9 actifs avec 115 vaches et 117 ha, tout en étant neutre en carbone
TNC le 11/07/2022 à 10:10
Associée à un lycée agricole, l'exploitation parvient à rémunérer 9 salariés. Pour rémunérer toutes les heures travaillées, elle a adapté son système afin de présenter les niveaux de charges les plus bas possibles grâce au pâturage, et valorise autant que possible le lait issu de la ferme via la transformation fromagère en AOP coeur de Neufchâtel. Converti au bio depuis 2017, la Ferme de Merval cherche également à restreindre son impact environnemental en atteignant la neutralité carbone.
Associée au Lycée agricole du Pays de Bray, la Ferme de Merval dans le Pays de Bray (76) fait vivre 10 actifs. 1 directeur rattaché au lycée agricole, rémunéré par l’État, et 9 salariés dont la rémunération est exclusivement issue de l’exploitation agricole. Avec 115 Normandes, 108 ha de SFP et 12 ha de vergers, elle a fait le choix de l’autonomie, en transformant une bonne partie de sa production en cidre et fromages : « Comme l’exploitation fonctionne uniquement avec des salariés, on doit rémunérer entre 350 000 et 380 000 € de main d’œuvre par an. Cela oblige à trouver un modèle d’agriculture rentable, tout en restant capable d’investir, car ici, pas moyen de faire varier les prélèvements selon la conjoncture ». 2,5 UTH sont ainsi affectés à la surveillance du troupeau laitier, 4,5 à la transformation fromagère, qui valorise 83 % du lait produit sur l’exploitation, et 2 UTH pour les activités cidricoles.
Des vaches moins productives pour de meilleures performances économiques
Pour Bertrand Cailly, « le fonctionnement salarié impose d’être efficient et de sécuriser les revenus. » L’organisation de l’exploitation a donc été pensée en fonction du collectif de travail. Avec 25 ha de pâture et un affouragement essentiellement basé sur le maïs, l’exploitation peinait à être rentable. En 2017, la Ferme de Merval a donc entamé sa conversion en bio, avec la mise en place d’un système pâturant : « la structure de la ferme s’y prêtait bien ».
Depuis, les Normandes passent en moyenne 270 jours et nuits par an en pâturage intégral (sans concentré ni fourrage complémentaire), et bénéficient au total de 300 jours d’accès aux prairies. Les achats réalisés à l’échelle de l’atelier laitier se résument à 1,5 t de minéraux, 1,5 t de soja bio, de la paille ainsi que 8 ha d’herbe sur pied, fauchée à 20 km de la ferme. Si l’exploitation dépensait entre 80 et 90 € les 1 000 litres en concentrés auparavant, cette somme équivaut maintenant à l’intégralité de leurs charges opérationnelles. Pour Bertrand Cailly, l’essentiel « c’est d’essayer de proposer la ration la moins déséquilibrée possible, en gardant toujours en tête le volet économique ».
On veut créer de la valeur, mais surtout la garder !
Avec la modification du système de production, le rendement fromager a légèrement diminué, passant de 1,4 l de lait pour fabriquer un fromage de 200 g, à 1,5. Le nombre de vaches a également été revu à la hausse pour satisfaire les besoins de la transformation fromagère, passant de 75 à 115 laitières, avec une production avoisinant les 4 500 l par vache. Mais pour le chef d’exploitation, « nous sommes gagnant au change. Nous avons gagné en qualité gustative, et c’est beaucoup plus facile d’aller négocier des hausses sur les prix de vente avec des fromages bio en tout herbe. »
« Le pari, c’est d’avoir un système autonome et économe, avec des prix de commercialisation fixés au coût de production. » Pour ce faire, l’exploitation a fixé un prix de cession interne du lait entre l’exploitation et la fromagerie à 550 € les 1 000 l.
Avoir l’impact le plus faible possible sur l’environnement
L’exploitation cherche également à être « le plus indolore possible pour l’environnement ». Si le cheptel de laitières a augmenté d’une trentaine de têtes, le nombre d’UGB sur l’exploitation est resté constant. L’éleveur a notamment travaillé sur la question du renouvellement, passé de 50 à 22 % et a mis en place le vêlage 28 mois : une manière également de contenir les émissions de carbone.
La Ferme de Merval a notamment réalisé un diagnostic CAP’2ER. Grâce au pâturage, elle parvient à capter autant de carbone que ce qu’elle émet. Cela s’explique notamment par la pratique du pâturage, des prairies comme des vergers hautes et basses tiges, mais également par la mise en place d’une parcelle d’agroforesterie alliant arbres mellifères et pommiers. « Le fait d’être en tout herbe et de planter régulièrement des haies, de s’investir dans l’agroforesterie, l’entretien des vergers aide à cette neutralité carbone. Cela permet également de transmettre un bel outil de travail aux générations futures, c’est un investissement qui se raisonne sur le long terme ».
Les ateliers sont pensés pour se compléter les uns les autres. Les vergers sont pâturés par les bovins, le lactosérum issu de la transformation fromagère est utilisé en solution de biocontrôle sur les vergers. Le bois plaquette issu de la taille des haies et des fruitiers est utilisé pour la litière des animaux.