Comment va évoluer le marché européen de la viande bovine d’ici à 2032 ?
TNC le 27/12/2022 à 06:00
Baisse de la production et de la consommation, hausse des exports de viande, déclin puis stabilisation des prix : la Commission européenne a présenté ses prévisions pour le marché communautaire de la viande bovine d’ici à dix ans.
Dans ses perspectives agricoles 2022-2032, parues le 9 décembre, la Commission européenne propose sa vision des marchés de la viande pour les dix ans qui viennent.
Malgré « l’aide couplée au revenu, certains écorégimes mis en place dans le cadre de la nouvelle Pac, et des perspectives de prix relativement bonnes », elle s’attend à ce que la production communautaire de viande bovine continue de décliner : – 0,6 Mt en dix ans, soit – 9 %. Le cheptel allaitant devrait chuter de 6 % (-636 000 têtes) pour atteindre 9,9 millions de têtes. En cause : « une faible rentabilité et des préoccupations environnementales croissantes ».
Le poids moyen à l’abattage devrait poursuivre sa légère tendance à la hausse « grâce aux technologies de pointe » (en particulier la gestion des produits germinaux : embryons, semences, ovules) et à une « part plus importante d’animaux de type viande dans le cheptel bovin de l’UE. Cette tendance devrait néanmoins être limitée en raison de passages à des systèmes de production bio et plus extensifs.
Côté consommation, la Commission prévoit que la tendance à la baisse observée ces derniers mois va se poursuivre, « en raison d’une faible disponibilité et de prix élevés » : la consommation de viande bovine pourrait passer de 10,3 à 9,5 kg/an/habitant d’ici à 2032. Le rapport anticipe de fait un basculement du panier de consommation de boeuf et de porc vers la volaille, pour laquelle la consommation passerait de 23,4 à 24,1 kg/an/habitant.
Hausse des exports du viande et baisse des exports d’animaux vivants
En matière d’échanges, la demande mondiale de viande bovine est attendue en hausse entre 2020-22 et 2032, si bien que les exports de l’UE devraient augmenter de 1,1 % par an. Ils devraient surtout se diriger vers « les marchés à forte valeur ajoutée de ses pays voisins (Royaume-Uni, Suisse, Norvège) » et les pays avec lesquels elle a récemment conclu des accords commerciaux de libre-échange » : le Japon et le Canada.
Attention, nuance le rapport de la Commission : les accords qui seront prochainement signés entre le Royaume-Uni et l’Australie d’une part, et les USA d’autre part, pourraient fortement modifier ces prévisions.
Les exports d’animaux vivants de l’UE devraient de leur côté diminuer de 2,8 % par an d’ici à 2032, en raison de la concurrence d’autres fournisseurs et des préoccupations croissantes au sujet du bien-être des animaux dans les transports longue-distance.
Quant aux importations de viande bovine, elles devraient augmenter lentement et atteindre dans dix ans « un niveau proche de l’avant-Covid ».
Vers un déclin des prix
Arès la hausse constatée en 2022, la Commission européenne évoque une baisse des prix des bovins, liée à une offre et une demande plus équilibrées et à une réduction des coûts attendue en UE comme dans le reste du monde : « le prix pourrait se stabiliser légèrement au-dessus de 4 000 €/t, évalue-t-elle, soutenu par la demande internationale ».
Toutes viandes confondues, le rapport note que dans les dix ans qui viennent, la durabilité et les préoccupations sociales devraient jouer un rôle de plus en plus important sur les marchés de la viande de l’UE, aussi bien du côté des producteurs que de celui des consommateurs.
Parmi les autres facteurs qui influenceront les marchés et rendent ses prévisions plutôt incertaines, il cite l’évolution de la démographie européenne, la propagation des maladies animales, l’ouverture des marchés via de nouveaux accords de libre-échange, la géopolitique, les pratiques agricoles innovantes, etc.
Il ajoute que « la viande cultivée ne devrait pas devenir un concurrent important pour la viande dans les dix prochaines années », notamment pour des questions de prix, d’acceptation et de d’exigences réglementaires plus faibles. Et si le passage aux régimes à base de plantes pourrait amener de plus en plus d’alternatives protéiques à la viande, « ils ne devraient détenir qu’une très petite part de marché ».