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Devoir de vigilance : Carrefour attaqué sur son approvisionnement en thon


AFP le 17/03/2025 à 13:00

Les ONG Foodwatch et Bloom ont annoncé lundi assigner devant le tribunal judiciaire de Paris le géant de la distribution Carrefour, lui reprochant un manquement à son devoir de vigilance dans son approvisionnement en thon, ce que le groupe conteste.

« Carrefour n’interdit pas les méthodes de pêche destructrices dans ses approvisionnements, n’a pas adopté de limite maximale de mercure protectrice de la santé des consommateurs, et l’enseigne est par ailleurs incapable de démontrer que les conserves qu’elle vend sont exemptes d’abus de droits humains », tancent les associations dans un communiqué.

Dans un message à l’AFP, le distributeur « conteste fermement ces accusations et réaffirme ses engagements en faveur d’une pêche durable », assurant notamment avoir « stoppé tout approvisionnement en thon albacore pêché dans l’océan Indien ». Il estime que l’une des deux associations, Bloom, « souhaite simplement, sans oser l’écrire explicitement, que Carrefour cesse absolument toute vente de thon dans ses magasins ».

Foodwatch, qui défend les consommateurs, et Bloom, spécialiste de la protection des océans, rappellent que Carrefour se revendique comme une « société engagée au service de la transition alimentaire » et que l’enseigne est « soumise à la loi française sur le devoir de vigilance, qui l’oblige à prévenir les atteintes à la santé des personnes, aux droits humains et à l’environnement liées à ses activités et celles de ses fournisseurs ».

Coté en Bourse, le groupe Carrefour a davantage d’obligations en matière d’information au public et de transparence que certains de ses concurrents.

E.Leclerc et Lidl ne sont par exemple pas soumis au devoir de vigilance compte tenu de leur statut juridique, relèvent les deux associations.

La France avait adopté en 2017 une loi obligeant les entreprises qui emploient plus de 5 000 salariés dans l’Hexagone et plus de 10 000 dans le monde à publier un plan de vigilance.

Pauline Bricault, responsable de campagne pour l’association Bloom, relève notamment auprès de l’AFP que « 42 % des violations des droits humains en mer ont eu lieu à bord de navires thoniers », y compris sur des navires « appartenant à des entreprises qui sont fournisseurs de Carrefour ». Et que l’enseigne, de par sa taille, « a le pouvoir de tirer vers le haut tout le secteur en France et à l’international, en adoptant des politiques ambitieuses ».

Le distributeur a lui précisé appliquer « des standards stricts à ses fournisseurs de marque propre, incluant la présence d’un observateur extérieur sur tout bateau de pêche travaillant pour la marque Carrefour », et affirme que sa « transparence est totale ».

En octobre 2024, les deux ONG avaient assuré que le thon en conserve était largement contaminé au mercure, un métal lourd nocif pour la santé. Elles regrettaient que les teneurs maximales en vigueur en Europe, plus élevées pour le thon que pour d’autres espèces de poisson, aient été « établies en fonction du taux de contamination des thons constaté et non en fonction du danger que représente le mercure pour la santé humaine ».

Les professionnels de la conserve avaient répondu que, dans une « base » de plus de 2 700 résultats d’analyses collectées depuis 8 ans au niveau français, la teneur en mercure des échantillons contrôlés se situait en moyenne « nettement sous la limite réglementaire de 1 » et « très en deçà » des résultats diffusés « de façon alarmiste » par les associations.