« Regard extérieur sur ce qu’on fait et l’œil sur son troupeau »
TNC le 21/11/2024 à 08:25
La Quinzaine de la transmission/reprise d’exploitations agricoles, à l’initiative des chambres d’agriculture, revient dans toute la France du 15 au 29 novembre. Profitons-en pour mettre en avant deux témoignages vidéos de jeunes éleveurs, l’un en vaches laitières, l’autre en bovins viande, postés ces derniers mois sur Youtube par Jeunes Agriculteurs Normandie.
Ils ont le même âge, 26 ans, se sont installés en élevage bovin, la même année 2021, dans la même région, la Normandie, et en bio. Mais l’un, Romain Maroquesne, en vaches laitières (65 ha, 120 animaux dont 60 VL et 20 bêtes à viande) et en individuel dans le Calvados ; l’autre, Armand Prod’homme, en allaitantes (285 ha, 400 têtes) et en Gaec dans l’Orne.
« S’améliorer en permanence, tout en prenant conscience des points de vigilance »
Leur autre principal point commun : leur passion du métier d’éleveur, dont ils sont fiers. Quoi de mieux que de ressentir ça tous les jours, estime Romain. « Si on se lève le matin et qu’on y va à reculons, ce n’est pas la peine », juge Armand. « Il faut à la fois avoir l’œil sur son troupeau et un regard extérieur sur ce qu’on fait », développe Romain, c’est-à-dire être à l’écoute des remarques et conseils des autres pour « s’améliorer » en permanence et prendre conscience « des points de vigilance » auxquels veiller.
« Prendre son temps, être content et fier de son projet »
« Toujours essayer de faire évoluer les pratiques, tester de nouvelles techniques, les adapter à notre goût, poursuit-il. C’est tout cela qui est intéressant et me plaît. » Voilà pourquoi il importe de « prendre son temps avant de s’installer pour poser son projet, bien en réfléchir tous les aspects » afin d’en être « content » et d’éprouver de « la fierté », pointe Armand.
Romain insiste aussi sur « le rôle énorme » que joue l’éleveur dans les territoires : l’entretien des paysages – « les touristes veulent voir en Normandie des vaches sous des pommiers – et du « lien social ». De tout ceci, il « aime en parler » pour attirer les jeunes vers l’élevage, et les former.
« Parler du métier, du système, pour attirer des jeunes »
Outre son « rapport au métier », il évoque son système « presque tout herbe avec pâturage tournant dynamique 360 jours sur 365 ». Le jeune éleveur de Clinchamps-sur-Orne ne cultive que 3 ha, de maïs en alternance avec du méteil grain destiné à être moulu, et produit 250 000 l de lait collectés par Danone – il est « le dernier producteur de la laiterie dans cette zone » – qui le transforme en yaourts Les 2 Vaches.
À la reprise de l’exploitation, le cheptel était 100 % Prim’holstein. « Le gros avantage, avance-t-il, avec de l’herbe de qualité, elles répondent et font du lait. » Depuis, il cherche à diversifier un peu, en achetant d’abord deux génisses normandes puis trois Brunes des Alpes. « L’idée, avec la Brune, est de garder le même gabarit que la Holstein en améliorant la rusticité, cette dernière étant assez fragile, pour que les vaches puissent pâturer toute l’année. Cette race est moins lourde et montre une meilleure capacité d’ingestion que la Normande qui, si elle baisse en lait, remonte difficilement derrière. »
« Préserver l’intégralité de la ferme, c’est ça qui compte »
À L’Orée-d’Ecouves à 10 km d’Alençon, le Gaec Olo, où Armand est associé, est naisseur-engraisseur de Charolaises. À la différence de son collègue du Calvados, il aborde davantage son parcours à l’installation agricole que l’exploitation. Ses parents n’étaient pas agriculteurs, mais ses grands-parents si, et c’est auprès d’eux qu’il est devenu passionné de l’agriculture. « Petit, je passais mon temps à la ferme et c’est resté ! », lance-t-il.
Après un bac STAV, un BTS Acse en alternance et un stage au Canada, il suit une formation à la création d’entreprise de six mois et s’installe hors cadre familial avec son ancien maître d’apprentissage, dont le père partait à la retraite. « Nous avons réussi à garder l’exploitation dans son intégralité et c’est ce qui compte », conclut le jeune exploitant soulignant l’importance de l’accompagnement, par des organismes spécialisés, pour s’assurer de « la viabilité du projet ».