Dans les Landes, un deuxième élevage de canards touché
AFP le 10/12/2020 à 09:45
Un deuxième élevage de canards a été contaminé par la grippe aviaire dans les Landes où « la maladie progresse », faisant craindre une nouvelle crise d'ampleur pour la filière gras du Sud-Ouest, déjà touchée par l'épidémie de Covid-19 qui a fermé les restaurants et limité les occasions festives.
La préfecture a annoncé dans la nuit de mercredi à jeudi qu’un nouvel élevage avait été contaminé par une « influenza aviaire hautement pathogène H5N8 » dans ce département des Landes où « la maladie progresse ».
Ce nouveau foyer, identifié dans la commune de Saint-Geours-de-Maremne, a été confirmé par le laboratoire national de référence de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire), a précisé la préfecture dans un communiqué.
Cette commune se trouve dans le sud-ouest du département, non loin de Bénesse-Maremne, où un premier cas avait été confirmé en début de semaine dans un autre élevage dont les quelque 6 000 canards ont été abattus.
« La mairie est en train de prendre contact avec la centaine d’habitants identifiés dans la commune, pour leur dire de prendre toutes les précautions de mise à l’abri des poules, coqs et autres canaris qui sont détenus aussi bien par des éleveurs professionnels que par des particuliers », a-t-il expliqué.
« Pour un éleveur, c’est un coup très dur. Voir ses 15 000 bêtes partir comme ça, c’est traumatisant moralement par rapport au travail fourni et financièrement bien sûr. Et il y a des dégâts collatéraux. Un autre éleveur de la commune qui devait livrer aujourd’hui 900 oeufs est également à l’arrêt », a ajouté l’édile.
La commune, qui avait déjà connu un cas de grippe aviaire en 2016, est aussi le siège de Labeyrie. Mais l’éleveur touché « n’est pas un partenaire » du groupe de foie gras et saumon, a assuré à l’AFP un porte-parole. La préfecture a rappelé que « les personnes par leurs tenues, (vêtements, bottes…), les roues de véhicule, le matériel peuvent être porteurs du virus après avoir été en contact avec des oiseaux infectés, domestiques ou sauvages ». Elle appelle aussi « à la plus grande vigilance de tous les acteurs, notamment les éleveurs, les promeneurs, les chasseurs, les propriétaires particuliers de basses-cours, les autres détenteurs d’oiseaux et les vétérinaires pour tout mettre en œuvre afin de se protéger contre la propagation de ce virus ».
« On peut vous montrer du doigt »
Aux premières suspicions, « la réaction est très rapide (…) On a tiré les leçons de la crise de 2016-2017 », a expliqué à l’AFP Jean-Pierre Dubroca, élu au pôle palmipèdes à la chambre d’agriculture des Landes. « Dès qu’on a une suspicion, tous les flux entrants et sortants, qu’ils soient humains ou animaux sont arrêtés pour éviter la propagation ».
« Malgré tout c’est dur à vivre psychologiquement pour les éleveurs touchés. On peut vous montrer du doigt alors que vous n’y êtes pour rien », a-t-il ajouté. Pour tenter d’isoler la progression du virus, non transmissible à l’homme, la préfecture a placé une douzaine de communes dans une « zone de protection » tandis qu’une zone de surveillance plus étendue en inclut davantage.
Dans la première zone, avait détaillé la préfecture lors du premier cas, les services sanitaires vont effectuer des prélèvements obligatoires dans toutes les exploitations et les basses-cours. Dans la seconde, cette obligation ne porte que sur les élevages de canards. Dans les deux zones, les mouvements d’animaux sont interdits, tout comme la chasse au gibier à plumes.
Ce « retour » du H5N8 renvoie les éleveurs de canards de la filière gras du Sud-Ouest aux crises des hivers 2015/16 et 2016/17, quand des épizooties de grippe aviaire avaient engendré des abattages massifs : plus de 25 millions de canards (sur quelque 35 millions élevés en France) lors de la première crise, 4,5 millions lors de la deuxième.
La propagation du virus intervient alors que la profession connaît déjà des difficultés en raison de l’épidémie de Covid, qui a fermé les restaurants et supprimé les réunions familiales et festives. Et ce, à quelques semaines des fêtes de fin d’année, pic de consommation d’une filière dont les débouchés se répartissent à 40% en grande distribution, 40 % en restaurants et le reste à l’export.