D’un élevage à l’autre, de grosses disparités dans les pratiques de tarissement
TNC le 10/06/2020 à 08:44
Combien de temps doit durer la période sèche ? Quelle doit être la production des vaches au dernier contrôle ? Faut-il administrer un antibiotique au tarissement pour éviter les mammites ? D'un élevage à l'autre, les pratiques divergent. Les instituts techniques ont recensé de nombreuses données pour faire un état des lieux du tarissement pratiqué en France.
D’après un sondage réalisé du 26 mai au 2 juin 2020 sur Web-agri, plus de la moitié des éleveurs laitiers tarissent leurs vaches pour une durée de 50 à 70 jours. Pour un tiers des répondants en revanche, la période sèche se limite à 30 à 50 jours.
Pour connaître les pratiques des éleveurs, l’Idele et le Cniel ont réalisé une étude de grande ampleur en collectant les données de 24 826 élevages et plus de 2 900 000 vaches taries entre 2015 et 2017.
Une période sèche de deux mois en moyenne
Les données collectées montrent que la plupart des tarissements sont réalisés entre mai et octobre, ce qui laisse penser qu’une majorité des vaches sont au pâturage durant la période sèche.
La durée moyenne du tarissement est de deux mois mais 15 % des vaches sont tout de même taries durant trois mois et plus, « ce qui peut être source de risques », commentent les experts. En effet, il y a un risque de sur-engraissement et de maladies métaboliques. Cela peut aussi avoir des impacts négatifs sur la lactation suivante, la reproduction et plus globalement sur la longévité de la vache.
À l’inverse, un tarissement court (environ 35 jours) peut être envisageable, voire conseillé dans certains cas pour les hautes productrices. Cela permet de limiter les risques de maladies métaboliques autour du vêlage car le déficit énergétique du début de lactation reste limité et les vaches sont moins grasses au vêlage. Attention cependant au risque antibiotique (délai d’attente à respecter).
Quelle production avant le tarissement ?
La production laitière au contrôle précédent le tarissement s’élève en moyenne à 16,9 kg/j. Seules 9 % des vaches sont à plus de 25 kg/j. Une production élevée augmente les risques de mammites sur la prochaine lactation. Dans ce cas, il faut vraiment appliquer un tarissement graduel et non brusque.
Au Canada, plusieurs études relayées par le ministère de l’agriculture montrent que « chez les vaches produisant moins de 21 kg de lait, les extrémités des trayons s’étaient refermées plus rapidement et que la mammite était réduite. » D’autres chercheurs ont trouvé qu’« un abaissement de la production de lait à environ 13 kg avait principalement réduit la mammite chez les vaches de première lactation, mais pas chez les vaches plus âgées. » D’autres travaux doivent être menés pour déterminer le niveau optimal de production à cibler au tarissement.
Cellules et mammites
Le taux cellulaire moyen des vaches au contrôle précédent le tarissement oscille entre 149 et 156 000 cel/ml. Un quart des vaches sont considérées comme infectées par un pathogène majeur (CCI > 300 000 cel/ml) et ce sont principalement des multipares.
Concernant les indices de nouvelles infections et de guérison, ils sont en amélioration d’année en année (12 % de nouvelles infections et 77 % de guérison). Les experts constatent d’ailleurs que « les données épidémiologiques semblent plus liées à un effet troupeaux qu’à des effets individuels (quantité de lait, statut cellulaire, durée du tarissement…). »
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Concernant l’utilisation des antibiotiques au tarissement, Ivanne Leperlier (vétérinaire au GDS Bretagne) rappelait lors d’une formation sur la période sèche que « 20 % des mammites subcliniques guérissent seules grâce à l’involution naturelle de la mamelle. » Elle conseille notamment d’agir au cas par cas : « Une vache infectée c’est celle qui a eu plus de 150 000 cellules, sur ses trois derniers contrôles et/ou plusieurs mammites sur ses trois derniers mois. » Pour ces vaches, « même si l’objectif est de réduire l’utilisation d’antibiotiques, il faut d’abord guérir et protéger des nouvelles infections. Mettre des tubes intra-mammaires au tarissement (12 à 15 €) et un obturateur (10 €) coûtent moins cher que de guérir une mammite, qui exigera sûrement plus d’antibiotiques », concède-t-elle.
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