Concevoir et aménager ses prairies en faveur du pâturage tournant dynamique
TNC le 29/01/2020 à 06:03
Quels paramètres prendre en compte pour découper les prairies ? Comment faire tourner les animaux sur les parcelles ? Quelle forme et quelle taille des paddocks ? Shane Bailey de Pâturesens livre ses conseils pour préparer les pâtures et lancer la mise à l'herbe du troupeau.
Alors que certains chanceux ont déjà pu sortir leurs bêtes à l’herbe, pour d’autres c’est mission clôture et plan de pâturage. L’hiver est la bonne période pour anticiper la mise à l’herbe et déjà réfléchir à la période critique.
Mes vaches vont à l’herbe de février à décembre. L’hiver est donc le moment propice pour vérifier les clôtures avant la saison de pâturage de l’année ! Et sans oublier que je dois aussi faire le point sur l'administratif de mon élevage : comptabilité, trésorerie, déclaration… pic.twitter.com/DjK2WlKoMq
— Agribretagne (@agribretagne) January 16, 2020
Shane Bailey, gérant de Pâturesens rappelle les 2 piliers de la réflexion pour créer son parcellaire : la durée de rotation (temps de retour nécessaire pour que l’herbe soit au bon stade) et le besoin des animaux (en prenant le besoin alimentaire du plus gros lot au plus fort de ses besoins). « Ces 2 paramètres permettent de définir le nombre et la taille des paddocks. À savoir que le nombre de paddocks est plus important que la taille de la parcelle. »
Une fois qu’on a déterminé la durée de rotation et le besoin des animaux, on regarde ce qui est faisable dans son système : « Si on n’a pas assez de surface, c’est la durée de rotation qui prime et il faut trouver des solutions pour complémenter les animaux. »
Pour la subdivision des parcelles, il existes deux systèmes : le paddock et le couloir en fil avant et arrière :
Système de pâturage en paddocks tournants
Le système de paddocks correspond à des parcelles fixes allouées aux animaux pour une période déterminée (1 à 3 jours). Ces parcelles sont délimitées par une clôture fixe et accessibles par des chemins stabilisés ou non. « La subdivision en paddocks et particulièrement adaptée à la production laitière et aux productions ovines car le besoin reste assez stable tout au long de l’année. » Autre avantage : les parcelles sont déjà faites, il n’y a que des barrières à ouvrir. C’est simple à utiliser.
Pour ce qui est de la forme des parcelles, l’expert déconseille le triangle : « Les animaux n’aiment pas être dans les angles car ils se sentent coincés. Et de cette manière, on perd 30 à 40 % de MS par parcelle. » Le rectangle est faisable, à condition de ne pas dépasser 1 pour 4 en longueur et largeur car « les animaux iront directement dans le fond du paddock et par fainéantise ne reviendront pas au début, ce qui créera des zones plus ou moins pâturées. » L’idéal reste le carré.
Autre chose : les barrières. Mieux vaut privilégier en fermeture en triangle (plutôt qu’être dans la continuité de la clôture, la porte est un peu plus retirée, en biais) pour économiser du temps à chaque passage. « Les vaches n’aiment pas sortir sur un angle à 90°, c’est plus facile pour elles d’être orientées. » D’ailleurs, Shane recommande d’utiliser une matière visible pour que les animaux détectent bien la sortie (exemple : du fil blanc).
Système de pâturage en couloir avec fil avant et fil arrière
« En engraissement et allaitant, il faut un système plus flexible qu’en paddocks car le besoin des animaux varie dans le temps et on ne peut pas modifier la taille des paddocks. Des vaches qui avancent dans l’engraissement auront plus de besoins au fur et à mesure. À l’inverse, quand elles quitteront la ferme, le nombre d’animaux par parcelle diminuera et on se retrouvera avec trop d’herbe. Dans ce cas, le système de couloir en fil avant et arrière, aussi appelé techno pâturage, convient parfaitement car on peut ajuster la taille des parcelles et donc la ressource. »
En pratique, il s’agit de faire des couloirs de même largeur au sein d’un îlot puis d’y placer un fil avant et un fil arrière. Les piquets de la clôture fixe sont disposés à distance égale afin de calculer facilement la taille de parcelle allouée quotidiennement. Shane recommande 3 tailles différentes pour les couloirs :
– 40 m de large avec un piquet tous les 25 m sur la ligne pour obtenir 1/10 d’ha entre chaque piquet : pour des troupeaux de plus de 30 animaux
– 25 m large avec un piquet tous les 25 m (1/16 ha entre chaque piquet) : pour des troupeaux de moins de 20 animaux (si + d’animaux : surpâturage)
– 50 m de large avec un piquet tous les 20 m (1/10 ha) : surtout pour les ovins.
« Même si ça fait économiser de la clôture, mieux vaut ne pas dépasser 40 m de large en bovin et 50 m en ovins. »
Ce système présente plusieurs avantages : « On n’électrifie que le couloir utilisé, contrairement au système de paddocks où on met du courant partout. Quant aux abreuvoirs, on ne les gère qu’un couloir sur deux en disposant un tuyau au sol sous la clôture avec un raccord et c’est le bac qui suit les animaux sur chaque parcelle. » Il rappelle d’ailleurs qu’il n’y a pas besoin d’un gros bac à eau, c’est surtout la pression qui compte.