Gaec Le Pré en Bulles : « les veaux sont au pis des vaches au moins 3 semaines »
TNC le 13/09/2024 à 05:08
Dans les Côtes-d’Armor, le Gaec Le Pré en Bulles a trouvé la solution pour limiter le temps d’astreinte autour de l’alimentation des veaux ! Leur solution : l’élevage sous la mère. Si la pratique entraîne une diminution du volume vendu, les éleveurs s’y retrouvent économiquement avec la vente des veaux de 3 semaines, ainsi que la vente de quelques veaux en colis.
Chez Dominique Madec et Benoît Cabaret, les veaux sont élevés au pis des vaches laitières. Installés en agriculture biologique depuis 2019, les éleveurs ont tiré profit des évolutions du cahier des charges AB pour repenser l’élevage des jeunes veaux. « Le bâtiment n’était pas en phase avec les évolutions réglementaires. Il aurait fallu faire un accès vers l’extérieur. Nous aurions pu le faire, mais nous avons préféré mener une réflexion un peu plus globale à l’échelle de la ferme », tranche Dominique.
Avec 44 ha pour 53 vaches laitières, le faible parcellaire est une contrainte au Gaec du Pré en Bulles. « Cela nous a conduits à déléguer l’élevage des génisses. C’est déjà un lot d’animaux en moins sur la ferme. Alors laisser les veaux avec les vaches, c’est aussi une manière d’alléger un peu la conduite de l’élevage », résume l’éleveur breton. Ainsi, depuis 2020, les veaux évoluent au milieu des vaches laitières. Sans parler de l’aspect « bien-être » qui a tout de suite séduit les agriculteurs.
L’année dernière, sur les 52 veaux nés sur la ferme, 38 ont été vendus à trois semaines. Les autres sont restés avec leurs mères jusqu’à 4 mois. Les 8 femelles ont alors rejoint leur ferme d’élevage, pour le renouvellement, et les 6 veaux mâles ont été valorisés via la vente de colis. « Élever les veaux sous la mère nous a aussi faits réfléchir sur les différentes manières de valoriser les veaux mâles », remarque Dominique. « Avec la délégation de génisses, nous avons un taux de renouvellement autour des 15 %. Cela laisse un peu de marge de manœuvre pour travailler la viande sur de jeunes animaux ».
« Au final, la vache s’occupe au moins aussi bien du veau que nous », sourit l’agriculteur. Mais il faut rester vigilant, « ce n’est pas une solution miracle. Les premières heures, il faut regarder si le veau trouve bien la mamelle, qu’il tète bien… Il y a une petite semaine durant laquelle il peut nous arriver de devoir les nourrir, ou du moins d’être derrière eux ». En bref, la surveillance reste de mise. D’autant que le couplage veaux sous la mère et pâturage les a parfois fait courir ! « Le stress, au début, c’était d’avoir des veaux dehors. Avec le temps, on devient plus tolérant », constate l’éleveur. « On se dit que ce n’est pas si grave si le veau passe sous le fil, il finit toujours par revenir à sa mère ».
10 % de la production laitière dédiée aux veaux
Côté production laitière, l’éleveur voit peu d’impact. « Au début, les vaches allaient se faire traire par les veaux avant la traite. Puis progressivement, elles ont compris que les veaux restaient dans le troupeau ». Bien entendu, l’impact est plus marqué sur les vaches allaitant leurs veaux jusqu’à quatre mois. « Il y a des veaux plus ou moins gourmands, mais ça m’est arrivé d’avoir des vaches presque sèches à la traite à quelques jours du sevrage. Une fois que je sevrais le veau, la production repartait ».
Dominique et Benoît consacrent 10 % de leur production laitière à l’élevage des veaux. « On estime à 28 000 l le volume dédié à l’année. Avec un lait à 500 € les 1 000 l, on est sur un manque à gagner de 14 000 € ». Une perte toutefois à relativiser, « mais même sans être sous la mère, les veaux auraient bu ! »
Un bilan positif grâce à la vente de veaux en colis
D’autant que le produit veau n’est pas à négliger. « L’année dernière, j’ai vendu mes veaux dans les 260 € en moyenne, ce qui fait un petit 10 000 € de produit », explique l’éleveur, qui mise sur le croisement viande pour plus de la moitié du troupeau.
À cela s’ajoute la valorisation en vente directe des veaux de 4 mois, sous forme de colis. Les 6 veaux par an, vendus autour de 18 €/kg lui permettent de dégager un produit de l’ordre de 7 000 €.
« Si l’on met d’un côté le manque à gagner généré par le lait bu, et les produits de la vente des veaux et de la viande, on arrive à un bilan positif de 3 000 € ». L’éleveur l’admet, « ça n’est pas des gros chiffres, mais c’est dans le vert ». Car l’intérêt de la pratique n’est pas qu’économique. « On est sur quelque chose qui permet aussi de dégager du confort de travail, de limiter les astreintes au quotidien, d’améliorer l’ambiance dans le troupeau… Je n’ai pas calculé le temps gagné, mais si l’on chiffre ces heures-là, je pense qu’on réalise de belles économies », poursuit Dominique.