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Grippe aviaire

La France doit encore abattre des millions d’animaux


AFP le 12/03/2022 à 09:00

Pas de répit pour les volaillers français : après avoir encore frappé le Sud-Ouest cette année, la grippe aviaire est devenue « incontrôlable » un peu plus au nord, en Vendée, déclenchant une nouvelle campagne d'abattages massifs, s'ajoutant aux quatre millions de volailles déjà euthanasiées cette saison.

« On a éliminé environ 1,2 million d’animaux et on estime qu’on a encore trois millions d’animaux qui restent à abattre » dans le Grand Ouest, a indiqué le ministère de l’Agriculture vendredi à la presse.

C’est une décision « logique, nécessaire, obligatoire, à exécuter le plus rapidement possible », estime auprès de l’AFP le président du syndicat FNSEA en Vendée, Brice Guyau. « Nous avons subi des pertes considérables. Si rien n’est fait, tout le monde pourrait finir par être impacté », poursuit-il, évoquant une situation « devenue incontrôlable depuis le 28 février ».

Les contaminations se multiplient dans un secteur jusque-là plutôt épargné, couvrant plusieurs départements (Vendée, Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Deux-Sèvres). C’est en Vendée que la situation est la plus critique. Le nombre de foyers a bondi en quelques jours : ils sont désormais 187 dans plus de 100 communes du département.

« Cela va être lourd de conséquences pour l’ensemble des Pays de la Loire et même ailleurs », avec des « pertes économiques phénoménales qui sont prises en charge tout ou partie par l’État » et un impact « certain » sur la capacité de production de volailles « dans les semaines à venir », souligne Christophe Labour, président de la section volailles de l’antenne régionale de la FNSEA.

« Malgré la très grande mobilisation collective de toute la filière avicole française, ce rebond inattendu d’ influenza aviaire risque de profondément réduire la disponibilité de foie gras, comme des autres produits de volailles », prévoit aussi l’interprofession du foie gras Cifog.

L’ampleur de cette crise dépasse déjà celle de l’an dernier, surtout circonscrite au Sud-Ouest. Près de 500 foyers avaient été recensés dans des élevages et 3,5 millions d’animaux, essentiellement des canards, abattus.

Cette saison, depuis le premier cas détecté fin novembre, 649 foyers ont été comptabilisés dans des élevages, selon le ministère. Et plus de quatre millions de volailles ont été euthanasiées, la plupart dans le Sud-Ouest, avant même les nouveaux abattages massifs.

Élevages « stratégiques »

Dans le Grand Ouest, « les moyens d’élimination mais aussi de stockage en attente d’élimination (…) sont progressivement augmentés pour faire face aux besoins », selon le cabinet du ministre de l’Agriculture.

Le secteur compte de nombreux élevages, dont certains « stratégiques » car hébergeant des animaux servant à la reproduction. Sont aussi présents des couvoirs qui donnent naissance aux futurs poulets, poules pondeuses et canards, « vraiment clés pour la reprise d’activité dans quelques semaines quand on aura assaini la zone », relève le ministère. Un couvoir a été contaminé, « tous les autres sont protégés et l’objectif, c’est de créer une zone tampon tout autour des couvoirs pour préserver nos capacités productrices pour l’avenir », poursuit-il.

Dans le Sud-Ouest, affecté par la grippe aviaire pour la quatrième fois depuis 2015, les producteurs comptent sur ces couvoirs pour remplir de canetons les élevages vidés par le virus. Ces crises à répétition génèrent des coûts considérables pour les professionnels (arrêts de production, fermeture de marchés à l’exportation) et l’État (indemnisation pour les animaux abattus et pertes économiques induites).

L’agence sanitaire Anses s’attelle à comprendre les facteurs de la récente flambée des cas. Parmi les pistes, le rôle des « migrations ascendantes » (du sud vers le nord) des oiseaux sauvages porteurs du virus, « les coups de vent qu’il a pu y avoir ces dernières semaines » qui favorisent sa dissémination dans les airs, « sans doute aussi des défauts de sécurité », esquisse le cabinet du ministre.

Il faudra une nouvelle fois « tirer des leçons » de l’épisode, anticipe le ministère, « construire une feuille de route rénovée » avec les professionnels pour « éviter que cela se reproduise à l’avenir ».

Après la crise de l’an dernier, il avait notamment été décidé de produire moins de canards par endroits et d’imposer le confinement des volailles quand le risque est « élevé » – c’est le cas depuis début novembre.

Trente-quatre pays européens ont été affectés par le virus cette année, selon la plateforme française d’épidémiosurveillance en santé animale (ESA).