Cultures fourragères

Les méteils : pour qui ? pour quoi ?


Alimentation et fourrages le 05/04/2018 à 06:00
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Les méteils (mélanges de céréales et de légumineuses) permettent aux éleveurs de sécuriser leur système fourrager. Ils doivent être rentables par leur productivité et leur intégration dans la rotation et le travail à la ferme. Leur culture permet d'approcher d'encore un peu plus près l'objectif de tous : être autonome.

Considérés comme fourrages complémentaires, les méteils se développent dans de nombreuses exploitations d’élevage et plus largement chez certains céréaliers. Ces mélangent de céréales et de protéagineux se cultivent principalement en intercultures et s’intègrent de plus en plus dans l’assolement des agriculteurs. Lors des Journées de printemps de l’AFPF (Association française pour la production fourragère), plusieurs intervenants ont montré l’intérêt de ces méteils.

Dans le cadre du projet Oasys, la plateforme expérimentale Inra de Lusignan (86) teste un système bovin laitier économe en eau et en énergie fossile. Les objectifs : anticiper le changement climatique et tirer le meilleur parti des ressources naturelles tout en respectant l’environnement. La priorité est donc donnée au pâturage avec une diminution des intrants et la mise en place de cultures à double fin. Pour accompagner ce changement, la stratégie d’élevage est adaptée : les vaches sont croisées en 3 voies ( Holstein, Rouge scandinave et Jersiaise), les lactations sont rallongées et les vêlages sont répartis en deux phases : printemps et automne.

Selon les chercheurs, le pâturage est la pratique la plus économe en eau et en énergie fossile. De ce fait, en plus des prairies classiques, des cultures fourragères annuelles sont implantées pour pouvoir être pâturées aux périodes délicates de l’été (chicorée, radis, navet, graminées estivales…) ou de l’hiver (méteil, betterave, colza…). Ils explorent aussi de nouvelles pistes comme les arbres et arbustes comme ressources pâturables complémentaires.

La composition du mélange doit varier selon l’objectif de l’éleveur : le méteil est-il cultivé par sécurité ou par nécessité absolue ? À quels animaux ce fourrage va-t-il profiter ? Ainsi, la composition et le stade de récolte conditionneront la valeur alimentaire et le rendement du méteil ; un ensilage tôt favorisera la qualité au détriment de la quantité par exemple.

Geoffroy Le Tallec, responsable des ventes chez Sem Partners, dressait lors du séminaire dédié aux fourrages complémentaires la liste des espèces :

Espèce

Avantages

Limites

Céréales

Triticale

Passe-partout, bonne productivité, rusticité, effet tuteur, pouvoir couvrant, valeur énergétique élevée, production de paille

Barbes, comportement qui varie selon les variétés

Avoine

Couverture du sol rapide, concurrence avec les adventices, se comporte bien en zone humide, plus riche en protéines que le triticale

Agressive donc à mettre en faible quantité, faible productivité, sensible aux maladies

Seigle

Bon développement végétatif, résistance au froid, exploitation possible en pâture de printemps

Sensible à la verse, valeurs alimentaires qui chutent après le stade laiteux-pâteux

Épeautre

Adapté à tous les milieux, teneur en cellulose qui diminue les risques d’acidose, rustique, bon développement végétatif

Verse, cycle végétatif long (récolte plus tardive)

Blé

Rendement en grain, teneur en MAT

Manque de rusticité, production de paille

Légumineuses

Pois fourrager

Fort développement, s’adapte aux conditions, bonnes valeurs alimentaires

Verse (besoin d’un tuteur comme le triticale), sensible au gel

Vesce

Riche en MAT, développement important, faible PMG

Cycle plus long par rapport aux autres légumineuses

Féverole

Effet tuteur, bonne MAT

Sensible au gel (ne pas implanter tôt), fort PMG

Michel Moquet, ingénieur régional Arvalis, l’affirme : « les dérobés et méteils ont un effet agronomique positif sur le sol. » En effet, les mélanges permettent de piéger l’azote, d’améliorer la structure du sol et de maîtriser le salissement des parcelles. Un ray-grass cultivé en interculture permet par exemple, grâce à son chevelu racinaire, de limiter la battance et le ruissellement.

Si le couvert est enfoui, il aura un impact positif sur la fertilisation azotée de la culture suivante (effet plus ou moins important selon le type de couvert et la date d’enfouissement). S’il est exporté, cet effet devient nul. Par contre, des carences peuvent apparaître en potasse. Les exportations devront alors être compensées.

On le sait, les méteils sont une bonne option pour sécuriser le stock de fourrage et acquérir de l’autonomie. Cela se confirme dans le contexte actuel avec une instabilité des coûts d’aliments et un prix du lait qui ne remonte pas, ou trop peu.

Cependant, la mise en place parfois coûteuse doit absolument être rentable. Cette rentabilité se traduit par les valeurs alimentaires du fourrage, son rendement et ses conséquences sur le sol et sur la culture suivante. La coopérative Agrial le confirme dans une étude : « Cultiver un dérobé avant maïs coûte cher. Et pour que celui-ci soit rentable, il doit produire 4 tonnes de MS de plus qu’un maïs conduit seul. » Sa culture ne doit pas non plus impacter la productivité du maïs : un mélange récolté tard peut par exemple pénaliser le rendement du maïs qui suivra.

Le méteil doit aussi être de bonne qualité afin de pouvoir réduire la part de concentrés dans la ration sans perdre de production laitière. Toujours d’après Agrial, pour obtenir le meilleur compromis entre rendement et valeur alimentaire, il faudrait 65 à 80 % de légumineuses à la récolte du méteil.