Début d’année difficile pour le marché du jeune bovin
TNC le 26/02/2020 à 09:41
Les abattages de jeunes bovins sont en recul en France depuis le début de l'année, mais pour autant, les prix ne remontent pas. Le marché européen du jeune bovin est en difficulté, pourtant il est loin d'être saturé. La tendance des prix est globalement à la baisse partout en Europe. En France, la production devrait encore diminuer sur 2020.
Tendances viande bovine de février 2020, zoom sur le marché des JB en Europe :
Baptiste Buczinski Tendances fevrier 2020 from Institut de l'Elevage – idele on Vimeo.
Les abattages de jeunes bovins (JB) sont en net retrait sur les cinq premières semaines de 2020, que ce soit en lait (- 13 % /2018) ou en viande (- 7 % /2019). L’engraissement de JB lait, principalement réalisé par des éleveurs laitiers, continue de baisser, avec des effectifs mis en place pour des sorties en 2020 qui poursuivent leur recul. Mais pour le JB viande, les effectifs sont en hausse et les sorties pourraient rebondir durant le premier semestre de l’année. Pourtant, malgré les abattages en recul, les prix ne remontent pas.
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Un marché du JB déprimé en Europe
La situation communautaire du marché du JB est assez déprimée en ce début d’année. Partout en Europe, les cours ont démarré l’année au plus bas (à l’exception de l’Italie), ce qui pèse sur le marché français.
La hausse saisonnière des cours des JB s’est arrêtée précocement en France pour les meilleures conformations. « La cotation des JB U est restée stable sur les quatre dernières semaines quand celle des JB R a reculé. À respectivement 4,05 €/kg de carcasse et 3,88 €/kg de carcasse fin janvier (semaine 5), ces cotations se situent toutes deux à des niveaux intermédiaires, mais proches de celles des deux années précédentes », note l’Idele dans son dernier numéro de Tendances Lait Viande de février 2020. Le cours du JB O n’est pas concerné et poursuit son redressement, malgré un prix toujours inférieur aux deux années précédentes, à 3,35 €/kg.
France | Prix (semaine 5) | Variation au cours des 4 dernières semaines | Variation /2019 | Variation /2018 |
JB U | 4,05 €/kg de carcasse | Stable | + 1 % | – 1 % |
JB R | 3,88 €/kg de carcasse | – 2 cts (-1%) | +1 % | – 1 % |
JB O | 3,35 €/kg de carcasse | + 2 cts (+1%) | – 1 % | – 3 % |
Quant aux exportations françaises de viande bovine réfrigérée et congelée, sur les 11 premiers mois de 2019, elles étaient en retrait sur l’essentiel des destinations comme l’Italie (- 8 % /2018), l’Allemagne (- 7 %) ainsi que la Grèce (- 2 %).
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- En Italie, la baisse saisonnière a déjà commencé
« Même si les prix sont encore élevés, la baisse saisonnière s’est enclenchée précocement » en Italie. Les effectifs de mâles de un à deux ans présents en élevage à fin janvier restent stables au cours des derniers mois mais en recul comparé à 2019 (- 0,9 %) et 2018 (- 7 %). « Face à une demande plus limitée des abattoirs, les effectifs de mâles à sortir dans les mois à venir seront contenus. Les effectifs de femelles sont eux, un peu plus étoffés », affirme l’Idele. Les importations italiennes de viande bovine réfrigérée et congelée sont globalement restées stables durant les 10 premiers mois de 2019, comparé à 2018. Alors qu’elles ont baissé depuis la France (- 10 %) et l’Allemagne (- 12 %) en raison des disponibilités limitées, elles ont à l’inverse augmenté depuis la Pologne (+ 10 %).
Italie | Prix (S5) | Variation au cours des 4 dernières semaines | Variation /2019 | Variation /2018 |
JB charolais de 700-750 kg à Modène | 2,72 €/kg vif | – 1 cts | + 3 % | – 1 % |
JB limousin de 600-650 kg | 2,84 €/kg vif | – 1 cts | + 2 % | + 1 % |
Jeune femelle charolaise | 2,59 €/ kg vif | Stable | – 2 % | – 2 % |
Jeune femelle limousine | 2,89 €/kg vif | Stable | – 3 % | – 2 % |
- En Allemagne, des prix au plus bas
Quelle que soit la conformation, « les cours sont en baisse et ont démarré l’année au plus bas depuis 10 ans », souligne l’Idele, et ils ont continué de chuter depuis le début de l’année. « La demande des abattoirs allemands en JB est limitée et les effectifs abattus suffisent largement à répondre à la demande, ce qui induit des prix bas ». Une tendance qui devrait se poursuivre sur tout le mois de février.
Allemagne | Prix (S5) | Variation au cours des 4 dernières semaines | Variation /2019 | Variation /2018 |
JB U | 3,69 €/kg de carcasse | – 9 cts (- 2%) | – 3 % | – 8 % |
JB R | 3,63 €/kg de carcasse | – 8 cts (- 2%) | – 3 % | – 8 % |
JB O | 3,37 €/kg de carcasse | – 2 cts (- 1%) | – 2 % | – 7 % |
- En Pologne, la baisse se poursuit
Les cours ont démarré à un des plus bas niveaux enregistrés à cette période durant la dernière décennie et poursuivent leur baisse, avec un net repli comparé aux campagnes précédentes (- 7 %/2019 et – 13 %/2018). Ils peinent à rebondir suite au dévissage du début de l’an dernier. Sur le cumul des 10 premiers mois de 2019, les exportations ont atteint près de 395 000 téc, en baisse comparé à 2018 (- 2 %) et 2017 (- 3 %). Mais depuis août 2019, les exportations mensuelles polonaises de viande bovine réfrigérée et congelée sont plus élevées qu’en 2018. « Il existe encore des stocks de mâles sur pied en ferme et la situation pourrait rester compliquée à court terme », souligne l’Idele.
Pologne | Prix (S5) | Variation au cours des 4 dernières semaines | Variation /2019 | Variation /2018 |
JB R | 3,06 €/kg de carcasse | – 6 cts (- 2%) | – 7 % | – 13 % |
JB O | 2,98 €/kg de carcasse | – 4 cts (- 1%) | – 7 % | – 13 % |
- En Irlande, une production de JB plus limitée
Les prix des jeunes bovins ont légèrement augmenté en 2020. En prévision du Brexit, la production de JB destinée à l’Europe continentale avait augmenté durant le premier semestre 2019, aux dépens du bœuf à destination du marché britannique, alors qu’il s’agissait auparavant de la priorité du pays. Mais le marché déprimé du JB en Europe a limité le phénomène au cours du second semestre.
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En somme, les abattages de JB dans les établissements irlandais agréés pour l’export n’ont augmenté que de 2 % en 2019 par rapport à l’année précédente. Sur les cinq premières semaines de 2020, « le nombre de JB achetés par ces abattoirs a régressé de 18 % par rapport à 2019, alors que les abattages de bœufs ont augmenté de 6 % ». Les exportations de viande bovine réfrigérée et congelée vers le Royaume-Uni ont nettement baissé au cours des 11 premiers mois de 2019 (- 12 % comparé 2018, à 210 000 téc), tandis qu’elles ont augmenté vers les autres pays européens (+ 8 % comparé 2018, à 176 000 téc) et vers les pays tiers (x 2,3 par rapport à 2018, à 50 000 téc), surtout vers la Chine et Hong-Kong.
Irlande | Prix (S5) | Variation au cours des 4 dernières semaines | Variation /2019 | Variation /2018 |
JB R | 3,21 €/kg de carcasse | + 8 cts (+ 3%) | – 2 % | – 10 % |
- En Espagne, les abattages en excès pèsent sur les cours
Malgré une légère amélioration fin 2019, les cotations espagnoles démarrent l’année sur un faible niveau. Le prix du JB R est inférieur aux niveaux des quatre dernières années. Les débouchés en vif sont insuffisants et fluctuent, ce qui perturbe le marché, constate l’Idele. En novembre 2019, les abattages étaient en recul de 2 % comparé à 2018 (- 3 000 têtes), mais l’effectif de mâles non castrés abattus sur 11 premiers mois a augmenté de 2 % (+ 33 000 têtes). « Ces volumes supplémentaires destinés au marché européen qui est en difficulté pèsent sur les cours ».
Espagne | Prix (S5) | Variation au cours des 4 dernières semaines | Variation /2019 | Variation /2018 |
JB R | 3,63 €/kg de carcasse | – 2 cts (-1%) | – 4 % | – 8 % |
Une production attendue en baisse en 2020
La baisse de production devrait se poursuivre pour les jeunes bovins laitiers en 2020, « en lien avec la diminution structurelle de cette production depuis la fin des quotas laitiers », selon Baptiste Buczinski de l’Idele, mais la baisse devrait tout de même être partiellement compensée par un rebond de la production au cours du premier semestre, compte tenu « des stocks en ferme qui sont actuellement un peu plus étoffés que l’année dernière ». De façon plus générale, l’Idele s’attend à une baisse de 2 % de la production française de viande bovine en 2020 par rapport à l’année passée, résultat de la « diminution du cheptel, quelle que soit l’orientation, laitière ou viande, et quels que soient les catégories et l’âge des animaux ».
Pour en savoir plus sur les prévisions de l’Idele pour la viande bovine en 2020 : Des importations en hausse pour compenser une production en déclin