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Foie gras : la filière s’inquiète du financement de la vaccination


AFP le 20/03/2025 à 18:09

La production française de foie gras a nettement rebondi en 2024 grâce à la vaccination obligatoire des canards contre la grippe aviaire, mais la filière craint de nouvelles difficultés après l'annonce « brutale » de la baisse de la participation de l'Etat au financement des campagnes.

La « sérénité a été retrouvée en 2024 », se sont réjouis jeudi lors d’une présentation à la presse les dirigeants du Cifog, qui rassemble notamment les syndicats d’éleveurs et les fabricants de foie gras, magret et confit.

La production française a atteint près de 14 000 tonnes contre environ 8 000 en 2022 et un peu plus de 9.000 en 2023. Elle reste loin des niveaux de 2015 (environ 19 000 tonnes), année à la fin de laquelle la grippe aviaire a explosé en France.

La filière a connu un bref répit en 2018-2019, avant de replonger à partir de 2020.

Le pays a euthanasié des dizaines de millions de volailles ces dernières années. Les pertes économiques se chiffrent en milliards d’euros. Pour casser cette spirale, le gouvernement a rendu obligatoire depuis l’automne 2023 la vaccination dans les élevages supérieurs à 250 canards. D’octobre 2023 à septembre 2024, 85 % de la première campagne de vaccination (achat des doses, administration, suivi…) avait été financés par l’État, qui avait ensuite baissé sa contribution à 70 % fin 2024.

Vendredi, le gouvernement a confirmé que sa part passerait à 40 % à l’automne prochain, sachant que le coût total d’une campagne annuelle est estimé à 100 millions d’euros.

« Ce désengagement est assez brutal et incompréhensible. C’est contreproductif », a déploré Fabien Chevalier, président du Cifog qui craint une baisse de « l’acceptabilité » de la vaccination par les éleveurs malgré son caractère obligatoire. Il regrette l’absence de dialogue préalable à cette annonce « par voie de presse », un « problème de méthode » dont il a avisé la ministre de l’Agriculture Annie Genevard mercredi.

« Ce n’est pas neutre, ça représente 15 % de ma marge brute même si la ministre affirme que ça revient à cinquante centimes de plus par canard », s’est indigné l’éleveur Benjamin Constant. « Il faut que l’Etat revienne sur sa décision. » Cette baisse est d’autant plus incompréhensible pour le Cifog que la France est prise en exemple dans d’autres pays, qui songent à autoriser la vaccination face à la propagation du virus.