Des jeunes prennent la relève, alliant savoir-faire ancestral et modernité
TNC le 25/03/2021 à 13:52
Quel est le secret du Beaufort ? Non pas de fabrication, mais de transmission ? Celui grâce auquel il parvient à séduire la jeune génération, qui reste fidèle à ses montagnes et s'installe en élevage avec transformation fromagère ? Sans doute le mélange de tradition et de modernité selon Pierre Poccard, qui travaille avec plusieurs jeunes au Gaec Alpin. L'autre "ficelle du métier" : la double activité qui, si elle est quasi obligatoire, est aussi très appréciée comme le soulignent, dans leurs témoignages, Anaïs, Clément et Jérôme.
« Au sein du Gaec Alpin (situé au Peisey-Nancroix, dans la vallée savoyarde de la Tarentaise) et de la filière Beaufort », Pierre Poccard, l’un des associés, est « l’un des hommes le plus heureux ». « Car derrière, il y a des jeunes qui s’impliquent dans un savoir-faire ancestral », façonné sur l’exploitation « depuis quatre générations ». « On a la chance de travailler un produit qui allie tradition et modernité », insiste le vice-président du syndicat du Beaufort et président de la race Tarentaise. Un atout pour pouvoir « transmettre » l’activité et « ne pas être les derniers » à l’exercer.
Brosses électriques, matelas de logettes, robot repousse-fourrage : une stabulation tout confort !
Un tiers des producteurs en double activité
« Mes vaches sont dans un bâtiment tout confort, équipé de brosses électriques en libre-service, de matelas de logettes et de robot repousse-fourrage pour qu’elles aient du foin à volonté régulièrement », confirme Anaïs Poccard, future associée. Après son « boulot matinal à la ferme », la jeune femme est monitrice de ski à l’ESF (à cette époque normalement, c’est de saison sauf bien sûr avec la crise sanitaire actuelle liée au Covid-19). Ce qu’elle « préfère : emmener les skieurs sur les pistes pâturées par les animaux l’été pour leur faire partager » sa « passion ».
Partager ma passion avec les skieurs, les emmener sur les alpages pâturés l’été.
Clément Poccard, autre associé, est lui dameur au Peisey-Vallandry. Dans la production de Beaufort, « la double activité représente un tiers des actifs », explique Pierre Poccard. Elle permet de nouer « un vrai lien avec nos montagnes, en plus des vaches et du fromage ». Même si ce n’est pas toujours facile de concilier toutes ces casquettes. Damer les pistes, par exemple, se fait de nuit. « J’ai la chance d’être dans un Gaec familial où tout le monde est polyvalent et se remplace facilement », sans quoi il serait « impossible d’être double actif, donc d’être éleveur », reconnaît-il. Une organisation à plusieurs grâce à laquelle les agriculteurs réussissent à se dégager du temps pour les loisirs et le sport : ski de fond, peaux de phoque, etc.
Conserver un vrai lien avec les montagnes.
« Au départ, c’était un métier. C’est devenu une vraie passion ! »
Se remémorer les bons souvenirs en estives.
Quand le jeune homme, dans sa dameuse, se retrouve au sommet de la station des Arcs, il se « remémore les bons souvenirs de la période estivale avec ses animaux en alpages et ça fait du bien » ! Dans la journée, c’est aussi « beaucoup de travail » sur la ferme jusqu’à 16h30 – 17h, surtout pendant les vêlages. Il faut dire que le jeune éleveur consacre du temps à ses bêtes, qu’il bichonne. En particulier les veaux : « Il faut les gratter, les caresser, les rassurer, leur montrer qu’on les aime, ça ne donnera que de meilleures vaches ensuite ».
Sans le Gaec, impossible d’être double actif, donc d’être éleveur…
Quant à Jérôme Scalia, installé en 2011, il a conservé son emploi de dameur à La Plagne cinq jours par semaine. Durant son temps libre, il remplace ses collègues à la fabrication fromagère, et s’occupe de l’entretien et des réparations de matériel. « Au départ, c’était un métier. C’est devenu une vraie passion ! », constate-t-il. Si aujourd’hui, le producteur a « d’autres horizons que les alpages » environnants, il apprécie de damer chaque hiver des prairies qui lui sont « chères » parce qu’il y venait enfant avec ses parents, éleveurs.