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Pâturage

Bichonner ses prairies pour ne pas manquer d’herbe


TNC le 09/03/2023 à 11:32
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Le pâturage tournant dynamique permet d'assurer une gestion optimale de l'herbe. (©TNC)

Comme tout éleveur pâturant, Philippe Dufour craint la sécheresse estivale... Mais entre pâturage tournant dynamique, choix des espèces et variétés ou encore amendement, l'éleveur met tout en œuvre pour entamer sereinement la nouvelle saison de pâturage.

Sur le plateau Village Semence au Salon de l’Agriculture, Philippe Dufour, éleveur de Blondes d’Aquitaine en Ile-de-France fait le point sur ses pratiques de pâturage. Son objectif : ne pas dépendre de produits extérieurs pour l’alimentation de ses bovins. C’est chose faite grâce au pâturage tournant, et aux surface en céréales et protéagineux dédiées à l’alimentation animale. Mais entre gestion de la pousse de l’herbe, vieillissement des prairies ou encore sécheresses, la conduite à l’herbe suppose une certaine ingéniosité.

Une prairie, c’est comme une culture : ça s’entretient !

« Une prairie, c’est comme une culture, ça s’entretient » explique l’éleveur. Pour assurer le rendement en herbe, l’éleveur surveille l’ amendement de ses parcelles. « J’apporte entre 10 et 15 t de fumier sur mes prairies tous les ans. J’apporte aussi de de l’engrais minéral pour m’assurer un minimum vital de récolte ». L’apport d’azote est également réfléchi pour garder un certain équilibre entre légumineuse et graminée dans la prairie.

Le pâturage tournant dynamique permet ensuite de valoriser l’herbe disponible, sans épuiser les pâtures. « Les vaches avancent au fur et à mesure que l’herbe pousse, et elles ne retournent pas sur la même parcelle avant 20 ou 30 jours », commente l’agriculteur. Une technique qui lui permet d’avoir toujours de la nouvelle herbe à offrir à ses bovins. « Pas besoin de scarifier ni de herser, les vaches font le travail et j’ai toujours une herbe en production appétante ». Du ray-grass plus tendre, aux fétuques et dactyles plus durs, les vaches mangent toutes les espèces car les pousses sont jeunes. Une manière de ne pas épuiser une espèce par rapport à une autre et maintenir une flore diversifiée.

Bien choisir ses espèces pour affronter la sécheresse

Mais lorsqu’on base son alimentation sur l’herbe, la sécheresse reste une inquiétude majeure. Des petites astuces aident cependant à mieux y faire face. Le pâturage tournant apporte une meilleure durabilité de l’herbe l’été, avec une meilleure persistance. Et pour Philippe Dufour, « s’il y a un gros coup de sec, il ne fait pas hésiter à sortir les vaches du pré et les affourager. Même si l’herbe est desséchée, il y a toujours une petite pousse avec la fraîcheur de la nuit. Et la vache va trouver le petit ray-grass qui pousse et le manger ce qui va épuiser la pâture. » En bref, en rentrant les vaches, on sécurise la repousse.

Il faut également s’appliquer à renouveler les prairies, notamment via le sur-semis pour enrichir les prairies et renouveler les variétés et espèces présentes. Tant qu’à faire, privilégier des espèces plus résistantes au sec. Le ray-grass offre de bons rendements, mais est très sensible à la sécheresse. Les fétuques, dactyles, fléoles sont plus résistantes. « Regarder le rapport de production été/automne dans les caractéristiques des variétés est un premier levier pour choisir une solution adaptée » explique Bruno Osson du collectif Agriculture Aujourd’hui.  « Il y a aussi un progrès génétique qui est attendu, mais c’est une histoire de temps long ». L’alternance fauche/pâture est aussi un levier à actionner. Lorsqu’on laisse monter la végétation, le système racinaire s’approfondit ce qui permet d’aller capter des eaux plus profondes.

Enfin, avoir des alternatives à l’herbe sécurise le système. D’autres fourrages, comme la betterave fourragère, les cultures de méteils, les dérobées fourragères sont un plus et peuvent offrir des volumes à distribuer lors des périodes sèches. « Même si l’on garde en tête que l’affouragement avec du fourrage stocké coûte trois fois plus cher ». Pour éviter de devoir trop affourager, il est également possible d’essayer d’allonger la durée de la saison de pâturage, en commençant plus vite en saison, et en essayant de maintenir les bêtes autant que possible dehors à l’automne, selon la portance des parcelles.

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