobilisations n’ont, au contraire pas donné une belle image du monde agricole, et ne risquent pas de les inciter à soutenir un syndicat cette fois-ci.

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