Du pâturage tournant dynamique pour les Blondes d’Aquitaine
TNC le 13/11/2019 à 10:21
Avec 5 années de recul en pâturage tournant dynamique pour les 60 mères Blondes d'Aquitaine de son troupeau, Stéphane Faidy confie : « Si c'était à refaire, je le referai ! » Meilleure productivité des prairies, arrêt de la fertilisation minérale, docilité du cheptel... : l'éleveur des Deux-Sèvres constate de nombreux avantages.
Installé à Saint-Martin-de-Saint-Maixent dans les Deux-Sèvres, Stéphane Faidy élève 300 chèvres et 60 mères Blondes d’Aquitaine sur 136 ha, dont 98 ha de prairies. Il explique dans la vidéo ci-dessus : « On a un parcours de pâturage tournant dynamique (PTD) de 18 ha pour les mères en lactation et leurs veaux et 53 ha de pâturage tournant « simple » pour les génisses, vaches taries et vaches pleines. Les 27 ha restants sont consacrés à la fauche avec notamment 7 ha de luzerne. On essaie d’alterner les prairies de pâturage « simple » et celles de fauche pour diversifier les espèces présentes. » Concernant la récolte de l’herbe, l’éleveur privilégie le foin et l’enrubannage, « ce qui permet de déprimer les prairies multi-espèces. »
Du pâturage tournant dynamique pour les mères et leurs veaux
L’exploitation est passée au PTD il y a 5 ans. « Sur ce parcours sont présentes des mères à veaux essentiellement. On gère le nombre d’animaux par paddock en fonction de la pousse de l’herbe. Au maximum, les bêtes restent 3 jours sur un paddock. » Pour ce faire, Stéphane se fie à la météo mais surtout au stade physiologique de la plante : « Le stade 3 feuilles est le plus intéressant : il assure une bonne production laitière pour les mères et une bonne croissance pour les veaux. C’est aussi en pâturant à cette période qu’on favorisera une bonne repousse par la suite. »
Avec cette technique, Stéphane est parvenu à sortir ses animaux en février (contre fin avril auparavant) : « Ça nous permet de ne pas se faire dépasser sur la pousse de l’herbe. » Le temps de rotation varie entre 18 et 20 jours au printemps et 30-35 jours en plein été. « En période séchante, lorsque la pousse de l’herbe est stoppée, on cloisonne les animaux dans une parcelle parking et on les affourage dedans. On redémarre le pâturage lorsque l’herbe repousse. »
Autre aspect non négligeable : en PTD, les animaux sont plus dociles. En effet, les changements de paddocks réguliers habituent le troupeau à suivre l’éleveur, et ce dès le plus jeune âge pour les veaux.
Découpage des parcelles, abreuvement, fertilisation : bien préparer son PTD
La difficulté reste l’abreuvement : « Seuls 3 paddocks bénéficient d’une arrivée d’eau grâce à une source. Pour les autres, on sort la tonne à eau. » Le prochain objectif est donc d’enterrer un réseau d’eau pour se libérer de la contrainte.
Depuis la mise en place du PTD, l’exploitation a revu la fertilisation des prairies : les 50 unités d’azote/ha en minéral ont été supprimées et l’éleveur ne mise plus que sur les bouses et les légumineuses qui se sont fortement développées. D’ailleurs, les rendements en herbe ont augmenté : « Au début, on mettait 17 ou 18 animaux par paddock alors qu’on arrive à nourrir jusqu’à 24 animaux/paddock sur le parcours. »
Aucun regret pour l’éleveur qui préconise de bien réfléchir au découpage des parcelles, quitte à se faire accompagner. Il commence d’ailleurs d’ores et déjà à réfléchir à un second parcours de PTD pour valoriser les mâles en bœufs.
Focus sur les prairies multi-espèces
Stéphane Faidy explique aussi pourquoi il installe depuis 5 ans des prairies multi-espèces sur ses prairies temporaires. « Le gros objectif est de diminuer la fertilisation azotée et d’optimiser la qualité des fourrages. »
L’éleveur choisit ses espèces selon le type de sol et l’utilisation prévue (fauche pour du foin ou de l’enrubannage ou pâturage). Il cite : « Pour de la fauche, on a par exemple des mélanges à base de fétuque, dactyle, lotier et trèfle hybride. Pour le pâturage on va choisir d’autres espèces comme la fétuque élevée, la fétuque des prés, un ray-grass anglais en complétant avec les légumineuses comme le lotier, le trèfle blanc et trèfle violet, intéressants pour le pâturage. »
Pour la conduite, une fertilisation organique est apportée lors de la mise en place en fin d’été puis l’éleveur apporte une quinzaine de tonnes de fumier tous les 2-3 ans mais aucun apport minéral n’est fait.
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