« Le chien de troupeau : un compagnon de travail pour plus de sécurité »
TNC le 10/07/2018 à 06:00
André Deffrenne, éleveur allaitant du Nord, ne visite jamais son troupeau de Charolaises sans son fidèle compagnon Jim. Ce Border Collie de trois ans et demi lui est d'une aide précieuse pour manipuler ses animaux au quotidien. Après avoir suivi une formation sur l'utilisation du chien au troupeau, l'éleveur est devenu un véritable passionné et confie surtout se sentir plus en sécurité face aux animaux.
A ssocié en Gaec avec ses trois frères, André Deffrenne s’occupe principalement de l’élevage de Charolaises. Avec 80 mères, soit environ 250 bêtes en bâtiment l’hiver, ses journées sont bien remplies. C’est en récupérant un peu par hasard son premier Border Collie qu’il s’est intéressé aux chiens de troupeau.
« Dès son plus jeune âge, il faut éduquer le chiot à répondre aux ordres de base : le « stop », le rappel et le fait de marcher au pied, explique André. » Pour sa première formation de quatre jours, encadrée par l’Institut de l’élevage, le chien n’est pas tout de suite lâché dans un troupeau : le lot d’animaux pédagogiques (des ovins ou des bovins selon les secteurs) est parqué en cercle et le chien apprend autour de celui-ci. « Nous sommes placés de l’autre côté du cercle, face au chien et devons le commander à distance, en lui indiquant les directions à prendre. C’est à cette formation qu’on voit que beaucoup de chiens ne fonctionnent pas correctement, explique l’éleveur. Pour ma part, ma chienne n’y allait pas franchement et avait même tendance à reculer devant les animaux. Je me suis rendue compte que ça n’irait pas. »
Avec le recul, André Deffrenne conseille aux personnes qui souhaiteraient travailler avec un chien de bien le choisir : « Il ne doit pas spécialement être lof, mais il faut surtout que ses parents aient déjà travaillé. Ces chiens ont ça dans les gènes, ajoute-t-il. » Le sien n’étant pas capable d’aller dans le troupeau, il s’est tourné vers un jeune mâle issu d’une portée de chiens de travail et éduqué par son formateur de l’Idele : Bruno Banon. C’est donc avec Jim, son Border de 3 ans et demi qu’il poursuit ce travail.
« Mes parcelles étant fort morcelées, je déplace régulièrement mes animaux en bétaillère, explique l’éleveur. Le chien me permet de réaliser ces tâches seul et il m’aide beaucoup. Même s’il y a un long travail d’apprentissage derrière tout ça (environ 1 heure chaque jour), c’est plaisant de voir le chien aussi concentré dans ses actions. » L’hiver, c’est plus calme à la ferme. Les animaux étant en stabulation, les chiens travaillent un peu moins même si André parvient à les occuper : « Lorsque l’on fait du fumier, je mets les veaux dans des parcs aux alentours et c’est le chien qui s’occupe de les trier. Cela permet aussi d’habituer les veaux à sa présence. »
Finalement, l’apprentissage du chien n’est plus perçu comme un travail mais devient une vraie passion pour l’éleveur : « J’ai de la compagnie au quotidien et le chien m’est d’une aide précieuse. C’est d’ailleurs plus de sécurité pour l’éleveur qui risque moins de coups de pieds ou d’être chargé ! » André Deffrenne est devenu un vrai « mordu » de cette activité. Il a d’ailleurs gardé ces deux premiers chiens qui ne travaillent plus mais qu’il emmène tout de même régulièrement avec lui. Jim, quant à lui, est son partenaire de travail quotidien. L’éleveur prépare également une jeune chienne de 6 mois, Nelle. « Nous sommes encore dans la phase d’éducation et elle ne travaillera pas avant d’avoir 1 an mais je l’emmène régulièrement voir les vaches pour qu’elle s’y habitue et que de mon côté, je puisse observer son comportement », indique l’éleveur.
André met en garde les futurs utilisateurs : « Le chien de troupeau est un compagnon de travail. Il est important qu’il soit élevé dans ce sens et ne soit pas à la fois utilisé pour le travail tout en faisant parti intégrante du foyer. Pour qu’il reste fiable et obéissant, il doit disposer d’un chenil dans lequel il peut se reposer. Le Border Collie est un « arrêteur de mouvement » : en liberté, il se dépensera constamment et inutilement en courant après tous les animaux de l’exploitation, les vélos ou les véhicules qu’il verra passer. Cela peut devenir dangereux. »