La jungle de l’étiquetage alimentaire induit en erreur les consommateurs
AFP le 25/11/2024 à 17:05
Logos, labels et autres scores : la jungle de l'étiquetage alimentaire au sein de l'Union européenne « peut leurrer » les consommateurs, dénonce un rapport de la Cour des comptes européenne lundi, pointant des « lacunes inquiétantes dans la législation ».
Faute d’harmonisation entre pays européens, il existe des centaines de systèmes d’étiquetage et de logos différents, souligne la Cour des comptes européenne, basée au Luxembourg.
Les 450 millions de consommateurs de l’UE se retrouvent « exposés à des messages qui sont, délibérément ou non, trompeurs », estime-t-elle, en regrettant le « greenwashing » de certaines entreprises.
En matière d’étiquetage alimentaire, une série de règles européennes prévoient actuellement la mention d’informations essentielles sur les denrées alimentaires. Mais les contrôles des États membres sont « insuffisants », selon le rapport, et les amendes « pas toujours dissuasives ».
La Cour pointe la complexité des systèmes de contrôle, par exemple en Belgique avec deux autorités compétentes au niveau fédéral et trois au niveau régional.
Le rapport déplore aussi que les règles européennes autorisent à louer les vertus d’un produit sur un emballage comme « riche en vitamine C » ou « en fibres », même quand il contient une teneur élevée en matières grasses et en sucres.
Promesses « potentiellement trompeuses »
Il critique également la coexistence au sein de l’UE de plusieurs étiquetages nutritionnels – « Nutri-score » (Allemagne, Belgique, France, Luxembourg et Pays-Bas), « Keyhole » (Danemark, Lituanie, Suède), « NutrInform Battery » en Italie et un « symbole du cœur » en Finlande.
Cela « peut entraîner une fragmentation du marché et dérouter les consommateurs ». La Cour se penche aussi sur les produits végétaux dits « botaniques », déplorant que les consommateurs soient « exposés à des allégations non fondées sur une évaluation scientifique ».
En l’absence de liste européenne sur les effets positifs ou non de ces produits pour la santé, les États membres ont leur propre approche, avec des promesses « potentiellement trompeuses » sur les emballages.
Le rapport évoque un produit au ginseng, prétendant favoriser le « tonus et la récupération musculaire ». La Cour relève enfin « l’absence de règles européennes concernant les labels végétariens et végétaliens », non définis dans la législation de l’UE.
L’audit a porté sur une période allant de 2011 à 2023, auprès de la Commission européenne et des autorités de trois pays, Belgique, Italie et Lituanie, pour analyser différents types d’étiquetage en respectant un « équilibre géographique » au sein de l’UE.