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Bâtiment multi-dômes

Aux Pays-Bas, 140 vaches bio dans une stabulation sur compost de bois déchiqueté


Alimentation et fourrages le 06/09/2017 à 08:25
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Direction Utrecht aux Pays-Bas, où la famille De Wit a construit une impressionnante stabulation de type multi-dômes avec ID Agro afin que leurs 140 vaches laitières biologiques puissent se coucher confortablement sur un épais matelas de « compost » issu de bois déchiqueté.

Pour l’installation de ses deux fils sur la ferme laitière biologique familiale, Wymand De Wit n’a pas lésiné sur les moyens : 1,2 million d’euros ! L’éleveur hollandais a choisi le meilleur pour que ses 140 vaches laitières se sentent à leur aise, sans compromis sur le confort de travail. Il a choisi une étable multi-dômes avec une aire de couchage centrale sur « compost » de plaquettes de bois déchiquetées, entourée de deux aires d’alimentation sur fosse caillebotis. Long de 90 mètres par 53 mètres de large, ce bâtiment couvre une surface de près d’un demi-hectare.

Chaque vache dispose ainsi de plus de 20 m² de litière et 10 m² de caillebotis. « Elles sont vraiment heureuses ici, elles ont de la place pour circuler et de l’air pour respirer, confie l’éleveur en agriculture biologique depuis une quinzaine d’années. Depuis le changement de bâtiment j’ai vu leur comportement se modifier : elles expriment bien mieux leurs chaleurs, il n’y a plus de problème de dominance entre elles et il y beaucoup moins de soucis de pattes comparé à l’ancienne étable en logettes et lisier, aujourd’hui occupée par les génisses. »

La structure métallique, dite multi-dômes ou multi-chapelles, imaginée par l’entreprise néerlandaise ID Agro se compose de sept dômes accolés. Deux d’entre eux sont translucides pour apporter de la lumière et participent à faire sécher la litière. Les autres dômes sont couverts de bâches opaques pour éviter l’effet de serre. Très résistant, ce toit supporte la neige et les intempéries. L’eau de pluie est canalisée dans des gouttières. Celles-ci sont placées à six mètres du sol, afin d’avoir suffisamment de hauteur pour vider les remorques de bois déchiqueté. Le confort thermique est également assuré par les rideaux latéraux sur la totalité du bâtiment, ouverts la plupart du temps. Si bien qu’en été, la température intérieure reste inférieure à celle de l’extérieur.

Plutôt que d’investir dans un système de ventilation par le sol pour sécher la litière (pas toujours efficace, semble-t-il), ils ont préféré consacrer une plus grande surface par vache et un volume d’air important. L’air humide s’échappe par les faîtières d’aération et les deux ventilateurs au plafond ne semblent presque pas nécessaires. Pour éviter que les bouses s’accumulent en surface, le compost est remué quotidiennement sur une dizaine de centimètres à l’aide d’un rotavator. Le travail d’entretien se résume ainsi à cinq minutes de tracteur par jour pour plus de 100 vaches ! Lorsque les conditions sont très humides, il est nécessaire d’effectuer deux passages par jour. A l’inverse, en été, le compost peut devenir très sec et dégager de la poussière. Les éleveurs préfèrent alors remuer la litière à l’aide d’une canadien plutôt qu’avec un outil rotatif.

L’aire de couchage est curée une fois par an à l’automne. « Comme j’ai uniquement 50 hectares de prairies, sans autres cultures, et que nous sommes limités à 170 kg d’azote par hectare, je donne ce très bon compost à un agriculteur bio en échange de céréales », explique l’éleveur. Après le curage, une première couche de 40 cm de bois déchiqueté est épandue puis les apports se font régulièrement au cours de l’année, notamment durant l’hiver, jusqu’à atteindre une épaisseur de 70 cm. Environ 60 % des bouses atterrissent dans l’aire de couchage et les 40 % restant se retrouvent dans les deux fosses sur caillebotis le long des couloirs d’alimentation.

Côté sanitaire, rien à signaler : la moyenne cellulaire s’équilibre à 120 000 cel/Ml. La litière sur plaquette de bois ne semble pas entraîner d’augmentation de mammites, mise à part quelques cas de souches d’entérobactéries de type Klebsiella sans savoir si elles peuvent être liées au type de litière.

Seul bémol au bois déchiqueté : son coût. « Bien que ce bois provienne de l’entretien des haies et des arbres de la région, ça revient cher tout de même : environ 15 000 à 20 000 euros par an pour 1 000 tonnes de bois brut sur l’année », rapportent les éleveurs.

La famille De Wit a également investi dans une salle de traite Boumatic de 2×14 postes avec sortie rapide et plancher mouvant pour s’adapter à la taille des trayeurs. Cette salle de traite est particulièrement silencieuse puisque toute la tuyauterie et la pompe sont placées dans une salle en sous-sol, sous la salle de traite. De part et d’autre de l’espace traite se trouvent les box de vêlages et infirmerie (paillés), ainsi que le logement des vaches taries qui couchent dans des logettes garnies de compost bien sûr.

Cette stabulation hors normes profite d’une originalité : une salle de conférence, dite « Sky box », située au-dessus du bureau et du bloc traite, avec une vue imprenable sur l’ensemble du bâtiment. Cette grande pièce vitrée dispose d’une cuisine et d’un espace de vidéo-projection, et pourra ainsi être louée pour des évènements, par exemple à des entreprises du secteur agricole qui apprécient l’ambiance de cette salle de réunion insolite ! Une idée à creuser lorsque l’on pense à rentabiliser l’intégralité d’un bâtiment d’élevage.

Les éleveurs n’ont pas lésiné non plus sur le nombre de cornadis, le long des deux couloirs d’alimentation : la stabulation compte 260 places à l’auge pour 140 vaches ! La ration à base d’ensilage d’herbe et de trèfle est complémentée individuellement au distributeur automatique de concentré (Dac) avec du maïs grain (jusqu’à 11 kg par vache). Un peu d’ensilage de maïs est distribué uniquement durant la période de pâturage. Les quatre Dac de la marque Hanskamp Agrotech disposent d’une grille de protection qui s’abaisse par-dessus la vache afin d’éviter les problèmes de dominance lors de l’alimentation.

Le troupeau à majorité Holstein compte quelques croisements en race montbéliarde, mais l’éleveur a choisi d’arrêter ce métissage car les croisées montbéliardes semblent moins bien résister à l’excès de trèfles dans les pâtures en été. Avec plus de la moitié de primipares dans le troupeau, la moyenne d’étable avoisine les 8 000 litres par vache et par an. Les 125 vaches à la traite produisent 1,1 million de litres de lait biologique collecté par Eko-holland autour de 550 euros la tonne, ce qui assure le remboursement de cet investissement conséquent.