« De la visibilité pour s’installer » en lait
TNC le 14/10/2021 à 13:49
L’Association des producteurs Bel de l’Ouest (APBO) propose deux dispositifs sécurisant pour l'installation en élevage bovin laitier : un accord annuel sur le prix du lait et le cahier des charges Mon BB Lait, qui permet de produire avec une plus forte valeur ajoutée en lien avec les attentes sociétales. Témoignages de plusieurs jeunes éleveurs.
« Les primes pour nourrir les vaches sans OGM et les faire pâturer, un avantage certain pour notre installation ! », mettent en avant à propos de Mon Bébé Lait Guillaume et Thomas Cochard, 35 et 38 ans respectivement, installés depuis mars 2021 sur l’exploitation familiale de 55 VL à Lavaré dans la Sarthe. Ce cahier des charges, mis en place par l’Association des producteurs Bel de l’Ouest (APBO), fixe des conditions de production pour fournir aux fromageries de la marque un lait répondant aux attentes sociétales : alimentation locale et sans OGM du troupeau, accès aux pâtures au moins 150 jours/an et démarche bas carbone.
Une feuille de route pour le travail quotidien des éleveurs.
« Grâce à ce mouvement collectif, tous les éleveurs avancent dans la même direction pour respecter les exigences des consommateurs », insistent Élodie Jahan et Fabien Robert, tous deux âgés de 32 ans et qui ont repris la ferme de la famille Jahan le 1er mai 2020, à Perche-en-Nocé dans l’Orne. C’est « un cadre précieux », ajoute Maud Coignard, qui a pris la suite de sa mère et son père le 1er octobre 2018 à Cosse-en-Champagne (Mayenne). Et « une feuille de route pour le travail quotidien des éleveurs », complète l’ABPO. Selon l’organisation de producteurs, « les adhérents produisent ainsi un lait à plus forte valeur ajoutée que les fromageries Bel rémunèrent à un prix plus juste. »
« 150 000 l attribués à l’installation »
Se lancer avec un plan d’investissement sur plusieurs années.
Concernant leprix du lait justement, il est négocié en partenariat avec les fromageries Bel via un accord annuel, pour 12 mois donc. Sans cela, Maud ne sait pas si elle aurait oser s’engager dans un projet d’installation en élevage. La visibilité sur le prix du lait à un an lui a permis d’établir un plan d’investissement sur plusieurs années. « Pour une jeune installée, c’est rassurant ! », lance la docteure en épidémiologie animale de 34 ans, travaillant auparavant au GDS (Groupement de défense sanitaire). « L’APBO joue un rôle décisif dans les négociations commerciales avec les fromageries Bel, avec lesquelles l’équipe dirigeante est en contact permanent. Cela permet de maintenir le dialogue avec la laiterie », appuient Élodie Jahan et Fabien Robert du Gaec des Prés Hauts.
Quant à Matthieu Riauté, associé avec ses parents au sein de l’EARL des Courbetons à Parcé-sur-Sarthe dans le département éponyme, il a réussi à obtenir un financement bancaire pour moderniser l’installation de traite avec l’achat, entre autres, de robots. Il a également pu améliorer le logement des animaux et réaliser la mise en aux normes. En conséquence, le jeune homme de 22 ans a augmenté son cheptel de 10 laitières pour produire les 150 000 l de lait attribués par l’APBO à chaque jeune éleveur qui s’installe. « Quand on dit que l’on est à l’APBO, ça aide vraiment auprès des banques, parce que le prix du lait est garanti », résume-t-il.
Un prix du lait garanti, ça aide auprès des banques !
« Redonner sens et attractivité au métier »
« Le cahier des charges et la garantie sur le prix du lait contribuent à redonner de la fierté, du sens et de l’attractivité au métier éleveur, éléments indispensables au renouvellement des générations », estime l’APBO. « Le sujet de la rémunération de nos agriculteurs est un sujet capital parce que la moitié d’entre eux partira à la retraite dans les 10 ans qui viennent et que la relève a besoin d’un signal clair ! Comment s’endetter, même avec passion, sans perspective de revenus ? », a d’ailleurs martelé Julien Denormandie, ministre de l’agriculture, au Sénat le 22 septembre 2021.
Comment s’endetter, même avec passion, sans revenu ? (Julien Denormandie)
Depuis cinq ans, 205 jeunes agriculteurs se sont installés au sein des 800 fermes adhérentes de l’association qui représentent la totalité des éleveurs en contrat avec les Fromageries Bel Production France. Le résultat « de cinq années de travail des adhérents qui se sont organisés entre eux, structurés, en s’entourant d’experts et de partenaires ». Cette organisation de producteurs, reconnue par l’État depuis 2012, dispose d’une zone de collecte répartie sur six départements : l’Orne, l’Eure-et-Loir, le Loir-et-Cher, le Maine-et-Loire, la Sarthe et la Mayenne.
Nicolas, jeune éleveur en Mayenne depuis le 1er janvier 2018, témoigne aussi sur Facebook :
Comme Julien, qui s’est installé pile un an plus tard à Juigné-sur-Sarthe :
Ou encore Céline, qui élève des vaches laitières dans la Sarthe depuis septembre 2017 :