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Le taux d’urée : un indicateur de santé du troupeau parfois oublié


TNC le 20/11/2024 à 09:49
Echantillon-lait

(© © TNC)

Moins regardé que les taux TB/TP ou les cellules, le taux d'urée dans le lait est pourtant un indicateur intéressant permettant d'ajuster la complémentation des vaches laitières.

« L’urée est un indicateur qu’on regarde systméatiquement pour le calcul des rations. » D’où vient-il ? Anthony Baslé, conseiller en élevage pour Eilyps nous explique : « La dégradation de la protéine ruminale libère de l’ammoniac qui va servir à la flore bactérienne. Mais en excès, cet ammoniac est libéré par le sang et se retrouve dans le foie qui l’évacue par l’urine, la salive et le lait. »

Entre 220 et 280 mg/l

Selon l’expertise du nutritionniste, la norme pour le taux d’urée dans le lait se situe entre 220 et 280 mg/l, « tout dépend ensuite du niveau de production recherché. On peut aller jusque 300 mg/l pour les fortes productrices ». À noter également : les résultats varient en fonction du stade de lactation. Il faut donc regarder son résultat de controle laitier par groupe d’animaux, puis plus finement à l’individu, car une forte variation d’un contrôle à un autre peut être un signe d’alerte.

Les troupeaux herbagers ont souvent un taux d’urée plus élevé que les autres.

« Le taux d’urée est un facteur qui varie très rapidement. Un problème climatique, un changement dans la ration et il peut monter en flèche. À la mise à l’herbe, on peut avoir des vaches à 450 mg/l. Il faut y veiller dans la durée car si une vache persiste avec un taux d’urée très haut, cela signifie un problème métabolique de disfonctionnement ruminal. »

Deux possibilités alors : un excès de protéines dans la ration, ou un manque d’énergie. « Il faut coupler ce résultat avec le TP car la solution n’est pas forcément de réduire l’azote, ça peut être d’apporter plus d’énergie pour aider la flore à mieux valoriser l’apport azoté. Chez Eilyps, on regarde aussi le profil en acides gras comme indicateur de fonctionnement du rumen. »

Quid d’une baisse du taux d’urée ? « Cela présente moins de risques sur la santé du troupeau. C’est juste un déficit d’azote dans la ration, ça se traduit souvent pas une production un peu moins importante. Ce n’est pas inquiétant sur les animaux où la recherche de production n’est pas l’objectif. »

L’urée : un critère de paiement du lait en Hollande

Chez nos voisins Hollandais, le taux d’urée dans le lait est surveillé de près, le gouvernement a même fixé un seuil de 210 mg/l à ne pas dépasser. « Ils ont un chargement très élevé et donc une pression azotée importante sur leurs sols », explique Anthony Baslé.

Et en effet, en épandant de fortes concentrations de déjections sur leurs terres, ils récoltent des fourrages très azotés, qui sont ensuite distribués aux animaux… C’est un cercle sans fin. Un taux d’urée élevé dans le lait est tout de suite perçu comme du gaspillage là-bas et les éleveurs peuvent être sanctionnés avec limitations sur le plan d’épandage, comme l’expliquait un éleveur laitier rencontré aux Pays-Bas.

Nous n’en sommes pas encore là en France, le taux d’urée n’est pas encore utilisé pour piloter la fertilisation azotée de l’exploitation, mais le raisonnement est intéressant. Et l’expert se veut rassurant : « Il faut surtout regarder cet indicateur pour ajuster la ration des vaches. »