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Sciences

Est-ce que la Lune influe vraiment sur les vêlages ?


TNC le 21/06/2024 à 16:05
Vacheslunes

La lune n'a aucune influence sur les dates de vêlages. (© Francesco Fanti AdobeStock)

Demain, samedi 22 juin, c’est la pleine Lune. Pour nombre d’éleveurs, difficile de ne pas associer l’événement à une cascade de vêlages. Et pourtant, les statistiques font mentir les croyances ! Après avoir épluché trois études sur la question, le résultat est sans appel : la Lune n’a pas d’impact sur les vêlages.

« Qui dit pleine Lune, dit vêlage ». Qui n’a jamais entendu cette phrase ? Pour nombre d’éleveurs, le dicton se constate dans l’étable. Et pourtant, les études scientifiques mettent à mal les super-pouvoirs de la Lune.

En 2004, Marie-Lise Beau a consacré sa thèse de fin d’études vétérinaires à la question. N’en déplaise aux adeptes du calendrier lunaire, la chercheuse n’a trouvé aucun lien entre dates de vêlages, et cycles lunaires. Si l’on pourra toujours objecter qu’il s’agit d’une étude locale, la chercheuse a tout de même passé en revue 2 598 naissances, enregistrées sur des troupeaux charolais et limousins d’Indre et de la Creuse. Et ce sur plus de dix années !

Aucune influence significative

La Lune a été analysée sous toutes les coutures. Cycles synodiques, avec intervalle nouvelle Lune — pleine Lune, phases montantes et descendantes, quartiers… ou encore cycles sidéraux basés sur l’évolution de la distance terre – Lune… Aucune hypothèse n’a été concluante.

Si la chercheuse a bien observé des pics et des creux selon les différentes phases de la Lune, aucun d’entre eux n’était statistiquement significatif. « Même en étudiant des cheptels ayant des cycles biologiques proches des cycles « naturels », nous n’avons jamais pu mettre en évidence une éventuelle influence de la Lune. La position de la Lune par rapport au plan de l’écliptique qui paraissait prometteuse s’est révélée fortement dépendante de l’année étudiée et donc totalement ininterprétable », conclut Marie-Lise Beau.

Cette thèse a été confortée par des travaux menés sur un plus grand effectif en 2019, par la vétérinaire Mélanie Gitton. Pour ce faire, la scientifique a mis en parallèle 16 années de données issues d’un cabinet vétérinaire de la Nièvre avec les différents cycles lunaires. Pour chaque année, plus 18 000 vaches étaient enregistrées. Encore une fois, aucune influence significative n’en est ressortie.

Il n’empêche que nombre d’éleveurs restent convaincus des effets de la lune sur la naissance des veaux. Et certains essais les confortent, comme celui mené par le Japonais Yonezawa. Après avoir analysé les dates de 428 vêlages survenus sur une exploitation japonaise durant 3 années, le chercheur a conclu que la phase montante de la lune (intervalle entre la nouvelle et la pleine lune) était plus propice aux vêlages.
Mais pour Mélanie Gitton, l’étude repose sur un trop faible jeu de données. « La Lune n’a pas d’influence statistiquement significative sur le déclenchement des naissances. Nos résultats ont parfois prouvé le contraire, en particulier lorsque les phases montante/descendante et croissante/décroissante ont été étudiées. Cependant, contrairement à Yonezawa, en poursuivant les tests, nous admettons que c’est la variation annuelle qui influe ».

Un biais cognitif ?

Une étude à partir des données de l’EDE (identification des bovins) permettrait peut-être de mettre un point final à ce débat millénaire. Du côté des humains, un traitement des données Insee confirme en effet l’absence de corrélation entre naissance et phase de la lune.

Mais pourquoi la croyance reste alors à ce point répandue ? Peut-être simplement parce que les biais cognitifs viennent confirmer nos croyances. Si on constate plusieurs vêlages un soir de pleine lune, on aura peut-être tendance à y voir une relation de causalité. A l’inverse, on oubliera cette autre nuit sans lune, où ils furent pourtant nombreux…