Des ONG essaient de quantifier la déforestation liée à Casino au Brésil
AFP le 24/04/2025 à 09:53
Des ONG spécialisées ont estimé mercredi que la déforestation liée à la quantité de viande bovine vendue par le distributeur Casino en Amérique latine, où il n'est aujourd'hui plus présent, pourrait aller sur cinq ans jusqu'à « plus de 50 fois la superficie de la ville de Paris ».
L’Instituto Centro de Vida (ICV), une organisation brésilienne, s’est efforcé de quantifier la « perte systémique d’écosystèmes naturels liée à la quantité de viande bovine vendue par le groupe » en Amérique latine, selon un communiqué des organisations parmi lesquelles Envol Vert, Mighty Earth, Notre Affaire à tous ou Sherpa, qui avaient assigné Casino devant la justice française en mars 2021 au nom du devoir de vigilance.
La perte d’écosystèmes naturels est ainsi « estimée entre 99 212 et 526 459 hectares sur la période » 2018-2023, affirment-elles. L’estimation haute correspondrait « à plus de 50 fois la superficie de la ville de Paris », précisent les entités. « Si nous prenons uniquement en compte l’Amazonie, ce sont 327 591 hectares de végétation qui ont été détruits ».
La direction du groupe a indiqué à l’AFP n’avoir « pas encore eu connaissance de ce rapport et ne peut donc se prononcer sur ses conclusions », mais rappelle que le groupe n’est « plus présent au Brésil depuis la cession de sa participation majoritaire dans le groupe GPA en 2023 ».
Les associations reprochent de « ne pas avoir pris les mesures nécessaires »
La même source indique que « Casino a toujours pris très au sérieux les enjeux liés à la déforestation et aux droits humains », et que le groupe qui exploite les enseignes Monoprix, Franprix, CDiscount ou encore Naturalia, avait, « avant son retrait », mis « en place des mécanismes de vigilance renforcés sur sa chaîne d’approvisionnement brésilienne, en s’appuyant sur des standards internationaux et des audits réguliers ».
Depuis mars 2017, la loi française sur le devoir de vigilance oblige les entreprises basées en France et employant plus de 5 000 personnes sur le territoire, ou plus de 10 000 dans le monde, à prendre des mesures effectives pour prévenir les atteintes aux droits humains et à l’environnement sur l’ensemble de leur chaîne d’approvisionnement.
Les associations reprochent à Casino de « ne pas avoir pris les mesures nécessaires pour exclure de sa chaîne d’approvisionnement, au Brésil et en Colombie, le bœuf issu de la déforestation et de l’accaparement de territoires autochtones ».
Selon une d’entre elles, les avocats de Casino doivent rendre leurs conclusions d’ici à octobre, avant une audience judiciaire qui ne devrait pas avoir lieu avant 2026. En raison des pâturages nécessaires aux animaux, les élevages bovins au Brésil sont l’une des principales causes de déforestation.