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Enrubannage

Il y aurait de quoi en faire un film !


Alimentation et fourrages le 24/05/2016 à 07:25
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Les différents types de film d'enrubannage influent sur la conservation du fourrage. (©Case)

La saison de la fenaison bat son plein et la qualité des films d'enrubannage n'est pas une priorité. Et pourtant... Nombre de couches, longueur, diamètre, épaisseur, couleur. Difficile de s'y retrouver parmi tout ce qui existe. Le point sur les différentes technologies.

B lancs ou verts, à trois, cinq ou sept couches, de 25, 20 ou 30-32 μm d’épaisseur… Difficile de comparer et de choisir face à la diversité de films d’enrubannage. Souvent, le prix fait la différence, plutôt que la qualité. Chaque fabricant y va de son argumentaire. Et faute d’informations précises, les agriculteurs s’y perdent.

Suite à des tests de perméabilité, l’Irstea avait essayé de mettre en place une certification. En vain. La seule comparaison possible se fait au niveau de la composition. En majorité, les films proposés sont co-extrudés en polyéthylène de trois, cinq ou sept couches. Mais attention, l’épaisseur du film ne dépend pas du nombre de couches. Par ailleurs, certains contiennent des additifs qui les rendent plus collants. Ainsi, ils adhèrent mieux au fourrage, ce qui garantit un enrubannage de qualité, même la nuit.

Certains constructeurs proposent aujourd’hui le liage par film. Cette technique présente plusieurs intérêts pour les éleveurs. Premièrement, la quantité de matière sèche par balle augmente. « Une balle liée par filet met 30 secondes pour combler le vide et retrouver son aspect normal, annonce Formipac, le fabricant à l’origine du procédé. C’est six fois plus que pour une balle liée avec du film polyéthylène. »

Au démontage des balles, l’agriculteur gagne du temps. Plus besoin de séparer le filet du film pour le recyclage ! Grâce à une tension supérieure de 20 %, les balles sont mieux formées. Un avantage pour le stockage. Et si l’on veut remplacer le filet par du film, il suffit d’adapter un dispositif sur la presse. Krone propose d’ailleurs cette option sur ses modèles Comprima.

(©TNC)

Quelques années avant, au Sima 2011, Kuhn avait lancé l’ i-Bio, un combiné compact presse-enrubanneuse effectuant le liage par film. Deux bobines, placées à l’avant de l’engin, remplacent le filet. Sous le capot, deux autres réalisent l’enrubannage complet de la balle. Quant à l’épaisseur du film, elle est loin d’être anodine. Elle a une incidence directe sur la longueur de la bobine. Mais pas sur le poids du film, identique pour les bobines de même largeur. Pour un rouleau de 750 mm de large, il avoisine 28 kg. Seule la longueur du film varie, de 1 500 à 2 000 m.

Côté prix, une bobine de 750 mm de large et 1 500 m de long coûte en moyenne 75 à 80 €. Elle permet d’enrubanner 30 balles (1,2 m par 1,2 m), soit un coût de 2,6 €/balle. À l’achat, préférez le modèle « soufflé », plus résistant que le « cast », rarement employé en agriculture.

Le type de polyéthylène (PE), noble ou recyclé, influe beaucoup sur l’étanchéité du produit et, par conséquent, sur son prix. Tous les films sont traités anti-UV. Chaque fabricant utilise du polyisobutylène (PIE) pour assurer leur étanchéité et le pouvoir collant d’une des deux faces. Seul Duoplast a développé un autre système et l’a d’ailleurs breveté. Au niveau de la largeur du film, pas grand-chose à retenir, sauf que la plus courante est 750 mm.

Quelques conseils pour reconnaître un bon film d’enrubannage 

Le nombre de couches : à l’achat, tenez compte du nombre de couches de film indiqué par le fabricant. En général, le film d’enrubannage se compose de cinq couches. Il constitue une excellente barrière contre l’oxygène et le fourrage se conserve mieux. 

L’élasticité : le film doit pouvoir être étiré jusqu’à 70 % avant l’enrubannage. Ceux de moindre qualité sont souvent pré-étirés de 50 à 55 %. On peut ainsi économiser de la longueur et filmer plus de balles. 

La résistance à la rupture et aux perforations : elle doit être élevée, pour que les balles soient mieux protégées à l’enrubannage et au transport. Cependant, soyez prudent lors des manipulations. Et n’utilisez que des outils adaptés à la manutention de balles. Une pince rectangulaire pour déplacer des balles rondes par exemple, ce n’est pas une bonne idée. D’abord invisibles, les trous vous obligeront à jeter du fourrage. 

L’adhérence : avec des films de mauvaise qualité, celle-ci diminue lorsqu’il fait chaud. Résultat : les couches ne collent plus entre elles. Alors qu’un film de bonne qualité épouse les balles. L’air est expulsé et la fermentation peut débuter. 

Concernant le nombre de tours pour enrubanner une balle, il faut prévoir un recouvrement de 50 %. De cette façon, il est possible de poser quatre couches de film en deux fois. La balle fait un tour sur elle-même. Toutefois, quand la durée de conservation excède quatre mois, six couches sont préférables. Techniquement, le pré-étirage du film à 70 % est conseillé. Pour ne pas perdre l’effet collant, n’enrubannez pas sous la pluie.

Les différents types de film. (©TNC)

Ne négligez pas non plus la couleur du film. Quatre sont disponibles :

  • le blanc. Le fourrage chauffe moins, mais cette teinte attire les insectes. Les oiseaux risquent donc de perforer les balles. Et l’intégration paysagère n’est pas optimale. Certains départements l’interdisent même.
  • le noir. Il a tendance à chauffer le pourtour de la balle, d’où une couche de fourrage  « caramélisé ». Les vaches en  raffolent mais la valeur énergétique est faible.
  • le vert clair ou foncé. Il s’agit d’un bon compromis, qui s’intègre bien dans le paysage. Le prix varie selon la couleur. Généralement, le film noir est le moins cher. Puis suivent le vert foncé, le blanc et le vert clair.

Lier les balles avec du film

De nombreux fabricants de films et constructeurs de presses enrubanneuses proposent dorénavant le liage avec du film polyéthylène pour remplacer le filet. La qualité est identique à celle du film d’enrubannage. La seule différence se situe au niveau de la largeur, qui doit correspondre à celle du ballot. Cette solution limite la consommation de film d’enrubannage mais ne permet pas réellement de faire des économies. Le seul gain pour l’éleveur, c’est le temps d’enrubannage.