À quoi ressemble l’installation en lait ? Photographie détaillée…
TNC le 01/07/2020 à 13:52
Effectif, nombre et lieu d'installation, type d'exploitation et de projet, proportion de mise en société et de hors cadre familiaux... : une étude de FranceAgriMer de 2019 permet de dresser un portrait robot des jeunes qui s'installent en élevage laitier.
Le contexte actuel en production laitière
- Une baisse générale du nombre d’élevages de vaches laitières
– 4,4 % entre 2000-2010 / – 3,9 % entre 2010-2016 (1).
(contre – 1,9 % pour le secteur agricole et – 2,3 % pour l’ensemble des bovins, ovins et caprins laitiers)
- Un vieillissement des chefs d’exploitation
48 % des chefs ont plus de 50 ans en 2016 (contre 32 % en 2000).
En 2016, les exploitants de plus de 50 ans détiennent 43 % du cheptel de vaches laitières (38 % en 2013).
(1) Source de tous les chiffres de cet article : enquêtes structures d’Agreste des années concernées/recensement agricole de 2010
et les jeunes éleveurs ?
- Leur effectif diminue : 21 % de producteurs de lait de moins de 40 ans en 2016 contre 38 % en 2010.
Ceci de façon plus importante que pour l’agriculture en général, où le pourcentage d’agriculteurs de moins de 40 ans est passé de 19,3 à 17,5 % entre 2010 et 2016 (Source : Insee).
- Le nombre d’installations en lait chute fortement :
– 1/3 depuis 2010
(soit l’équivalent de la diminution des installations toutes productions confondues sur 20 ans, entre 1997 et 2017 !)
2 549 entrées d’actifs de moins de 40 ans/an (2000 à 2009) puis 1 743/an (2013 à 2016).
- Les disparités entre territoires sont fortes :
– Une bonne dynamique dans les régions où sont implantées des laiteries performantes et/ou bénéficiant de signes officiels de qualité (AOC, AOP…).
– Une déprise dans les endroits où les outils industriels sont vieillissants et/ou avec des sols à bon potentiel agronomique incitant, depuis l’arrêt des quotas laitiers notamment, à remplacer l’élevage par des cultures, moins contraignantes en termes de travail (dans le sud-ouest de la France par exemple). Même dans les bassins laitiers comme la Bretagne et les Pays de la Loire, il existe des micro zones où la production de lait est délaissée.
– Un nouvel attrait pour les bovins lait dans certaines régions aux excellentes performances agronomiques où les terres coûtent très cher, tels que les Hauts-de-France. La suppression des quotas a en effet résolu les problèmes fonciers en permettant de produire plus sur une même surface, avec les questions que cela pose au niveau de l’alimentation des animaux, de l’environnement (épandage des effluents) et des demandes sociétales (élevages herbagers).
- Les projets se diversifient :
– âge d’installation : entre 30 et 40 ans
– compétences : de plus en plus de BTS et d’expériences professionnelles antérieures. En effet, un niveau de formation insuffisant peut s’avérer pénalisant, le métier d’éleveur devenant de plus en plus complexe.
– milieu d’origine : 20 % d’installations hors cadre familial et très peu de Nima (personnes Non issue du milieu agricole), à part dans de petits cheptels, souvent en bio, avec transformation et vente en circuits courts.
À noter : s’installer en hors cadre familial paraît plus compliqué dans les bassins de production dynamiques que dans les zones de déprise laitière. Dans le Grand Ouest pourtant, cette tendance pourrait devenir plus prégnante, principalement dans les structures sociétaires.
– taille du troupeau
– essor de l’agriculture biologique : même en filière longue. Un moyen pour les fermes un peu limitées en taille de dégager de la valeur ajoutée.
– dimension et composition du collectif de travail :
2/3 d’installation en société (55 % dans l’ensemble du secteur agricole)
Ceci pour mieux répartir la charge de travail et les astreintes, et également le capital à reprendre (voir paragraphes plus bas).
Le Gaec est la forme juridique privilégiée même si avec d’autres statuts (EARL, SCEA, etc.), des associés non exploitants peuvent apporter du capital, facilitant l’acquisition progressive de celui-ci par les candidats à l’installation.
À noter : l’embauche d’un salarié au moment de l’installation semble plus difficile financièrement que l’association. Pourtant, dans certaines zones, le salariat peut être une alternative intéressante à la mise en société, comme au sud des Pays de la Loire où, dans les cinq ans à venir, un tiers des Gaec laitiers devront faire face au départ en retraite d’un ou plusieurs associés.
- Les exploitations reprises sont de plus en plus grandes, ce qui constitue même un critère de choix pour une partie des futurs éleveurs.
– Les ateliers > à 1 Ml de lait se généralisent, d’autant que les jeunes installés se voient attribués plusieurs centaines de milliers de litres en plus du volume du cédant.
– L’augmentation du capital à reprendre (compris en moyenne entre 500 000 € et 1 M€) n’est pas le seul impact pour les porteurs de projet qui peuvent être amenés à se spécialiser, changer le mode de conduite du troupeau (peu ou pas de pâturage, davantage de maïs), augmenter la productivité physique, en percevant moins d’aides par unité produite et en payant des charges de mécanisation et de bâtiment plus élevées.
À lire également :
– S’installer en élevage laitier (1/2) − 1 000 € de capital pour produire 1 000 l de lait
– S’installer en élevage laitier (2/2) − « Un bon investissement est viable, vivable et transmissible »
– La meilleure productivité du travail est parfois illusoire (volume de lait/UTA, unité de travail annuel, NDLR) car basée sur des investissements (bâtiment, matériel, etc.), ce qui fait grimper les coûts unitaires d’installation.
L’actif à financer (foncier non inclus) approche alors 1 200 €/l de lait, valeur au-delà de laquelle la viabilité des projets n’est plus assurée. Ce chiffre dépasse d’ailleurs nettement celui observé en moyenne en cours de carrière : de 500 à 700 €/1 000 l. Or l’autofinancement en phase d’installation reste mineur.