« En cas d’aléas climatiques, avoir des cultures variées et à double usage »
TNC le 17/01/2020 à 06:07
Erwan Henry, éleveur laitier bio à Louargat dans les Côtes d'Armor (22) a mis en place un système fourrager autonome et résilient. Pour faire face aux aléas climatiques éventuels, il a fait le choix de cultures variées et à double usage comme le maïs qu'il décide d'ensiler ou non selon la quantité et la qualité de ses stocks fourragers.
En élevage laitier, l’autonomie alimentaire est gage d’efficacité économique. En bio, peut-être encore plus. Construire un système fourrager autonome et résilient s’avère également bénéfique face au réchauffement climatique. C’est une démarche qu’a entamée Erwan Henry, installé avec son épouse à Louargat dans les Côtes d’Armor (22).
« Quand, comme en 2018 et 2019, la production de fourrage est compliquée, c’est encore plus tendu en bio, reconnaît l’éleveur laitier. Nous avons donc tout intérêt à arriver à nourrir nos animaux avec les ressources de l’exploitation ». Pour amoindrir les tensions, surtout quand les aléas climatiques compliquent la partie, il faut valoriser au mieux l’herbe.
Retrouvez aussi le témoignage de Françoise Faucheux, productrice de lait bio à Campénéac (56). En valorisant au mieux le pâturage, l’agricultrice arrive à dégager un EBE de 309 €/1 000 litres.
Et celui de Joseph Lalloué sur l’affouragement en vert : « Au pré ou à l’auge, de l’herbe fraîche dix mois sur douze »
Chez Erwan et Marie Henry, il y a 50 ha d’herbe, 3 ha de méteil, 9 ha de céréales d’hiver, autant de céréales de printemps et 9 ha de maïs pour nourrir 60 vaches et leur renouvellement. « Ça nous permet une autonomie alimentaire totale avec une production de 6 200 litres vendus par vache », assure l’éleveur.
Ses vaches pâturent toute l’année, des prairies temporaires, d’autres permanentes, du colza fourrager. En hiver, le chargement est allégé et l’éleveur débraie, à tour de rôle, les parcelles pour deux mois de repos.
Avoir des cultures à double usage
Même dans son système très herbager, Erwan Henry a choisi de garder du maïs, pour son rôle tampon dans la gestion des stocks. « Nous décidons de ce qu’on fera du maïs, ensilage ou grain, début octobre quand toute l’herbe est rentrée, selon la quantité et la qualité de nos stocks fourragers », partage l’éleveur.
De même avec des céréales, normalement destinées à la vente mais qui pourront être ensilées si le printemps n’a pas permis de faire suffisamment de stocks fourragers. « L’ensilage d’herbe et l’enrubannage de ray grass hybride/trèfle violet servent de base à la ration hivernale, complétée par du méteil et du maïs épi, qui apporte de l’énergie pour valoriser l’azote de l’herbe », relate Erwan Henry.
Retrouvez aussi les stratégies de deux éleveurs bio, Frédéric Lenglet et Gildas Gedouin, face à la sécheresse ainsi que les conseils de Valentin Le Marquand, conseiller formateur pour Pâturesens.
Rotations longues et variées
Dans ses rotations, Erwan Henry n’oublie pas les différentes légumineuses. « Avec des cultures variées, une peut prendre le relais de l’autre en cas d’aléas climatiques, apprécie-t-il. L’an dernier, on manquait d’herbe, on a ensilé 6 ha de maïs de plus que d’habitude et à l’automne on a implanté 3,5 ha de méteil au lieu de 1,5 pour reconstituer des stocks avant l’été ».
Arriver à l’autonomie alimentaire demande aussi de limiter les animaux improductifs en ajustant le renouvellement. « Avant on gardait de 22 à 25 génisses. Pour avoir moins d’animaux à nourrir, maintenant on se limite à 12 et nous visons un vêlage à 24 mois », souligne Erwan Henry. Autant de mesures qui s’avèrent bénéfiques pour l’économie de l’exploitation comme pour limiter son impact environnemental.