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Impossible de déménager une ferme laitière ? Pas pour Élodie et Julien Bahuon


TNC le 25/11/2024 à 11:50
ElodieetJulienBahuonenMayenne

(© Ferme du Saint Eloi passion élevage)

Le 30 août dernier, Élodie et Julien Bahuon ont quitté le Morbihan avec leurs vaches laitières et allaitantes pour la Mayenne. Un déménagement haut en couleur qu’ils partagent sur les réseaux sociaux.

En avril 2023, Élodie et Julien Bahuon partageaient leur décision sur YouTube : déménager leur ferme, pour enfin devenir propriétaires. Un an après, c’est chose faite. Le couple a fait ses cartons à l’été et a quitté le Morbihan pour la Mayenne avec vaches et enfants. Sur leurs réseaux, ils partagent cette journée mémorable.

« J’ai une boule au ventre », lance Élodie au matin du grand départ. Il faut dire que déménager une exploitation agricole, c’est une sacrée logistique ! Les choses à anticiper sont innombrables : « je viens de voir un chat passer… Ça me fait penser qu’il ne faut pas que je les oublie ! » sourit l’éleveuse. « Je ne suis jamais stressé, mais là, ça me travaille. J’ai mal dormi cette nuit », confie son mari.

Tout l’été, le couple a enchaîné les allers-retours entre les deux sites. Une partie du matériel a déjà rejoint la Mayenne. « Il y a eu plusieurs rotations en porte char », explique Julien. « J’ai dû démonter certains matériels. L’andaineur entier ne passait pas sous les ponts une fois monté sur le plateau ». Niches à veaux, cellules de stockage, petit et gros outillage, matériaux en tout genre… Difficile de dresser une liste tant la logistique est complexe. « Il est temps que ça se termine, on a liquidé le surplus de stock de fourrage pour tomber juste. On ne peut plus décaler », constate l’agriculteur.

Un véritable convoi de bétaillères

Aux aurores, Julien et Élodie font raisonner une dernière fois la salle de traite dans le petit village de Sulniac. « Le laitier est passé cette nuit. Il restera une dernière traite dans le tank à collecter, et c’est fini ». Même rengaine du côté des petits veaux. « Dernier biberon avant le transport », précise Élodie. Le jour n’est pas encore levé que les premières bétaillères sont dans la cour. Ce soir, vendredi 30 août, la traite aura lieu en Mayenne.

Transférer une petite cinquantaine de Prim’Holstein, et une trentaine de Limousines ainsi que toute la suite, c’est du sport. Une première bétaillère a assuré le transport des Limousines et de leurs veaux. Un second semi-remorque est parti avec les vaches laitières, suivi par tout un convoi de camionnettes et charrettes. Animaux de compagnie, nécessaire de traite mais aussi cartons pour la maison sont sur la route.

Un tracteur est encore sur place ainsi que quelques taries. « Ça fait vide », s’émeut l’agricultrice.

Habituer les vaches à une nouvelle salle de traite

« La traite du soir n’a pas été de tout repos », confie Élodie dans une vidéo tournée 15 jours après leur arrivée. Compter trois ou quatre personnes pour pousser les vaches. « Ça a été très fatigant ». Apprendre à des vaches à rentrer dans une salle de traite par l’arrière n’est pas une mince affaire. « Il faut qu’elles aient des bonnes mamelles. Si les trayons sont collés derrière avec des mamelles hautes, ce n’est pas facile à brancher », constate Julien. « Il y a aussi celles qui ne veulent pas écarter les pattes », ajoute sa compagne. Et puis surtout : « On se salit beaucoup plus vite », sourit l’agricultrice.

Mais après deux semaines sur place, les efforts commencent à payer. « J’ai tenté la traite seul, il m’a fallu 1 h 20 pour traire 60 vaches. Dans le Morbihan, il me fallait 1 h 15 pour en traire 40 ou 45. Les vaches sont côte à côte donc ça va vite à brancher, et surtout on gagne du temps sur la sortie », résume Julien.

Difficile également d’habituer les vaches aux logettes plutôt qu’à l’aire paillée. « Le bâtiment reste ouvert la nuit, elles vont dedans ou dehors comme sur l’autre structure, comme ça, elles ne sont pas dépaysées ». Pour le pâturage, « heureusement qu’on a gardé 20 vaches d’ici, elles montrent l’exemple ». Pour le reste, le temps fera son œuvre. Mais après seulement 15 jours sur place, les éleveurs ne regrettent pas « on a vécu des semaines vraiment compliquées, mais ça vaut le coup ! »