Les épizooties vont amplifier la baisse de production de viande bovine en 2025
TNC le 29/01/2025 à 04:51
L’Idele s’attend à un repli de la production de viande bovine dans les mois qui viennent, notamment de femelles. Un repli accentué par le contexte sanitaire qui entraîne surmortalité et problèmes de fertilité.
L’Idele vient de livrer ses prévisions quant à la production de bovins finis en 2025. Quasi stable entre 2023 et 2024, elle connaîtrait cette année une baisse de 1,8 % et risque d’être particulièrement marquée pour les femelles, avec — 3,6 % d’une année à l’autre (à 730 000 téc), contre — 0,8 % entre 2023 et 2024. La cause majeure de cette dégringolade annoncée : la FCO et la MHE.
« Le contexte sanitaire complexe génère une surmortalité et des problèmes de fertilité, qui viennent apporter un coup supplémentaire à une production de viande déjà durablement affectée par la réduction des cheptels allaitants et laitiers, en cours depuis maintenant 8 ans », résume l’institut technique.
Les taux de mortalité des vaches « se sont renforcés tout au long de l’année » et, tandis que la décapitalisation bovine avait reculé sur les trois premiers trimestres de 2024, les épizooties ont accentué la baisse des cheptels de mères laitières et allaitantes à partir de l’automne. Face à des réformes dynamiques, les vêlages issus de génisses ont drastiquement baissé en octobre-novembre.
Il pourrait s’agir là de simples retards, mais « de nombreuses remontées terrain font état d’avortements et nous font craindre une atteinte plus durable des cheptels », alerte l’Idele.
Au 1er décembre 2024, le cheptel de vaches laitières était en recul de 2,1 % contre 1,6 % au 1er octobre, une accélération liée à cette baisse des vêlages de primipares à l’automne. L’Idele s’attend à ce que la décapitalisation s’atténue durant l’année pour atteindre — 1,1 % en décembre 2025, car « le contexte laitier porteur devrait encourager les éleveurs à conserver les femelles pour les remettre en production ». Il y a moins de génisses disponibles en ferme pour le renouvellement, et les abattages baisseraient de 8 % d’un an sur l’autre, à 768 000 têtes.
Le cheptel allaitant est plus affecté par le contexte sanitaire
Côté vaches allaitantes, le recul est passé de — 1,6 % au 1er octobre à — 2 % au 1er décembre. Le cheptel est « plus affecté encore par le contexte sanitaire, avec des mortalités de vaches en légère hausse » et une baisse de fertilité à la fois des génisses et des vaches, d’où « une contraction nette des naissances depuis début septembre ».
Et une décapitalisation allaitante qui risque en 2025 de continuer sur sa lancée de 2024, pour atteindre — 1,8 % en fin d’année. Les effectifs de génisses seraient « légèrement renforcés en ferme » et en partie dirigés vers l’engraissement, avec moins d’entrées en production de primipares. Les réformes allaitantes diminueraient à 656 000 têtes (- 3,6 %).
Parallèlement au recul des réformes allaitantes et laitières, l’Idele prévoit une hausse des abattages de génisses de l’ordre de 9 500 têtes (+ 1,9 %), en raison notamment de « la présence renforcée de génisses croisées lait viande ».
Du côté des mâles, la production de taurillons devrait rester stable en 2025 (+ 0,3 %). « Parce que malgré un disponible de mâles de moins en moins nombreux dans le sillage de la décapitalisation, les engraisseurs français les conservent de plus en plus sur le territoire national pour les y engraisser », indique l’agroéconomiste Eva Groshens.
Si bien que les exports de broutards, qui s’étaient atténués en 2024, connaîtraient une baisse inédite de plus de 8 % sur l’année. La production de veaux de boucherie devrait de son côté « mieux résister en 2025 (- 2 %) ».
La consommation française de viande bovine s’annonce en baisse, mais moins que la production, ce qui se traduira par une hausse des importations. Et les exports « devraient rester dynamiques compte tenu de la forte demande du marché européen en viande bovine, notamment sur la viande de jeune bovin ».