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En élevage laitier

Les bases pour construire des vaches solides et productives


TNC le 07/03/2023 à 05:03
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« Faire du lait n'est pas qu'une question d'alimentation. Il faut d'abord construire des animaux efficaces et cela démarre dès le stade fœtal », explique Yann Martinot, directeur technique d'Elvup. (©TNC)

Si on veut augmenter la productivité de ses animaux (le lait par vache notamment), ce n’est pas qu’une question de concentrés, il faut que la capacité laitière suive. Cela passe par la sélection génétique certes, mais pas seulement ! Rappels sur quelques fondamentaux.

Le lait produit par vache augmente dans toutes les exploitations laitières. Une bonne chose selon Yann Martinot, directeur technique d’Elvup (organisme de conseil en élevage de Normandie) car comme il l’expliquait dans un précédent article « les charges augmentent plus vite que les produits. Pour éviter de se faire rattraper, il faut augmenter sa productivité par vache ».

Avec l’augmentation de production, les meilleures vaches passent toujours dans la moyenne du troupeau les années suivantes.

Si vous avez été nombreux à réagir à ce premier article « faire plus de lait par vache », en dénonçant notamment le système productiviste par l’alimentation (bien souvent trop coûteuse), le conseiller d’élevage tempère quand même : « Faire plus de lait n’est pas qu’une question de concentrés. Il faut de bons fourrages, mais aussi des animaux efficaces. » Et le premier facteur de production d’une vache laitière est : son confort !

Le confort est le premier facteur de production des vaches laitières. Vient ensuite, devant la ration elle-même, « la façon dont elles mangent », c’est-à-dire l’accès à l’auge entre autre. (©Elvup)

La production laitière passe d’abord par le confort des vaches

Pour résumer, confort = pas de cortisol (l’hormone libérée en cas de stress) et pas de blessures. « Le stress, ça peut être : le fait d’être isolée (une vache a besoin d’être en troupeau) ou encore la compétition à l’auge, mais aussi les infections. Une vache qui boite va sécréter de la cortisol qui va brider la production et la repro. »

La sélection génétique

« Acheter de la génétique, c’est acheter du progrès », martèle Yann Martinot. « Les index restent de solides références pour construire les animaux de demain. L’index lait est le plus important. Viser les fonctionnels, c’est une chose, mais il faut déjà que la vache produise. Et les grilles de paiement sont très favorables au volume. » C’est avec ce discours que l’expert conseille aux éleveurs de ne jamais choisir un taureau négatif en lait.

Aujourd’hui on fait de la génomie, demain on fera de « l’épigénomique » !

Mais acheter du potentiel est une chose, ensuite il faut construire de bonnes vaches pour l’atteindre. C’est là qu’intervient l’épigénétique, c’est l’expression des gènes, qui varie en fonction de l’environnement dans lequel évolue le troupeau. « Le potentiel s’exprime à 5 % par la génétique et 95 % par l’épigénétique. Et cela démarre dès le ventre de la mère lors de la construction du veau. »

Construire des animaux productifs et durables

Le lot des vaches taries et la conduite des veaux et génisses sont deux ateliers primordiaux pour l’avenir du troupeau ! « À titre d’exemple, le stress thermique : une vache qui prend un coup de chaud perd déjà du lait, mais son veau voit sa croissance et le développement de ses organes ralentir (phénomène prouvé par une étude scientifique, voir « Laporta et al. ») Cela aura un impact sur sa carrière laitière : il fera moins de lait et sera moins fertile. La perte en lait peut aller jusqu’à – 6 l sur les F1 et – 1,5 l sur les F2 (soit la fille de la génisse qui était dans le ventre de la mère impactée par un stress thermique). Ça va loin ! »

Les scientifiques l’ont prouvé : la mamelle et les intestins de la future vache, qui conditionne sa future production et son ingestion se développent dès le stade fœtal.

La construction des vaches démarre dès le stade fœtal du veau.

« Quand on élève nos génisses, on construit un moteur. On a certes la carrosserie, qui peut être superbe, mais si on a un moteur de solex dedans ça ne va pas aller loin. » Pour l’expert, il faut surtout construire des animaux performants (lait, taux, reproduction…) pour perdurer dans le temps.