« Grâce à notre prépa vêlage, nous atteignons les 40 l de lait en début de lactation »
TNC le 14/03/2025 à 05:12
Pour atteindre le pic de lactation sans encombre, les éleveurs de la ferme Degraeve ont peaufiné leur préparation au vêlage. Au menu, une minéralisation aux petits oignons, et de la paille broyée pour maintenir le niveau d’ingestion des taries.
Sur la Ferme Degraeve, dans le Nord, la préparation des vaches taries n’a rien à envier à celle des grands sportifs. Rationnement, abreuvement, logement… Tout est pensé pour préparer au mieux cette course de fond que constitue la nouvelle lactation.
Cette préparation millimétrée est le fruit de quelques années de tâtonnement. « Il y a eu plusieurs déclics », confie Céline Degraeve, fraîchement revenue sur la ferme familiale. « Nous avions beaucoup de cas de fièvres de lait en début de lactation, des vaches qui se décalcifiaient beaucoup… Des problèmes de non-délivrance. » Malgré un niveau d’étable honorable à 10 000 kg, les montées en lait s’avéraient parfois chaotiques.
Une BACA maîtrisée
Les premiers soupçons se sont tournés vers le minéral. « On s’est rendu compte que nous étions en BACA négative dès le début du tarissement (balance anions/cations) à cause du chlorure d’ammonium », lance la jeune éleveuse. « On acidifiait le pH sanguin au début de la préparation vêlage, si bien que les vaches décalcifiaient beaucoup pendant le tarissement, puis elles tombaient en début de lactation. » S’il est possible de miser sur une BACA négative durant la préparation vêlage afin de stimuler les mécanismes de mobilisation du calcium osseux, attention à ne pas le faire trop tôt et à l’associer à des apports suffisants de calcium. Compter alors 140 g/j, de sorte à éviter une décalcification trop précoce et excessive. « Nous mettions un bolus de calcium au vêlage, mais il arrivait trop tard », résume Céline.
Les éleveurs misent maintenant sur un minéral simple, avec une BACA très légèrement négative, uniquement les trois dernières semaines de préparation vêlage . « L’ajout de chlorure de magnésium vient corriger la BACA » explique Céline.
De la paille broyée dans la ration
La préparation vêlage ne se limite pas au minéral. C’est toute la ration qui a été repensée pour coller aux besoins des vaches en fin de gestation. « Nous nous sommes interrogés sur les différents moyens de faire manger de la paille ». Car faire manger de la paille aux taries, c’est un petit peu comme convaincre un enfant de manger des épinards alors qu’il a un cornet de frites en face de lui. « On peut toujours mettre de la paille à volonté, elles n’en ont pas forcément envie. »

Et pourtant, la paille permet aux vaches en fin de gestation de maintenir leur capacité d’ingestion, sans « graisser ». Pour résoudre le problème, les éleveurs misent sur de la paille broyée. « Il ne s’agit pas seulement de la passer dans la mélangeuse », avertit Vincent, le père de l’agricultrice. « Nous faisons appel à un prestataire pour le broyage, ce qui permet de vraiment défibrer la paille et de la rendre plus appétente pour les vaches ».
La technique porte ses fruits. Mélangée à la ration à l’aide d’une mélangeuse, la paille défibrée ne peut pas être triée par les vaches. Les vaches ingèrent ainsi entre 5 et 6 kg de paille broyée en début de tarissement, et 3 kg sur les dernières semaines. « On voit clairement la différence », poursuit Céline. « S’il reste quelque chose à l’auge, ce sont les quelques petits nœuds des brins de paille qui n’ont pas été bien déchiquetés. Pour le reste, tout est mangé. »
45 jours de tarissement en deux lots

Les vaches prêtes à vêler sont divisées en deux lots. Pendant la première moitié du tarissement, l’objectif est de préserver la capacité d’ingestion de la vache avec un aliment riche en paille. La seconde partie vise à faire la transition avec la lactation. Le veau prend alors de plus en plus de place dans le ventre de la vache. Il convient donc d’intensifier la ration, et de réhabituer taries à la ration des vaches en lactation. « Pour que ça soit facile à mettre en place, on distribue une même base de ration aux deux lots de taries, et l’on rajoute juste un petit peu de paille broyée pour les débuts de tarissement dans la mélangeuse, à la fin de la distribution », détaille l’éleveuse.
Côté chantier, les exploitants misent sur un prestataire, qui vient régulièrement broyer des ballots sur l’exploitation. « On parvient à faire dans les 20 balles par heure, et l’on fait revenir le prestataire tous les un mois et demi », précise Vincent.
Grâce à la prépa vêlage, nous atteignons les 40 l de lait sur les 60 premiers jours de lactation.
L’ensemble de ces petits détails ont permis d’améliorer nettement la montée en lait. « Nous avons gagné dans les 3 kg de lait par vaches sur le premier mois de lactation chez les multipares. Nous avons moins de freins vers le pic de lactation et surtout moins de problèmes métaboliques », apprécie l’éleveuse. « Nous n’étions pas à 40 l de lait sur les deux premiers mois de lactation, maintenant nous y sommes. » Sans parler de la baisse des frais vétérinaires sur les vaches fraîchement vêlées.