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Engraissement

Est-ce rentable de se lancer dans le JB ? Repères techniques et économiques


TNC le 05/07/2024 à 07:42
Engraissementtaurillonsholstein

La spécialisation des fermes laitières a conduit à un important recul de l'engraissement de bovins laitiers ou mixtes en France. (© TNC)

Interbev met en place des fiches rassemblant indicateurs techniques et économiques pour aider les exploitants à se lancer dans l’engraissement de jeunes bovins.

Dans un contexte de décapitalisation, Interbev travaille à produire des repères techniques et économiques pour assurer en France l’engraissement de jeunes bovins à partir de veaux sevrés. Via une ferme fictive, qui achète 165 animaux chaque année pour 14 mois d’engraissement, l’interprofession dresse un portrait des besoins en ressources de la structure, et de la rentabilité potentielle.

Quel bâtiment pour engraisser ?

L’engraissement se raisonne en bande. Pour 165 animaux achetés avec 14 mois d’engraissement, compter 220 places sur la structure afin de gérer quatre lots d’animaux.

Etant donné le différentiel de poids entre l’arrivée en bâtiment et le départ, il est judicieux de faire évoluer l’espace disponible à chaque animal pour optimiser son bâtiment. Compter 2,5 à 3 m² pour des animaux de moins de 300 kg, et 5 à 5,5 m² lorsqu’ils dépassent ce poids. Compter alors dans les 3 mois en case de pré-engraissement (plus petites) et jusqu’à 12 mois en stalle d’engraissement. Le changement de case s’effectue généralement aux 6 mois de l’animal.

Il peut être intéressant de moduler la taille des cases selon l’âge des JB pour optimiser son bâtiment. (© Interbev)

Le principal risque sanitaire en engraissement concerne les maladies respiratoires. Un vide sanitaire, suivi d’une désinfection sont à mettre en place.

Quelle conduite alimentaire ?

La disponibilité en aliment conditionne parfois la taille des bâtiments d’engraissement. Pour avoir quelques repères, sur 14 mois de présence, un animal a besoin de 2,775 t de MS d’ensilage de maïs, 450 kg de tourteau (brut), 260 kg de blé et 38 kg de CMV et 130 kg de paille pour la ration.

Les proportions sont à moduler selon la qualité des fourrages. L’interprofession conseille de « travailler avec un ensilage de maïs de bonne qualité (30/35 % MS, 30 % amidon et UFV 0,8) ». L’apport en énergie pourra être revu à la baisse selon la qualité du fourrage. Compter 1,4 kg de céréales par animal et par jour pour un maïs de 0,75 UFV/kg MS, contre 0,2 kg de céréales pour un maïs à 0,85 UFV/kg MS.

Consommation totale d’un atelier de 220 places, avec l’achat de 165 bovins par an gardés 14 mois. (© Interbev)

Pour la complémentation azotée, « 1 kg/j de tourteau de soja, ou 1,5 kg de tourteau de colza d’un poids vif de 200 kg jusqu’à l’abattage est suffisant pour équilibrer la ration ».

Côté paillage, prévoir entre 3 et 4 kg de paille par jour et par animal pour les systèmes sur pente ou litière accumulée.

Quelle SAU nécessaire ?

Pour un atelier de 220 places, avec l’achat de 165 animaux sur l’année gardés 14 mois sur la ferme, compter 34 ha de maïs ensilage dédiés à l’engraissement des jeunes bovins, et 6 ha de blés. Les estimations sont établies sur une base de rendements de 14 t MS/ha pour l’ensilage, et 75 quintaux en blé.

Côté paille, 263 tonnes sont nécessaires à l’année. C’est l’équivalent de 80 ha de céréales.

Quel gain économique ?

Quelle rentabilité pour ce genre de structure. Sur l’atelier fictif, sortant 165 animaux par an (220 places), le coût de production oscille entre 173 et 240 € les 100 kg de viande vive. « Avec des hypothèses, le prix de revient oscille entre 4,01 et 5,22 €/kg carcasse ».

La performance animale, ainsi que les rendements des cultures jouent forcément sur la rentabilité des ateliers. « Une perte ou un gain de 75 g de GMQ sur un jeune bovin impacte le poids de carcasse de plus ou moins 20 kg carcasse, et le prix de revient de plus ou moins 0,28 €/kgc ».

Le prix d’achat du veau est également un facteur à prendre en compte. Notre atelier fictif achète les veaux de 3 mois à une centaine de kilos de poids vifs autour de 550 € la tête. Une hausse du prix de l’animal de 75 € induit une perte de revenu à l’échelle de la structure de 12 470 €.

Mais les aléas de marché peuvent être pris en compte, « ce type de production doit s’envisager nécessairement dans le cadre d’un schéma contractuel avec un opérateur (négociant, OP, abattoir) pour sécuriser les débouchés » insiste l’Interprofession du bétail et de la viande.