Bâtiment, alimentation, hygiène : quels leviers contre les boiteries ?
TNC le 30/12/2024 à 09:23
Connaître les facteurs de risque des boiteries permet de les maîtriser durablement. Cela passe notamment par l'hygiène et la conduite sanitaire du troupeau, la conception et l'utilisation du bâtiment, et l'alimentation des vaches.
Les boiteries chez les vaches laitières proviennent essentiellement des pattes arrières (80 %) et notamment des onglons. Conseillers, vétérinaires, pédicures, chercheurs se sont mis autour de la table pour mettre à jour le guide « maîtrise des boiteries dans les troupeaux laitiers ».
Le bâtiment : un facteur de risque très important
Premier facteur de risque de boiteries identifié : l’habitat. Conception, entretien et utilisation de la stabulation peuvent être la cause des problèmes de pieds. On va alors regarder :
– le temps passé debout : une vache doit passer 10 à 14 heures couchée (et confortablement) et restée maximum 1h30 debout. Sinon cela cause de la surcharge de poids sur les pieds. Si tel est le cas, il faudra vérifier le batiment : dimensions, nombre et accessibilité des logettes, surface des aires paillées, confort de couchage, accès aux abreuvoirs, courants parasites, stress thermique…
– les chocs subis par les pieds : via les déplacements, mais aussi le comportement des vaches entre elles, le positionnement à l’auge… On creusera alors du côté de la surface de l’aire exercice et des couloirs de circulation, la présence d’obstacles sur le passage des animaux, la qualité des surfaces, l’état des chemins de pâturage, etc.
– l’humidité et les défauts d’hygiène : l’état de propreté des pieds en dit long là-dessus. En cas de défaut d’hygiène, il faudra contrôler l’humidité des sols et des aires de couchage, le positionnement des abreuvoirs et rateliers, ou encore l’état des pâturages.
L’alimentation joue un rôle sur les boiteries
Comme cité précedemment, le poids des vaches sur leurs onglons est très important : les coussinets plantaires ont un role d’amortisseur. Or, il existe une corrélation forte entre l’état d’engraissement des vaches et l’apparition de lésions, et dans les deux sens : amaigrissement (surtout en cas de déficit énergétique en début lactation), ou embonpoint.
La qualité de la corne est aussi très importante pour résister aux lésions. Et cela se joue par l’apport de nutriments. Attention donc aux carences en minéraux !
Enfin, souvent oubliée : l’eau doit être apportée en quantité suffisante (nombre d’abreuvoirs) et de bonne qualité. Attention aux fuites, courants parasites et humidité autour des points d’eau.
Détecter et traiter les boiteries
Une bonne conduite sanitaire du troupeau passe par une prise en charge précoce, rapide et adaptée des boiteries. Mais d’après les experts, elles seraient trop souvent sous-détectées en élevage, voire sous-estimées, donc avec une prise en charges tardive (ou absente). Plusieurs explications possibles : méconnaissance des lésions, impact économique non visible de suite, manque de temps ou de main-d’œuvre, habituation…
Or, lorsqu’elles sont prises en charge tardivement, les lésions s’aggravent ou deviennent chroniques. Voici leurs conseils :
– agir en prévention avec une désinfection collective (très importante en cas de dermatite digitée), et la mise en place de barrières de biosécurité ;
– agir en curatif avec un parage et un traitement adapté (pour rappel, l’injection d’antibiotiques en 1ère intention n’est nécessaire qu’en cas de panaris).
D’autres éléments ont été mis en avant comme le manque de sélection génétique sur les boiteries en élevage. L’héritabilité des lésions podales est certes faible mais elle est présente. Il n’y aurait aussi pas assez de réformes des animaux boiteux.