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Bovin lait : les critères pour savoir si une ferme est transmissible


TNC le 01/08/2024 à 06:14
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Cédants et repreneurs n'ont pas toujours la même vision des choses. (© Parilov, Adobe Stock)

Ma ferme est-elle transmissible ? Beaucoup de cédants se posent cette question. Plusieurs éléments, classés en quatre grandes catégories (outil de travail, résultats technico-économiques, contexte, conditions de travail), peuvent vous aider à y voir plus clair. Les repreneurs peuvent aussi s’appuyer dessus pour jauger la structure qu’ils envisagent de reprendre.

Pour évaluer la transmissibilité d’une exploitation bovine laitière, quatre grandes catégories de critères, et à l’intérieur plusieurs éléments à prendre en compte, met en avant Inosys-Réseaux d’élevage (1) (à partir d’une synthèse pour la région Normandie, réalisée en 2022 sur les résultats de 2021), lors d’un webinaire organisé fin juin.

Le contexte

  • La dynamique laitière locale : présence d’autres élevages, réseau de fournisseurs et prestataires, entente entre éleveurs.
  • La sensibilité aux aléas : économiques, climatiques, sanitaires, main-d’œuvre.
  • Les débouchés : filières à valeur ajoutée, possibilité de vente directe (selon le bassin de consommation, la concurrence).
  • La pression foncière : prix et compétition.

L’outil de travail

  • Le foncier : part en location, nombre de propriétaires.
  • La surface et le parcellaire : potentiel agronomique, accessibilité, regroupement, chemins, clôtures.
  • L’état des facteurs de production : bâtiments, matériel, cheptel (santé, productivité, génétique), parcelles (type de sol, structure, MO, minéraux, chemins, clôtures).

Les résultats technico-économiques

  • La production laitière (en l/VL/an) : mais la cohérence du système est plus importante.
  • Le coût de production du litre de lait.
  • L’EBE/1000 l.
  • La marge brute/1000 l (hors aides).
  • Le revenu/UMO disponible.
  • Lenombre de litres de lait produit/UMO.

Les conditions de travail

  • Les congés : le nombre de week-ends libres par mois et de semaines de vacances par an.
  • Le temps de travail : le nombre d’heures d’astreinte par semaine et par UMO, de pics saisonniers.
  • La pénibilité.
  • La facilité de remplacement : au sein du collectif de travail, par des personnes extérieures.

Certains paramètres à ne pas sous-estimer

L’outil de production est généralement examiné avec attention par les repreneurs, et détaillé par les cédants, en particulier le foncier, les bâtiments, le matériel, le cheptel. L’état des sols peut-être un peu moins.

Les performances techniques et économiques sont également jaugées précisément la plupart du temps. Attention toutefois à bien ramener chaque facteur aux 1000 l ou à l’UMO, et à calculer le coût de production du litre de lait, c’est une donnée essentielle. Ainsi que le revenu disponible, qui n’est pas toujours chiffré.

Le contexte, en revanche, est sans doute moins étudié, de même que les conditions de travail. Or ces paramètres influent sur la charge mentale, et l’isolement ou non, ressentis par le producteur, ce qui renvoie à la vivabilité du métier. Ils jouent donc sur la pérennité de la ferme et de l’installation du jeune éleveur qui la reprend.

Il importe de tenir compte de la sensibilité aux aléas, de plus en plus fréquents, divers et de grande ampleur. Il n’y a pas que les risques climatiques ou sanitaires, mais aussi ceux liés à la conjoncture économique très fluctuante, et la volatilité des prix qui en découle. Et il ne faut pas sous-estimer l’impact de la main-d’œuvre, difficile à trouver et à fidéliser.

Faciliter la réflexion

Pour chaque variable regardée, il s’agit de situer l’exploitation sur une échelle, allant du rouge foncé au vert clair. Pour certaines, des valeurs sont précisées.

Au niveau des conditions de travail entre autres, le nombre de week-ends disponibles est compris entre 0 et plus de 2 par mois, les semaines de congé entre moins de 1 et plus de 5 par an, les heures d’astreinte entre moins de 30 et plus de 50 par semaine. Les critères technico-économiques nécessitent, eux aussi, d’indiquer des références, comme ci-dessous.

Les éléments, qui font qu’un élevage bovin laitier est plus ou moins transmissible, sont les mêmes d’une structure à l’autre. Mais les chiffres mentionnés ici sont issus d’une étude menée en Normandie et peuvent varier selon les systèmes, les régions, etc.

D’un cédant ou repreneur à l’autre, et selon que l’on transmette ou s’installe, la manière de percevoir les choses diffère bien souvent entre l’importance des facteurs économiques, humains, de charge et confort de travail… Néanmoins, cela peut faciliter la réflexion sur la transmission comme la reprise d’une ferme.

(1) « Inosys est un dispositif de production de références technico-économiques à l’échelle de l’exploitation agricole dans les domaines de l’élevage ruminant, des grandes cultures et de la viticulture. Les références sont produites par les conseillers des Chambres d’agriculture à partir de fermes classées selon la typologie Inosys et suivies annuellement.

Ces données permettent la production de cas-types, modélisation technique et économique d’une exploitation, ainsi que de nombreuses productions thématiques, en partenariat avec l’Idele pour l’élevage. Toutes les publications sont disponibles sur la plateforme commune des chambres d’agriculture et instituts techniques agricoles, R & D Agri, ainsi que sur le site web de l’Idele. » (source : site internet des chambres d’agriculture France)
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