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SCEA Tuloup (35)

Les logettes sur sable, une alternative tout confort


TNC le 26/03/2021 à 12:07
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Pour assurer un confort de couchage aux vaches laitières tout en maîtrisant les exigences sanitaires, le coût et le temps de travail, les associés de la SCEA Tuloup, à Landujan (Ille-et-Vilaine), ont misé sur des logettes sur sable. Ils livrent leur retour d'expérience après presque 5 ans d'utilisation.

Même s’il savait qu’il s’installerait, Baptiste Tuloup ne pensait pas le faire dès 21 ans, en 2016. « Un voisin, avec qui mon père travaillait en entraide m’a proposé de reprendre son exploitation car il partait en retraite. Trouver une ferme à côté de la nôtre dans un secteur où la concurrence sur les terres est rude, c’était une opportunité à saisir. » Avec le lait repris, le jeune éleveur et son père passent à une production de 960 000 litres.

Et elle est aujourd’hui de 1 150 000 litres. « L’année de mon installation, on logeait 95 vaches dans une stabulation pour 60 », se souvient le jeune éleveur. Manque de places, bâtiment difficile à agrandir à cause de la pente, salle de traite en bout de course, la construction d’une nouvelle stabulation de 134 places s’est imposée.

Pour faire du lait, une vache doit passer du temps couchée !

Pendant ses études, Baptiste Tuloup avait travaillé sur une simulation d’installation avec une construction de bâtiment. « Sans le savoir, ça ressemblait beaucoup à ce qui s’est passé, s’amuse-t-il. Pour faire du lait, une vache doit passer du temps couchée. Pour ce travail, je m’étais beaucoup documenté sur les différentes solutions, pour comparer prix et confort. Ça nous a guidé dans notre choix. »

Pour un bâtiment de plus de 100 vaches, une aire paillée aurait demandé trop de surfaces. Le choix des éleveurs se porte sur des logettes. « Les tapis et les matelas coûtent cher et ne durent pas longtemps. La paille demande beaucoup de travail ». Les logettes sur sable leur semblent la bonne solution. Comme il n’y a du béton qu’à l’avant et sur l’arrêtoir, le coût est maîtrisé. Le sable permet un couchage confortable. Inerte, sans matière organique, il est intéressant au niveau sanitaire. La solution est adoptée.

Comme le sable se déplace avec les mouvements de la vache, elle est incitée à bien se coucher à l’intérieur grâce à la forme en cuvette. Pas de vache qui dépasse dans le couloir. (©TNC)

Un coût maitrisé à 4 600 €/place

Les travaux ont lieu en 2016, en pleine crise du lait. Un mal pour un bien. « Les artisans avaient peu de chantier, donc on a pu négocier les prix et faire les travaux avec des délais raisonnables », souligne Baptiste Tuloup. Pour encore plus contenir les coûts, les éleveurs ont réalisé le bardage, la plomberie et la pose des logettes. La stabulation leur est revenue à 4 600 € la place y compris les 2 robots de traite GEA.

Les logettes sont creuses, jusque 10 cm sous le niveau du couloir. Le sable, posé directement sur la terre, s’accumule au fur et à mesure. « Cela fait une couche d’une vingtaine de centimètres de sable, qui assure un grand confort de couchage », présente Baptiste Tuloup. Le sable d’un diamètre de 0,2 mm est fin sans être abrasif. Tous les mois, 15 tonnes sont rajoutées dans les logettes, pour remplacer celui qui est enlevé au nettoyage biquotidien des déjections. Les éleveurs se font livrer tous les deux mois pour un coût de 24 €/tonne. Au bout de 3 semaines, ils passent un outil à dents pour ameublir le sable. La semaine suivante, ils font l’appoint. « Il y a moins de travail qu’avec de la paille car on remplit moins souvent, estime Baptiste Tuloup. Mais il faut un godet spécifique. »

C’est avec ce godet que l’éleveur rajoute du sable dans les logettes chaque mois. (©TNC)

Le confort de couchage est bénéfique à la santé des pattes. « Nous n’avons aucun problème de gros jarret ou de tarsite », apprécie le jeune éleveur. Même sans faute pour la santé de la mamelle : comme le sable est un matériau inerte, il n’y a pas d’échauffement, pas de nid à microbes. Ce qui permet à la SCEA Tuloup d’afficher un taux de cellules à 100 000.

Adapter la gestion des effluents avec le sable

Mais, parce qu’il faut toujours un mais, l’intérêt du sable diminue quand on regarde au-delà des logettes. Malgré le nettoyage des mamelles effectué par le robot, du sable se retrouve dans le tank. « Cela n’entraîne pas de pénalité, car le sable est inerte et ne dégrade pas la qualité du lait, explique Baptiste Tuloup. Mais il faut nettoyer régulièrement le dépôt en sortie de tank. »

Du sable dans le tank et dans le système d’évacuation du lisier.

Du sable est aussi évacué par le racleur, vers la fosse à lisier. « À force, ça a tendance à boucher le canal d’évacuation, constate l’éleveur. On a déjà augmenté les sections des tuyaux. À refaire, on aurait mis la préfosse en bout de bâtiment plutôt que de vouloir réutiliser la fosse existante ». Le sable sédimente dans cette préfosse, qui doit être vidée à la pelleteuse. Il est ensuite épandu aux champs. « Ça apporte de la magnésie et du calcium, mais ça fait du boulot en plus, estime Baptiste Tuloup, qui, pour autant, ne regrette pas son choix. Cette contrainte n’est rien face à tout l’intérêt pour le troupeau. »