Accéder au contenu principal

L’abondance de céréales maintient les prix orientés à la baisse


AFP le 21/08/2024 à 17:50
00d133c1-8-l-abondance-de-cereales-maintient-les-prix-orientes-a-la-baisse

Tandis que la France a vécu sa pire récolte de blé depuis 40 ans, la production mondiale de céréales est annoncée record, ce qui oriente les prix à la baisse. (© agrikol, banque d'images FranceAgriTwittos.com)

Récolte massive de maïs aux Etats-Unis, profusion de blé en mer Noire : les prix des céréales restent orientés à la baisse dans un marché mondial où l'abondance attendue n'encourage pas les importateurs à lancer de grosses commandes.

Mercredi, la tonne de blé tendre est passée en Europe sous la barre symbolique de 200 euros pour la livraison la plus rapprochée (septembre), tandis que le maïs se vendait autour de 195 euros la tonne.

Même tendance aux Etats-Unis, où le cours du contrat de référence du maïs est descendu vendredi à son plus bas niveau depuis la fin septembre 2020. Le cours du soja américain n’avait, lui, pas été aussi faible depuis le 28 août 2020.

Au premier rang des facteurs de baisse des cours figure la perspective d’une belle récolte américaine de grains jaunes, avec de forts rendements, et d’une excellente moisson de soja, notamment du fait de reports de surfaces de maïs en faveur de l’oléagineux.

L’abondance est promise au niveau mondial. L’International Grain Council prévoit un nouveau pic pour la production de céréales en 2024-25, en hausse de 16 millions de tonnes par rapport à la campagne précédente, avec notamment une augmentation pour le blé, maïs et sorgho.

Aux Etats-Unis, Jake Hanley, de Teucrium Trading, juge que « le potentiel est là » pour une remontée des prix, après une baisse des cours à un niveau de nouveau compétitif. Mais rien n’est encore joué avant la fin des récoltes.

Aux Etats-Unis toujours, le marché suit les publications du Pro Farmer Crop Tour, une tournée organisée pour évaluer la qualité et les rendements potentiels du maïs et du soja dans les principales régions de production américaines.

« Il n’y aura pas de surprise » lors de cette tournée, estime l’analyste. « On va avoir une récolte massive de maïs et une grosse année pour le soja. On est compétitifs, mais on a de gros volumes qui arrivent », ce qui garde les prix sous pression.

Une production américaine attractive

Plusieurs analystes soulignent en outre que la baisse du dollar, conjuguée à la montée de devises de grands producteurs comme le réal brésilien, a donné un coup de pouce à l’attractivité de la production américaine.

Les Etats-Unis viennent d’enregistrer coup sur coup, lundi et mardi, des commandes chinoises de 332 000 et 132 000 tonnes de soja, ainsi que 240 000 tonnes de cette graine oléagineuse achetées par le Mexique.

Selon le ministère américain de l’Agriculture (USDA), le prix proposé pour le maïs américain est désormais inférieur à celui de l’Ukraine et du Brésil.

« A ces niveaux de prix, les exportations vont accélérer », pressent Jason Britt, de Central State Commodities.

Pour Jake Hanley, en dépit de belles récoltes annoncées, la situation est un peu différente pour la céréale du pain dans « un monde qui consomme plus de blé qu’il n’en produit, depuis plusieurs années », ce qui fait baisser continuellement les stocks.

Les rendements sont cette année très décevants en Europe de l’Ouest, avec une baisse de 13 % en Allemagne et surtout la pire récolte depuis 40 ans en France, premier producteur européen, avec une moisson attendue un peu au-dessus de 25 millions de tonnes (contre 35 millions de tonnes l’an dernier).

Les prix européens continuent de refluer

Mais « cette petite récolte ne pèse pas sur les prix sur le marché européen, où les exportateurs de la Mer noire mènent le jeu », souligne Gautier Le Molgat, PDG d’Argus Media France.

Un temps annoncée mauvaise, la moisson de blé russe s’annonce correcte et les rendements sont plutôt bons en Ukraine, Roumanie et Bulgarie.

Conséquence, les prix européens continuent de refluer. « On est revenu en blé au plus bas depuis cinq mois », relève Gautier Le Molgat.

Malgré la chute des prix, les analystes ne voient pas de forte dynamique d’achat. « Les échanges sont restreints, parce que les agriculteurs n’ont pas besoin de vendre : ils ont moins de quantité et donc moins de problèmes de stockage.

Ils peuvent attendre la fin des récoltes », relève Edward de Saint-Denis, de la maison de courtage Plantureux & Associés.