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Santé des pieds

La Mortellaro, une maladie à contenir


TNC le 10/11/2023 à 11:14
parage

Un parage mensuel est conseillé, à la fois pour prévenir et traiter la Mortellaro. (© TNC)

Très présente en élevage laitier, la maladie de Mortellaro concerne aussi l’élevage allaitant. Et si cette maladie bactérienne est très difficile à éradiquer, il y a tout de même des solutions pour limiter les dégâts. Les solutions proposées par Jérôme Delpy, vétérinaire chez Elvup.

Une maladie des pieds qui coûte cher. La Mortellaro, aussi appelée dermatite digitée, est une maladie des pieds du bovin. Elle est due à une famille de bactéries spirochètes du genre Treponema, qui pénètrent dans la peau des pieds et provoquent une inflammation. Très présente en élevage laitier – 60 à 95 % des élevages concernés – la Mortellaro concerne aussi les troupeaux allaitants.

« Une fois qu’elle est entrée en élevage, il est très difficile de s’en débarrasser », expose Jérôme Delpy, vétérinaire chez Elvup. Cette maladie est pourtant coûteuse : entre 2 500 et 4 000 € par an pour un troupeau de 100 vaches. Elle a des effets négatifs sur les performances et sur la reproduction. Le bien-être animal est aussi en cause, puisqu’elle provoque des boiteries. Il est donc indispensable de tout faire pour la contenir.

La stabulation, un environnement favorable

La bactérie responsable de la Mortellaro ne se développe pas toute seule. Il lui faut un environnement humide et « sale » ; une aire d’exercice avec du lisier, par exemple. La stabulation peut donc être un milieu propice.

La maladie arrive souvent par un animal infecté et se répand ensuite. Il faut donc bien observer les pieds des animaux avant de les introduire dans son cheptel. « La difficulté réside dans le fait que cette maladie est difficile à détecter, commente Jérôme Delpy. La bactérie s’enkyste et peut être quasi invisible. Pour la trouver, il faut la chercher ». La solution : lever les pattes et inspecter attentivement. Il faut aussi traiter les lésions, s’il y en a, car elles sont des portes d’entrée de la bactérie.

Un pédiluve de sulfate de cuivre

Pour l’heure, « il n’y a pas de traitement miracle, souligne Jérôme Delpy, ni de vaccin ». Ce qui donne les meilleurs résultats, ce sont des pédiluves avec une solution de sulfate de cuivre. Un traitement lourd pour l’éleveur, puisqu’il faut changer la solution tous les 150 passages maximum. « Au-delà, on obtient un bouillon de culture qui devient préjudiciable. Pourtant, si on parvient à s’y tenir et à mettre en place quatre pédiluves par semaine, on obtient une réelle efficacité », assure le vétérinaire.

Il conseille d’ailleurs d’intégrer systématiquement un emplacement pour le pédiluve dans un bâtiment neuf, d’autant plus quand la traite est robotisée.

Des pansements et une inspection régulière

Pour traiter les animaux malades, Jérôme Delpy conseille de mettre des pansements sur les pieds inflammés, sans toutefois les laisser plus de 24 heures. Au-delà, le pansement devient un milieu favorable au développement de la maladie.

Il incite également les éleveurs à observer régulièrement les pieds des génisses, dès l’âge de trois ou quatre mois. Concernant le troupeau, il invite les éleveurs à constituer des lots d’animaux : les primipares, les taries, les fraîches vêlées… Dont les pieds seront régulièrement inspectés et soignés. Une observation systématique deux mois après vêlage, notamment, est fortement conseillée.

Il préconise enfin un parage par mois pour tout le troupeau ; une opération qui se veut à la fois préventive et curative.

« Il est très difficile de se débarrasser de la Mortellaro mais on peut chercher à la contenir », conclut-il.