Être plus précis sur la ration et sortir des lots homogènes
TNC le 17/12/2019 à 06:04
À la ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou (Maine-et-Loire), une partie des vaches vêlent au printemps, l’autre en automne. Pour Julien Fortin, responsable de l’exploitation, faire vêler en septembre-octobre présente de nombreux avantages. Entre autres, la possibilité de distribuer des rations très précises.
En allaitant, il est d’usage de faire vêler au printemps, le pic de lactation des vaches intervenant alors au moment de la mise à herbe. « Mais les vêlages de printemps ont leurs limites, en conventionnel comme en bio », pointe Julien Fortin.
« Dans l’Ouest, on se retrouve avec des veaux de quatre ou cinq mois dehors en pleine période de sécheresse estivale. On se rend compte alors que les systèmes tout herbe sont difficilement tenables, même dans nos régions. À l’exception de la Normandie, du nord-Mayenne et de certaines zones en Bretagne, le trou de l’été et l’arrêt de la pousse de l’herbe est limitant avec uniquement des vêlages de printemps », poursuit le responsable de la ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou dans le Maine-et-Loire, dont le troupeau de Limousines est conduit en agriculture biologique depuis 1998.
Combiner deux périodes de vêlages
Malgré ce constat, seuls 25 % des élevages allaitants en région Pays-de-la-Loire observent une double période de vêlage. Une pratique que la station angevine a su mettre en place depuis ses débuts : 60 % des vaches sont mises à la reproduction en monte naturelle au pâturage, au printemps. De la mi-novembre à la mi-décembre, un second lot est inséminé en IA puis avec un taureau de rattrapage jusqu’au 15 janvier.
Les taux de gestation, 80 à 90 %, sont similaires d’une saison à l’autre. Les vêlages d’automne ont lieu en de septembre à octobre « On sort ensuite les mères et leurs veaux vers la mi-mars. Ils profitent de l’herbe et sont sevrés en juin quand la végétation s’arrête. » Combiner deux périodes de vêlage devient particulièrement intéressant dans le cas de grands troupeaux, afin de mieux répartir les pics de travaux, diminuer la pression sanitaire et étaler la commercialisation des produits.
Des vêlages d’automne pour mieux contrôler l’alimentation
Conduire une partie des animaux en bâtiments l’hiver permet également de mieux gérer l’alimentation. « Mettre en place des vêlages d’automne, c’est se donner la possibilité d’être plus précis sur la ration et sortir des lots plus homogènes, reprend le jeune chef d’exploitation. Autre avantage, la conduite en vêlage d’automne permet de faire vêler une partie des génisses à 30 mois, réduisant ainsi la durée d’improductivité du troupeau. « À cet âge, les primipares n’ont pas encore fini leur croissance. Leur alimentation doit être adaptée en conséquence, précise Julien Fortin. Idéalement, il faut les alloter séparément et distribuer une ration plus énergétique ».
La station expérimentale de Thorigné-d’Anjou mène depuis cinq ans des essais sur des vaches en vêlage d’automne. Trois types de rations produites sur la ferme ont été testées :
Ration 1 : Foin de prairie à flore variée (PFV) + foin de luzerne + complémentation | Ration 2 : Foin de luzerne + ensilage de céréales et protéagineux (CERPRO) + complémentation | Ration 3 : Foin de prairie naturelle (PN) + ensilage de céréales et protéagineux (CERPRO) + complémentation |
Foin de PFV 6,9 kg MS
Foin de luzerne 5,5 kg MS Triticale-pois 0,3 kg Féverole 0,5 kg |
Foin de luzerne 5,6 kg MS
Ensilage CERPRO 6,4 kg MS Triticale-pois 0,1 kg Féverole 0,3 kg |
Foin de PN 5,5 kg MS
Ensilage CERPRO 6,6 kg MS Triticale-pois 0 kg Féverole 1 kg |
UFL 9,8
Rmic 2 PDI lim/UFL 112 |
UFL 9,3
Rmic 12 PDI lim/UFL 103 |
UFL 9,6
Rmic -11 PDI lim/UFL 84 |
Toutes ont démontré de bonnes performances zootechniques « à condition de distribuer une ration toujours équilibrée pour que les mères expriment leur potentiel laitier. On optimise le couple mère-veau », note Julien Fortin.
À Thorigné-d’Anjou, la ration 2 est la plus intéressante. À la fois très simple à corriger, confortable côté azote limitant grâce au foin de luzerne, c’est aussi la plus économique avec un coût de 113 € pour 100 kg de viande vive produite. Les autres n’en restent pas moins intéressantes : « leur mise en œuvre dépend du système fourrager de l’élevage et des conditions pédo-climatiques de l’exploitation, précise Julien Fortin. Nous avons voulu tester trois « recettes » représentatives ».
La ferme de Thorigné-d’Anjou en quelques chiffres :
- 70 vêlages
- SAU 130 ha
- Production de bœufs (abattage entre 30 et 32 mois) à 500 kg de carcasse
- Poids moyen au sevrage à 9 mois : 353 kg mâles, 341 kg femelles (aucun complément au pâturage)