Les exportations françaises ont progressé de 128 % en 30 ans
TNC le 09/05/2019 à 06:09
Selon une étude de FranceAgriMer, les exportations françaises de produits laitiers ont doublé en valeur entre 1988 et 2018, passant de 3 à presque 7 milliards d'euros. Cette progression, liée à une importante revalorisation des prix à l'export, concerne surtout les pays tiers (+ 313 %) et deux familles de produits : l'ultra-frais (+ 215 %) et les fromages (+ 195 %). La rédaction de Web-agri dresse un panorama de cette évolution en quelques chiffres clés.
Évolution des exportations françaises de produits laitiers en 30 ans (source : FranceAgriMer d’après les données des Douanes)
En nette hausse
Les exportations françaises de produits laitiers ont fait un bond de + 128 % en valeur entre 1988 et 2018 (de 3,07 à 6,99 Mds€), malgré deux replis en 2009 et 2015/2016 liés aux crises laitières (baisse cumulée de la collecte et des prix). 2e producteur de lait de vache de l’Union européenne après l’Allemagne, la France est aussi l’un des principaux fabricants de produits laitiers (1er pour le lactosérum, 2e pour les yaourts et laits fermentés, les matières grasses solides, la crème, les fromages, la poudre de lait écrémé, les caséines et caséinates, 3e pour le lait liquide, la poudre grasse…). Or, la consommation française de produits laitiers stagne depuis plusieurs années, les volumes de lait supplémentaires collectés doivent donc être exportés, sous forme liquide ou transformée, ce qui explique en partie la hausse des exportations.
4 litres de lait produits en France sur 10 sont exportés. Notre pays est le 3e exportateur mondial de produits laitiers en valeur, derrière l’Allemagne et les Pays-Bas.
Surtout vers les pays tiers
Les exportations ont augmenté en valeur de + 77 % vers l’UE et de + 313 % vers les pays tiers (pour atteindre 2,7 Mds€ en 2018, soit 40 % des exports totaux de produits laitiers contre 21 % en 1988). Cette très nette progression du marché mondial s’explique, notamment, par la stagnation de la consommation européenne de produits laitiers, voire son repli dans certains pays. Le poids de notre pays dans le commerce intra-communautaire n’a cessé de décliner au cours des 30 dernières années, de 19,7 % en 1988 dans l’Union européenne à 12 États membres à 11,6 % en 2018 dans l’UE à 28. Mais il s’est renforcé vers les pays tiers (17 % en 2018). Le solde commercial de la France s’est amélioré de 152 % sur la période : + 1,9 Mds€ en 1988 à + 2,9 Mds€ en 2018.
Lire également : Les perspectives des marchés lait et viande de la Commission européenne
- L’embargo russe a fait chuter de 19 % les exportations françaises de produits laitiers au sein de l’UE.
- Le Brexit pourrait avoir des conséquences notables sur les exportations françaises de produits laitiers car le Royaume-Uni est le 3e client de la France, qui y a exporté 9 % de ses produits laitiers en 2018.
Ultra-frais et fromages
Au global, les exportations françaises ont progressé en valeur pour toutes les familles de produits laitiers, mais l’ultra-frais et les fromages enregistrent les croissances les plus importantes :
- ultra-frais : + 215 % (yaourts et laits fermentés surtout, puis crème, exportés principalement vers l’Union européenne)
- fromages : + 195 % (vers le marché intra-UE essentiellement)
- produits secs : + 134 % (forte progression de la poudre de lait écrémé et infantile)
- matières grasses solides : + 31 % (les marchés mondiaux et européens s’équilibrent)
Vers les pays tiers, les exportations se sont principalement accrues pour les produits secs (+ 516 %, lactosérum essentiellement, puis poudre grasse, maigre et infantile), puis pour le beurre (+ 350 %) et l’ultra-frais (+ 288 %). Les produits secs constituent d’ailleurs la majeur partie des exports vers cette destination.
Le marché asiatique en plein essor: L’Asie est le premier débouché des fromages français, l’Amérique étant à la 2e place. Le marché asiatique prend aussi de l’importance pour l’ultra-frais, les produits secs (+ 907 %, l’Afrique étant le second client de la France pour cette catégorie) et les matières grasses solides. Ce qui en fait depuis 1995 la première destination pour les exportations françaises de produits laitiers.
Ainsi, les fromages représentent 44,2 % des produits laitiers français exportés en 2018 (3,1 Mds€, dont 17 % pour les pâtes molles), cette proportion ayant peu évolué en 30 ans (comme celle des produits secs, la part de l’ultra-frais s’étant consolidée et celle des matières grasses solides s’étant érodée).
En volume cependant, les produits ultra-frais et les matières grasses solides se replient légèrement depuis 2010 et les fromages marquent le pas depuis 2012.
Retrouvez l’analyse de l’Institut de l’élevage : Filière laitière − Production, consommation, commerce : les trois tendances à suivre
Des prix en forte augmentation
Par conséquent, si les exportations françaises se sont accrues en valeur, c’est surtout parce que les prix des produits laitiers ont fortement grimpé en 30 ans : + 130 % pour les matières grasses solides et + 70 % pour l’ultra-frais.
En outre, davantage de produits à forte valeur ajoutée sont exportés depuis une petite dizaine d’années. La flambée des cours du beurre depuis 2015/2016 compense le recul des volumes de matières grasses solides exportés mais l’embellie des prix de l’ultra-frais n’a eu aucun effet. Quant aux fromages, le prix des pâtes persillées (bleus) − les plus chères − reste stable et celui du fromage frais, en tête des exportations il y a 30 ans, a baissé de 12 %. Dans le domaine des produits secs, la caséine est la matière première la plus onéreuse à l’export, devant la poudre de lait infantile. L’augmentation de prix la plus importante (+ 130 %) concerne le lactosérum, puis la caséine (+ 69 %).
Et demain ?
FranceAgriMer prévoit :
- une tendance au ralentissement des exportations françaises de produits laitiers « car les industriels investissent dans des usines à l’étranger pour produire sur place », constate l’organisme. En volume, la France a déjà été rétrogradée de la 2e à la 3e place des pays exportateurs au sein de l’Union européenne par rapport à 2013 et, si elle reste au 2e rang vers les pays tiers après les Pays-Bas, sa part de marché a baissé de 0,7 % alors que celle des États membres placés au-dessus et juste en dessous d’elle a progressé.
- « mais de meilleures perspectives pour la filière laitière avec, cependant, un marché mondial du lait très volatile, donc difficilement prévisible » :
– une collecte en recul à l’international, en Océanie, en Argentine, dans l’UE et dans une moindre mesure aux États-Unis,
– des stocks d’intervention de poudre de lait écrémé résorbés et des cours qui s’apprécient en Europe,
– un prix du beurre compétitif sur le marché mondial (élevé mais sous le cours mondial)
- Toutefois, le repli de la collecte laitière, consécutif à la fin des quotas laitiers et à l’instauration de contrats entre producteurs et laiteries (qui freinent les possibilités d’augmentation de la production), pourrait entamer les capacités exportatrices de notre pays. « Pour compenser le repli des volumes, et aller chercher de nouveaux marchés, il faudrait poursuivre la montée en gamme des produits exportés », conclut l’étude de FranceAgriMer.