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FCO : craintes de propagation après un premier cas dans le Nord


AFP le 08/08/2024 à 14:40

Au lendemain de l'annonce d'un premier cas, déjà la crainte d'une propagation : 22 suspicions de fièvre catarrhale ovine de sérotype 3 ont été recensées dans le département du Nord, les éleveurs craignant une expansion « dramatique » de la maladie, potentiellement mortelle pour les moutons.

« A chaque suspicion (22 à ce jour dans le département du Nord), un vétérinaire se déplace. Des prélèvements et des analyses sont effectués », a indiqué à l’AFP la préfecture du Nord, qui souligne qu’« en cas de contamination, l’animal doit être isolé et désinsectisé ».

Le premier cas en France de FCO de sérotype 3 a été confirmé lundi à Marpent (Nord), à quelques kilomètres de la Belgique où la maladie était déjà présente, a annoncé mercredi la préfecture.

Des suspicions sont apparues dans deux à trois élevages dans le Nord et trois à quatre dans l’Aisne, tous « en cours d’analyse », indique pour sa part Simon Ammeux, président de la FRSEA Hauts-de-France, fédération régionale du syndicat agricole FNSEA. Il fait également état de « deux suspicions » en Seine-et-Marne.

« Elle était KO »

« Quand je l’ai vue commencer à baver, j’ai compris… », s’est désolé auprès de l’AFP l’éleveuse de l’animal malade, sous couvert d’anonymat.

Les premiers symptômes sont apparus le 29 juillet chez cette brebis de trois ans et demi, testée dans la foulée par sa propriétaire, qui possède « pour le plaisir » un petit cheptel de quinze moutons.

« Elle était K.O., elle n’a pas mangé pendant une petite semaine… Heureusement qu’elle était bien en forme et avait des réserves, mais c’est beaucoup de soins pour éviter qu’elle ne dépérisse », souligne cette particulière.

Dix jours après les premiers symptômes, la brebis infectée « recommence à manger, mais est toujours vraiment faible », indique l’éleveuse.

Elle « croise les doigts » pour qu’il n’y ait pas d’autre cas au sein de son cheptel, qu’elle a rentré en intérieur et traité contre les insectes. Pour l’instant, aucun autre mouton ne présente de symptômes.

La fièvre catarrhale ovine (FCO), également dite « maladie de la langue bleue », se manifeste par de la fièvre, des troubles respiratoires, une langue pendante ou encore la perte des petits en gestation.

Elle passe d’un ruminant infecté à un animal indemne par l’intermédiaire d’insectes piqueurs, des moucherons culicoïdes. Sa détection n’entraîne pas l’euthanasie des animaux, contrairement à la grippe aviaire.

« Hyper inquiétant »

« Les gens qui ont des moutons » autour de Marpent « sont des particuliers (…), ils ne sont pas éleveurs. Ils n’ont pas beaucoup de têtes », assure à l’AFP Nicole Decherf, qui fait partie d’une famille d’exploitants agricoles de vaches dans une ferme de cette commune de 2 700 habitants. « Par précaution », elle va désinsectiser ses vaches.

« C’est hyper inquiétant », reconnaît Alexandre Cousin, éleveur dans le Pas-de-Calais, qui possède un troupeau de 37 chèvres et 15 brebis. « Au niveau du soin, du curatif (…), on ne maîtrise pas beaucoup. » Comme beaucoup d’autres éleveurs, il attend avec impatience le lancement de la campagne de vaccination, annoncée lundi par le ministère de l’Agriculture, qui dit disposer de 4,6 millions de doses.

Mais, alors que les vétérinaires doivent les recevoir à partir du 14 août, celui d’Alexandre Cousin « ne sait pas encore du tout ni comment ni quand » la vaccination pourra débuter.

« Les cinq départements des Hauts-de-France sont en zone prioritaire pour la diffusion des vaccins », assure à l’AFP Marie-Sophie Lesne, vice-présidente de la région en charge de l’agriculture. Les élevages d’ovins de la région comptent 100 000 têtes, sans compter les particuliers, précise-t-elle.

La FCO, qui n’est pas transmissible aux humains, est également présente en France par les sérotypes 4 (en Corse) et 8 (en France continentale). Mais les cheptels français n’ont développé aucune résistance au sérotype 3, auquel ils n’ont jamais été confrontés.

Le sérotype 8, lui, avait déjà « décimé des élevages complets » il y a une quinzaine d’années, se souvient Bruno Leclercq, animateur de l’association ovine des Hauts-de-France et de Normandie.