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Sommaire du dossierDossier : Election des chambres d’agricultures : Quelle gouvernance ?
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Même sans majorité, la FNSEA se maintient dans 80 % des chambres d'agriculture
AFP le 06/03/2025 à 13:Mar
Après le vote, les tractations : les premiers résultats des élections professionnelles agricoles avaient ébranlé l'hégémonie de la FNSEA alliée aux Jeunes agriculteurs, le tandem est parvenu à conserver la tête de chambres où il a pourtant perdu le vote paysan.
Un « déni de démocratie » selon ses adversaires de la Coordination rurale (CR) qui ont effectué une percée historique, à l’issue d’un processus « nauséabond », dénonce la Confédération paysanne, troisième syndicat agricole.
En janvier, quelque 2,2 millions de personnes du monde agricole (chefs d’exploitations, salariés, propriétaires fonciers…) ont été appelées aux urnes pour élire leurs représentants dans 90 chambres d’agriculture départementales ou interdépartementales.
A l’échelle nationale, les cartes ont été rebattues : l’alliance FNSEA-JA est passée pour la première fois en dessous des 50 % parmi les agriculteurs, la Coordination rurale a emporté près de 30 % des suffrages tandis que la Confédération paysanne a obtenu un peu moins de 21 %, selon les premiers résultats agrégés par l’AFP début février. Les chiffres officiels doivent encore être publiés par le ministère de l’agriculture.
Les nouveaux élus ont jusqu’à vendredi pour constituer leur bureau exécutif et élire leur président. Les 11 chambres régionales et l’entité nationale seront constituées dans les prochaines semaines.
Par des jeux d’alliance et même sans majorité parmi les agriculteurs, FNSEA et JA devraient garder le contrôle de plus de 80 % des chambres, contre la quasi-totalité auparavant.
« Redoutable »
« C’est faire fi du choix des agriculteurs du terrain. Ils ont fait l’effort d’aller voter pour dire « stop » et on leur dit « encore » », déplore la présidente de la CR Véronique Le Floc’h auprès de l’AFP.
Le syndicat, arrivé en tête dans 14 départements avec une ligne dégagiste, a transformé l’essai dans neuf chambres en obtenant la présidence.
En revanche, en Gironde, en Lozère, en Charente-Maritime et dans le Loir-et-Cher, « la présidence a été volée à la CR » par l’alliance FNSEA-JA, affirme Véronique Le Floc’h, qui redoute un scénario similaire en Indre-et-Loire, où le président de chambre doit être élu jeudi.
« Par tous les moyens ils ont essayé de se raccrocher aux branches pour rafler des chambres à la CR et à la Confédération paysanne », renchérit Laurence Marandola, porte-parole nationale du troisième syndicat qui défend une « réelle transition agroécologique ».
La Confédération paysanne, arrivée en tête en Ardèche, en Guyane et en Corse, y a obtenu les présidences. « Ça a été redoutable jusqu’au dernier moment en Ardèche, on a gagné d’une voix, à 18 contre 17 », explique Laurence Marandola, dénonçant des « pressions » de la FNSEA sur les autres élus. Sollicitée, la FNSEA renvoie vers ses sections départementales (FDSEA) en attendant l’installation de toutes les chambres.
Alliances traditionnelles
La gouvernance des chambres d’agriculture est complexe. Les agriculteurs en activité généralement affiliés aux différents syndicats y occupent 18 des 33 sièges. Le reste est réparti entre les propriétaires de terres agricoles, les salariés du monde agricole, les agriculteurs retraités mais aussi les coopératives, les caisses de crédit agricole, la mutualité sociale agricole (MSA).
Le mode de scrutin pour les agriculteurs donne une prime au gagnant, ce qui permet normalement au syndicat arrivé en tête d’avoir la majorité pour faire élire son bureau exécutif et son président de chambre. Ce système a jusqu’ici permis d’asseoir l’hégémonie de l’alliance FNSEA-JA.
En plus d’arriver en tête dans la plupart des départements, elle compte historiquement de nombreux alliés parmi les collèges de propriétaires et de retraités mais aussi dans les coopératives et les caisses de crédit.
Ce sont ces alliances traditionnelles qui lui ont permis de garder la présidence des chambres d’agriculture de la Lozère, du Loir-et-Cher et de la Gironde, alors que la Coordination rurale était arrivée en tête dans ces départements.
En Gironde, Serge Bergeon, secrétaire général de la FDSEA33, se défend : « une chambre d’agriculture, ce n’est pas que le collège des exploitants (…). Pour emporter la présidence, il faut une majorité de 19 voix. La CR n’en a eu que 12 (…). Ce n’est donc pas un déni de démocratie ».
En Charente-Maritime, la CR est aussi arrivée première mais la chambre d’agriculture regroupe le département avec son voisin des Deux-Sèvres, acquis à la FNSEA. Le président élu et son bureau sont tous issus du syndicat historique ou des JA.