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Exportations bovines

Baisse des exports de viande et de bovins vifs en 2023, faute de disponibilités


TNC le 28/02/2024 à 18:40
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Commerce extérieur mensuel français de viande bovine (© © TNC)

Les exportations françaises ont baissé de 11 % entre 2022 et 2023 pour la viande bovine, de 7 % pour les broutards et de 5 % pour les veaux laitiers. En cause notamment : la décapitalisation, qui s’est accompagnée d’un repli de la consommation française ces derniers mois et contribue au soutien des cotations.

Les exportations bovines françaises ont baissé en 2023, rapporte l’Idele dans ses dernières Tendances. En viande, le repli atteint ainsi — 11 % par rapport à 2022 et — 13 % par rapport à 2021, avec 217 000 tonnes-équivalent-carcasse (téc) expédiées en tout et une baisse vers toutes les destinations hormis la Grèce (+ 1 %/2022).

En 2023, le commerce extérieur français de viande bovine a reculé par rapport à 2022 : – 11 % pour les exportations et – 6 % pour les importations. (© Idele)

Les exports de broutards se sont de leur côté contractés de 7 % par rapport à 2022 et de 14 % par rapport à 2021, passant « en dessous du million de têtes » (992 000) et atteignant « le plus bas niveau depuis 2014 ». Les Charolais sont plus touchés par la baisse que les Limousins, car « traditionnellement davantage conservés pour l’engraissement en France ».

822 000 broutards sont partis vers l’Italie : un recul de 5 % par rapport à 2022. Les envois ont par contre grimpé vers l’Espagne (23 000 têtes en plus, soit + 26 %/2022), qui a privilégié « des animaux plus lourds pour les engraisser rapidement, du fait de faibles disponibilités en fourrages provoquées par la sécheresse ».

Seulement 20 000 broutards ont été envoyés hors de l’Europe en 2023 (- 74 % /2022 et — 67 % /2021), mais l’Idele souligne une reprise des flux vers le Maroc et la Tunisie en fin d’année, grâce à des accords trouvés avec ces deux pays qui avaient fermé leurs frontières aux animaux français en raison de la MHE.

Après plusieurs années de hausse, les exportations de veaux laitiers vers l’Espagne, notre principal acheteur, ont quant à elles baissé de 5 % entre 2022 et 2023, à 324 000 têtes.

Recul « significatif » des cheptels et baisse de la consommation

Pour expliquer la baisse des exports de viande et d’animaux vifs, l’institut technique pointe notamment la décapitalisation bovine.

Au 1er janvier 2024, la France comptait 3,496 millions de vaches allaitantes et 3,374 millions de vaches laitières, soit des baisses respectives de 1,9 % et de 1,6 % par rapport à début 2023. Un recul qui « reste significatif » même si « on assiste depuis plusieurs mois à un ralentissement de la décapitalisation dans les deux cheptels ».

Cette décapitalisation a « deux effets pour toutes les catégories d’animaux : réduction des disponibilités pour l’abattage et l’export et soutien des cours faute d’offre », résume l’Idele. Couplée à « des prix de vente durablement élevés après deux ans d’inflation », elle a pour autre impact une baisse de la consommation de viande bovine en France.

De fait, l’inflation est toujours là et continue d’affecter le pouvoir d’achat des consommateurs français, même si elle ralentit : + 5,8 % sur un an en janvier contre + 7,4 % un mois auparavant pour les prix alimentaires, et + 2,2 % sur un an contre + 3,2 % en décembre pour les viandes de bœuf et de veau.

Sur les neuf derniers mois de 2023, la consommation mensuelle de viande bovine en France était en retrait par rapport à 2021 et 2022. (© Idele)

L’Idele estime que la consommation de viande bovine en 2023 a baissé de 4 % par rapport à 2022 et de 3 % par rapport à 2021, à 1,45 Mtéc. Les ventes au détail de viande bovine hachée ont connu une descente en gamme en 2023, « toujours d’actualité début 2024 », avec un report partiel « depuis le frais vers le congelé, moins cher ».

Des cotations en hausse

Côté cours, l’heure est à la hausse. « Les jeunes bovins voient leurs cours progresser dans le sillage d’un marché européen allégé avec le redémarrage des ventes en carcasse vers la Turquie » ; le JB U a par exemple gagné 14 centimes depuis le début de l’année et redépassé son niveau de 2023.

Les cotations des vaches allaitantes sont « soutenues par le manque d’offre » : + 3 cts en un mois pour la vache R en un mois, + 12 cts pour la vache O, + 14 cts pour la vache R, les cours de ces deux dernières restant en deçà de leur niveau de février 2023. Les cotations de réforme ont « entamé leur hausse saisonnière après plusieurs années atypiques ».

Chez les broutards, les prix ont progressé sur les six premières semaines de l’année en raison de l’offre réduite et de « la demande française et européenne toujours présente ». Le Charolais U de 450 kg a ainsi gagné 12 cts en quatre semaines et presque rejoint son niveau de février 2023.

Les prix des veaux gras « étaient stables à un niveau élevé » la semaine du 14 février ; ceux des jeunes veaux laitiers « ont amorcé leur hausse saisonnière début février, traduisant les besoins des intégrateurs pour les abattages de fin d’été ».