Des carrières (un peu) plus longues chez les vaches laitières
TNC le 18/12/2024 à 14:20
En France, une vache laitière fait à peine 3 lactations dans sa carrière. En cause : des taux de réforme pesants en élevages, dus à des problèmes de reproduction et aux infections mammaires. Mais pas seulement, la gestion du renouvellement pose question également.
La carrière des vaches laitières française semble tout doucement s’allonger : c’est la bonne nouvelle publiée par l’Institut de l’élevage à l’issue de l’analyse des résultats de contrôle laitier. À l’échelle nationale, une vache laitière vivrait en moyenne 70,5 mois (presque 6 ans) et ferait près de 3 lactations dans sa carrière (2,95 exactement).
Bien sûr, c’est une moyenne. Il existe des disparités par race :
Le renouvellement remis en cause
D’après les données de contrôle laitier, les trois phases dans la carrière une vache se répartissent en moyenne selon les proportions suivantes : 48 % en tant que génisse, 43 % en lactation et 9 % en tarissement. La phase élève est donc plus longue que la phase productive…
Est-ce les génisses qui poussent les vaches à la réforme ? L’Idele mène actuellement le projet Alonge sur la gestion des réformes et du renouvellement. Les premiers résultats l’affirment : la stratégie de renouvellement, et notamment lorsqu’on élève plus de génisses que nécessaire, peut pousser certaines vaches vers la sortie sans vraie cause de réforme.
Par ailleurs plusieurs paramètres influencent la longévité des vaches laitières :
– l’âge au 1er vêlage : la durée de vie des vaches augmente avec l’âge au vêlage, d’après les chiffres. En revanche, la durée de lactation cumulée diminue. En d’autres termes, la production totale sur la carrière semble plus faible avec des vêlages plus tardifs (on en revient à une durée trop longue de la phase génisse non productive) ;
– la taille du troupeau : la durée de vie des vaches serait plus courte dans les grands troupeaux (en revanche, la productivité augmente avec la taille des troupeaux)
– la production en 1ère lactation (qui impactera sa suite dans le troupeau via la sélection) ;
Et aussi d’autres paramètres qui restent à étudiéer [à noter : le projet Alonge court jusqu’en 2026, NDLR] à l’échelle de l’individu (la race, la gestion de la reproduction, la région), et du troupeau (impact du système de traite, stratégie de renouvellement, gestion du tarissement, pratiques d’alimentation, élevage des génisses…).
La reproduction : première cause de réforme
En suivant plus de 300 élevages, les parties prenantes du projet Alonge ont identifié les principales causes de réforme :
– en multipares : la reproduction en premier, puis les infections mammaires (cellules et mammites cumulées), et les troubles locomoteurs ;
– en primipares : la reproduction en première cause également, puis une production insuffisante, et derrière la sélection génétique.
Sur les infections mammaires, les données de controle laitier montrent qu’une vache avec un statut défavorable (> 200 000 cellules) en début de lactation a une probabilité très forte d’être toujours infectée en fin de lactation. Et avec peu de chance de guérison pendant la période tarissement si elle a encore ce statut défavorable en fin de lactation.
En ce qui concerne les problèmes de reproduction, une piste évoquée récemment serait d’allonger les lactations pour faire perdurer les bonnes vaches en lait et leur donner plus de chances de prendre à l’IA si celle-ci est retardée. Un récent sondage paru récemment sur Web-agri interrogeait les éleveurs sur le sujet : « Est-ce qu’une bonne production laitière pourrait vous inciter à retarder la mise à la repro d’une vache (allonger l’IVV) ? » La réponse est oui pour 60 % d’entre eux.