Abreuvement

Ce qu’il faut savoir avant d’abreuver ses bovins à l’eau de pluie


TNC le 19/02/2024 à 04:55
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Schéma d un disconnecteur (© © TNC)

Si l’eau de pluie est une ressource abondante et facilement stockable, quelques points de vigilance sont à avoir en tête, notamment en termes de filtrage, stockage, et analyse de la qualité de l’eau pour éviter toute déconvenue.

Ai-je le droit d’utiliser l’eau de pluie pour l’abreuvement ?

Chacun est libre d’utiliser les eaux pluviales collectées sur ses toitures. Seule contrainte : « l’alimentation à partir d’eau de pluie, doit impérativement être déconnectée de celle issue du réseau d’eau potable par l’installation d’un clapet anti-retour au niveau de la connexion des réseaux », explique le guide établi par la Chambre d’agriculture d’Occitanie.

Il est également obligatoire de mettre une signalétique proche des robinets distribuant l’eau de pluie pour indiquer qu’elle provient d’un système de récupération d’eau de pluie.

S’il n’y a pas de normes spécifiques de potabilité pour l’abreuvement des ruminants, une analyse par an sur les aspects physiques, chimiques et bactériologiques est recommandée. L’eau de pluie étant considérée comme déminéralisée, il convient d’adapter ses apports en minéraux et oligo-éléments pour les bovins.

Les installations de traite doivent, quant à elles, être nettoyées par une eau certifiée potable.

Quel volume peut-on récupérer ?

En connaissant la pluviométrie annuelle de sa région, et la surface de collecte, on peut déterminer le volume d’eau disponible à la collecte. Sans surprise, 1 mm de précipitation permet de collecter 1 1/m².

Mais cette quantité est à pondérer selon le matériau de couverture. D’après le guide fourni par la Chambre d’agriculture, une toiture en matière dure (tuile ou ardoise) et en pente affiche un coefficient de restitution de 90 %. Une toiture en acier 80 %, et 70 % pour une toiture en fibrociment. Pour les toits terrasses, le ratio avoisine les 60 %.

Combien d’animaux puis-je abreuver ?

On considère qu’une vache allaitante consomme en moyenne 55 l par jour avec une ration sèche. En ration humide, la consommation baisse à 35 l par jour. Du côté des laitières, les besoins oscillent entre 75 et 90 l par jour avec une ration sèche, et 45 à 55 1 en ration humide.

Les fortes chaleurs (plus de 25 °C) entraînent une hausse de la consommation. On peut retenir un coefficient de 1,45 pour les journées en question.

Quel circuit de collecte mettre en place ?

Moins il y a de matière organique dans l’eau, moins il y aura de prolifération bactérienne. Il est donc important d’avoir des toitures, ainsi qu’un système de collecte, propres. Mieux vaut donc installer différents éléments filtrants sur le circuit de collecte pour recueillir les feuilles, mousses et autres éléments qui viendraient s’y glisser.

Penser au disconnecteur

Installer un disconnecteur (ou un dispositif qui évacue les premiers litres d’eau de pluie du circuit de collecte) évite que l’eau souillée par la poussière ou les débris présents en toiture ne se retrouve dans le stockage.

Le disconnecteur évite que les premiers litres d’une averse ne se retrouvent dans le stockage. (© Chambre d’agriculture d’Occitanie)

Filtres et cuve de décantation

La sortie du disconnecteur oriente ensuite l’eau vers un système de filtres à gravier et sable où sont captées les impuretés. Le filtre dirige ensuite l’eau vers une cuve de décantation. Pour la cuve de décantation, prévoir un « volume de décanteur au moins égal au volume d’eau de pluie maximum sur un jour ». « Sur un bâtiment de 800 m² avec 100 mm de pluie au maximum sur un jour, la cuve soit faire dans les 5,8 m3. » Le trop-plein du bassin de décantation pourra alors alimenter le bassin de stockage.

Les étapes de filtrage et de décantation permettent de stocker l’eau la plus propre possible. (© Chambre d’agriculture d’Occitanie)

Comment stocker l’eau ?

Le stockage doit autant que possible limiter les variations de température et l’exposition à la lumière. Les stockages fermés sont à privilégier pour éviter la pollution des eaux. Les fosses enterrées et fermées, ou les fossés creusés, sont donc à privilégier. Il reste cependant essentiel de proposer un accès facile aux cuves pour le nettoyage. Une vidange et un nettoyage sont d’ailleurs conseillés une fois par an.

Un système de trop-plein est également à intégrer, avec un clapet anti-retour pour évacuer le surplus, tout en empêchant les indésirables de rentrer.

Comment utiliser l’eau ?

Le tuyau est à installer avec un flotteur de sorte à aspirer l’eau à une dizaine de centimètres de la surface pour éviter les impuretés stagnantes, ainsi que celles du fond du réservoir.

Enterrer les réseaux d’eau (60-80 cm) permet d’éviter l’échauffement, ainsi que le gel en hiver.