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Chauffage et litière : Michel Senon exploite tout le potentiel de ses haies


TNC le 13/01/2025 à 05:23
Chantierdeplaquettesdebois

Une déchiqueteuse de la Cuma vient sur la ferme pour produire chaque année entre 500 et 800 m3 de plaquettes. (© Chambre d'Agriculture de Haute-Vienne)

À l’occasion d’un webinaire diffusé par la Chambre d’agriculture de Charente, Michel Senon explique comment il valorise ses haies. Avec 200 ha de SAU bordés de noisetiers et charmilles, l’agriculteur parvient à extraire 450 m3 de plaquettes de bois chaque année. Une manière pour lui de se chauffer, et d’utiliser une litière bon marché pour ses bovins.

Éleveur bovin en Haute-Vienne, Michel Senon accorde une importance toute particulière à l’autonomie. Que ce soit pour la ration de ses vaches ou la litière, il mise sur les productions de la ferme, alors pourquoi pas pour le chauffage ? « Quand j’ai acheté ma maison, je cherchais un moyen simple de la chauffer, et j’ai pensé au bois ». Mais la corvée de bois a de quoi rebuter… L’agriculteur a donc cherché à mécaniser autant que possible son utilisation. « Je suis parti sur la plaquette », résume Michel. Une technique qui permet en plus d’utiliser l’excédent de production pour la litière des bovins.

Avec un peu plus de 200 ha de SAU jalonnés de haies, la Chambre d’agriculture de la Haute-Vienne a estimé le potentiel de production de l’agriculteur autour de 450 m3. « Cela correspond au volume annuel qu’il est possible de sortir sans porter atteinte aux haies », explique Louis-Marie Mainguy, conseiller forestier. « Nous avons pas mal de dénivellations sur le parcellaire, avec des talus plantés d’arbres, des haies de noisetier, de charmilles… Et il n’est pas exclu qu’un jour, on réimplante des haies en bordure de parcelle », complète Michel Senon. L’agriculteur peut également compter sur quelques parcelles de bois pour compléter sa production.

Au total, il ne réalise pas moins de 800 mde plaquette chaque année. « J’ai 200 m3 qui proviennent de branchages apportés par des voisins, et le reste provient de l’élagage d’arbres ».

450 mde bois disponible par an grâce aux haies

À chaque fin d’été, l’agriculteur élague une de ses parcelles. À l’aide d’une pince à bois Escomel sur le télescopique, il coupe les haies de noisetier ou de charmilles au pied. « Cela va assez vite, on peut couper l’équivalent de 200 m3 de bois en une journée de travail ». Pour les arbres, l’éleveur préfère l’élagage. « Sur les gros chênes, on fait un élagage tous les 25 ou 30 ans ».

Les branchages attendent ensuite un mois en tas, le temps que les feuilles sèchent, avant de passer dans la déchiqueteuse. « Encore une fois, cela va vite. On arrive à passer 500 m3 de bois par jour ».

Avant d’utiliser les plaquettes, il faut attendre qu’elles sèchent. Pour ce faire, Michel Senon les stocke dans un bâtiment aéré. « Le tas va naturellement monter en température, jusqu’à 70 °C, ce qui permet le séchage du bois. On voit alors l’humidité remonter en haut du tas, qui fume légèrement ». « Ça n’est pas comme avec du foin, ou la matière organique rejette des gaz qui pourraient s’enflammer. Ici, c’est la chaleur qui permet de sécher le bois ». En trois mois, les copeaux de l’agriculteur passent de 35 % d’humidité à 18-20 %.

100 m3 de plaquettes reviennent au prix d’achat d’un camion de paille.

Les plaquettes sont avant tout pensées pour le chauffage. À tel point que l’agriculteur a convaincu la municipalité d’installer une chaudière à plaquette pour chauffer les bâtiments publics de la commune. « Nous vendons le bois autour de 30 € le m3. Cela représente une belle économie pour la commune, dont la facture est passée de 16 000 € avec un système au fuel, à 6 000 via les copeaux ».

Pour l’éleveur, le principal coût provient du broyage. « Hors manutention, on est autour de 8 à 10 € le m3 broyé. Je pense que 100 mde plaquettes équivalent au prix d’un camion de paille à l’achat, donc c’est une manière de réduire ses coûts de litière ».

Le surplus de copeaux est utilisé en litière

Le surplus de copeaux est utilisé pour effectuer la litière des bovins. « J’ai tout de même un peu de paille avec la production céréalière, alors j’utilise souvent les plaquettes en base de litière, avec entre 5 et 10 cm de copeaux sur toute la stabulation ».

La litière apporte satisfaction. « Côté salissement des animaux, il n’y a pas de problème. C’est plus sur le plan visuel que c’est assez surprenant. Lorsqu’on paille, c’est tout jaune, ça donne une impression de propre, alors qu’avec les plaquettes, ça reste sombre même quand c’est propre, mais cela absorbe très bien », estime Michel Senon.

Les copeaux font en moyenne 1,5 cm sur 3 mm d’épaisseur. « C’est ce qui convient le mieux pour les chaudières que nous avons installées, et ça marche aussi pour les bovins », constate l’agriculteur. « On peut aussi utiliser des plaquettes plus grandes en litière, jusqu’à 5 ou 6 cm sans problème », complète Louis-Marie Mainguy.

Pour la distribution, l’agriculteur étale simplement les plaquettes avec le godet du télescopique, et les vaches finissent le travail. « On a essayé avec un épandeur ou une pailleuse, mais ça ne marchait pas. Il y avait beaucoup trop de poussière ».

La litière est ensuite épandue sur les parcelles. « Cela fonctionne bien, il y a toujours un peu de fumier avec les plaquettes donc elles se dégradent bien », apprécie l’éleveur.