L214 diffuse des images choc d’un abattoir du Finistère
AFP le 06/05/2021 à 10:12
L'association de défense des animaux L214 a diffusé mardi soir des images d'animaux brutalisés et à l'agonie dans un abattoir de truies à Briec (Finistère), qui a été immédiatement fermé, réclamant un audit généralisé de tous les abattoirs de France.
« L214 demande au ministre de l’agriculture un nouvel audit généralisé de tous les abattoirs de France », indique dans un communiqué l’association qui publie régulièrement des vidéos « choc » pour dénoncer les conditions d’élevage et d’abattage des animaux.
Les images diffusées sur internet montrent des truies poussées à coups de pied et d’aiguillon électrique, alors qu’elles semblent en partie paralysées, se traînant au sol. D’autres reçoivent des coups d’aiguillon dans l’anus pour avancer plus vite. D’autres encore se retrouvent bloquées dans un couloir visiblement trop étroit. Les coups d’aiguillon ne permettant pas de dégager les deux animaux, un opérateur se sert d’une pince à électrocuter sur l’un pour dégager l’autre.
Les images ont été tournées dans l’abattoir de la Société briécoise d’abattage (SBA), une unité du groupe Les Mousquetaires (Intermarché) spécialisée dans l’abattage, la découpe et le désossage de truies de réforme, c’est-à-dire de truies en « fin de carrière ». Quelque 2 300 cochons y sont abattus chaque semaine.
Suspension provisoire de la ligne de production
« Les images filmées à la Société Briécoise d’Abattage et diffusées ce jour par L214 sont choquantes », a réagi dans un communiqué la direction de l’abattoir, disant avoir « décidé, par mesure conservatoire, de suspendre provisoirement la ligne de production concernée, en attendant les conclusions des différents audits et enquêtes internes qui ont été immédiatement diligentés, en lien avec les autorités sanitaires ». « Cet abattoir ne rouvrira que quand toute la lumière sera faite sur ses pratiques », a assuré mercredi lors d’une conférence de presse le secrétaire général de la préfecture du Finistère, Christophe Marx.
Outre le lancement d’un « certain nombre de travaux », l’abattoir devra apporter des garanties en termes de « formation de son personnel » et de « capacité à surveiller l’ensemble de (ses)pratiques », a ajouté Yvan Lobjoit, directeur départemental de la protection des populations (DDPP, services vétérinaires), évoquant la possibilité pour l’entreprise de mettre en place un dispositif de vidéo-surveillance. Tard mardi soir, la préfecture avait évoqué des « pratiques inacceptables avec des manquements graves aux règles de protection animale ». « Nous condamnons fermement ces pratiques », a insisté mercredi M. Marx.
L’abattoir de Briec déjà inspecté en 2016
À la suite de plusieurs enquêtes de l’association L214 en 2015 et 2016, le ministre de l’agriculture de l’époque Stéphane Le Foll avait ordonné fin mars 2016 des inspections dans l’ensemble des abattoirs de France. Celui de Briec avait été inspecté en avril 2016. « Cinq ans plus tard, tous les problèmes relevés par la DDPP perdurent », dénonce L214.
« Les non-conformités relevées depuis 2016, toutes mineures, ont fait l’objet de rappels réglementaires à l’entreprise pour mise en oeuvre d’actions correctives », s’est défendue mardi soir la préfecture, soulignant que « le respect des exigences en matière de protection animale relève de la responsabilité de l’abatteur ». « Les services de l’État sont présents quotidiennement sur l’ensemble des abattoirs du département, mais leur mission est de garantir la qualité sanitaire de la viande », a expliqué M. Marx. « On ne peut pas être derrière chaque salarié », a-t-il estimé, assurant que la maltraitance animale mise en avant par L214 dans cet abattoir n’avait jamais été constatée par les services de l’État.
L214 porte plainte « pour sévices graves commis envers des animaux auprès du procureur de la République de Quimper et demande à la justice de punir sévèrement la direction de l’abattoir, ainsi que les services vétérinaires du département », indique l’association dans son communiqué. Le parquet de Quimper a indiqué mercredi à l’AFP qu’une enquête avait été ouverte. L214 précise avoir également introduit « un recours en responsabilité contre l’État pour manquement à sa mission de contrôle de l’application de la réglementation ».