Lactalis a dépassé les 30 Mds€ de ventes pour la première fois en 2024


AFP le 17/04/2025 à 09:52

Le géant laitier Lactalis (marques Président, Lactel, Galbani) a dépassé pour la première fois en 2024 les 30 milliards d'euros de ventes et se dit « serein » pour l'avenir malgré les menaces de droits de douane américains et une enquête antidumping chinoise.

Les ventes annuelles ont observé une croissance « solide » de 2,8 %, à 30,3 milliards d’euros notamment grâce à un « rebond » des volumes écoulés, tandis que le bénéfice net a baissé de 16,1 %, à 359 millions d’euros, a indiqué le groupe lors d’une conférence de presse mercredi. Le bénéfice a été plombé par un accord avec le fisc français.

Malgré des « incertitudes au niveau géopolitique », notamment avec la menace de droits douane américains, une enquête antidumping de la Chine sur certains produits laitiers européens, le blocage des importations en Algérie et la poursuite de la guerre en Ukraine, le PDG Emmanuel Besnier s’est dit « serein sur le modèle » de Lactalis et sur la croissance des produits laitiers dans le monde.

Resté une entreprise familiale depuis sa création en 1933, le groupe derrière les camemberts Président, la mozzarella Galbani, le fromage Leerdammer ou encore les laits Parmalat et Lactel affirme être passé en 2024 à la 9e place du classement des géants de l’agroalimentaire, dominé par Nestlé, PepsiCo et le brésilien JBS.

Les ventes ont été tirées par la croissance de l’ultra-frais (yaourts, avec par exemple l’explosion de la marque islandaise Siggi’s) et les États-Unis, deuxième marché pour le groupe, qui y produit plus de 90 % de ses produits consommés localement.

Produits emblématiques

Des inquiétudes persistent quant à l’impact de possibles droits de douane américains qui s’ajouteraient aux 10 % en vigueur actuellement, même si Donald Trump a suspendu ses surtaxes jusqu’en juillet.

Lactalis exporte et importe peu depuis les États-Unis, mais cela concerne des produits emblématiques, dont 330 tonnes de Roquefort sur les plus de 7 200 produites sous la marque Société dans l’Aveyron, où le groupe a tenu sa conférence pour fêter les 100 ans de l’AOP.

Les célèbres pâtes persillées avaient déjà souffert de 1999 à 2009 d’une guerre commerciale entre les États-Unis et l’Europe, avec des droits de douane américains de 100 % imposés au roquefort en réponse à l’interdiction européenne d’importer du bœuf aux hormones.

La consommation américaine n’avait jamais retrouvé ses niveaux pré-crise, selon Lactalis, qui cherche en ce moment de nouveaux débouchés pour le roquefort, de plus en plus délaissé depuis le Covid.

Une surtaxe de 20 % sur les produits européens à partir de juillet, si Donald Trump décidait de les réinstaurer, devrait toutefois être possible à répercuter sur les prix payés par les Américains pour les produits laitiers haut de gamme du groupe, qui dit avoir peu de possibilités pour amortir avec ses marges.

« Cumul » des menaces

Au-delà des États-Unis, où Lactalis est en passe de finaliser l’acquisition de l’activité yaourt de General Mills, le groupe reste attentif au « cumul » de risques, selon le PDG, avec l’enquête en Chine, où la consommation est en berne mais la production laitière nationale en hausse, ou la guerre en Ukraine, deuxième marché pour Lactel.

« Il faut faire attention à ne pas surréagir à court terme », a ajouté le directeur général des opérations Thierry Clément sur les droits de douane.

D’autant que le groupe compte poursuivre son expansion, avec la finalisation de l’acquisition de Cremora, racheté à Nestlé en Afrique du Sud prévue en 2025. Interrogé sur un intérêt potentiel pour des activités de Fonterra, coopérative laitière néo-zélandaise, évoqué par un média, le PDG n’a pas souhaité faire de commentaire.

Pour 2025, le coût des matières premières, et particulièrement du lait, va « repartir à la hausse », anticipe Emmanuel Besnier. Si le groupe ne donne pas de prévisions chiffrées, le PDG a pour objectif de revenir à un bénéfice net qui représente 2 % du chiffre d’affaires, niveau plus atteint depuis 2021 en raison de la crise inflationniste venue bouleverser « 20 ans de stagnation des prix dans l’alimentaire ».

Le bénéfice net 2024 a été plombé par le règlement en fin d’année de 475 millions d’euros au fisc français, contentieux pour lequel 300 millions d’euros avaient été provisionnés par la maison mère, BSA, dès 2023. Sur le plan pénal, une enquête du parquet national financier est toujours en cours.